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Georg Friedrich HAENDEL (1685-1759)
ROMA, ANNO 1707
Ah ! crudel nel pianto moi, HWV 78
Notte placida e chetta, HWV 142
Qual ti riveggio, HWV 150
Bonus : Mozart, Exultate jubilate KV 165
Nura Rial, soprano
La Risonanza
Fabio Bonizzoni
1 CD ORF Edition, CD 3001
Cru moyen
Rome 1707 : la Ville Eternelle rentre dans ses dernières grandes années. Le Pape Clément XI préside urbi et orbi
; il a les épaules assez solides pour en imposer, même,
à Louis XIV. D'autres impriment leur marque à la
cité : ce sont les Ruspoli, les Ottoboni… Et
déjà la ville devient, à grande échelle, le
point de chute des voyageurs : aujourd'hui on parle de voyages
organisés ; à l'époque il s'agissait du "Grand
Tour".
L'un de ces voyageurs s'appelle alors Haendel.
Et justement, ses patrons sont les cardinaux Ruspoli et Ottoboni.
Déjà, il est de l'Academia dell'Arcadia. A Rome, il
invente son style ; il le teste, d'abord, saupoudré en "petites"
cantates qui sont autant d'opéras en modèle
réduit… qu'il reprendra, d'ailleurs, à l'occasion
– l'aria "Se la morte non vorrà", plage 18,
reparaîtra ainsi dans Agrippina.
Nous avons trois de ces cantates ici, pour lesquelles Bonizzoni et sa Risonanza
ont choisi la voie – la voix ? – chambriste. Et cette
option explose ici – même si c'est en creux –
dès la "Sonata" de la cantate HWV 78, avec ses hautbois juteux
et son violon "corellien".
Premier problème dès cet ensemble et qui tient à une donnée technique : la prise de son – live
– est vraiment sèche, crue, accentuant tout ce que les
instruments peuvent avoir de déplaisant et le concert gomme, ou
pour le moins estompe. Le violon, justement, de la "Sonata" plage 1
soufre indubitablement du caractère inquisiteur du micro.
Le deuxième problème – désolé pour elle – c'est Nura Rial.
Qui chante fort bien, du reste – très beau "Zeffiretti",
plage 8 – mais qui semble confusément être
passée à côté de quelque chose. En clair,
c'est un peu ennuyeux et c'est bien dommage, d'autant que le timbre,
plutôt charnu, d'une belle plasticité, ne laisse pas
indifférent. Un exemple : "Empio mare", plage 16, où la
voix est si bien aidée par Haendel, ne décollé
jamais vraiment.
Ce n'est peut-être pas, tout simplement, le monde qui convient
à la chanteuse ; ce monde d'affects changeants, d'apprêts
savants à la théâtralité brûlante
comme les fresques bariolées des derniers baroques. Et cela se
vérifie avec la prise, en bonus, de l'Exultate
mozartien, étranger au programme initial : autre temps, autres
mœurs. Là où le cahier des charges diffère,
la voix s'envole, éclot, adamantine et vif-argent,
tourbillonnante dans l'allegro initial et émue dans la section
lente.
Faux départ !
Benoît BERGER
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