Joseph HAYDN
Die Schöpfung
(La Création)
Dorothea Röschmann, Gabriel,
Eva
Michael Schade, Uriel
Christian Gerhaher, Raphaël,
Adam
Concentus Musicus Wien
Nikolaus Harnoncourt
Enregistré en mars 2003
à Vienne
Durée totale : 1'46"
2 CD Deutsche Harmonia Mundi
82876583002
"Vingt fois sur le métier remettez
votre ouvrage". Parallèlement à son exploration du répertoire
allemand des XIXème et XXème siècles, Nikolaus Harnoncourt
revient inlassablement à certaines oeuvres antérieures telles
que la
Matthäus-Passion, Don Giovanni, ou encore
Die Schöpfung
dont il nous livre ici sa deuxième version, enregistrée à
Vienne en mars dernier à l'occasion du cinquantenaire du Concentus
Musicus Wien.
Si le résultat est toujours aussi saisissant, force est de constater
que la fréquentation de Beethoven, Schmidt ou Bruckner lui permet
d'inscrire l'oratorio de Haydn dans une continuité dont Händel
et Mendelssohn sont les extrémités. L'oeuvre révèle
ainsi à la fois ses réminiscences baroquisantes (notamment
par le recours à des chanteurs rompus à ce répertoire)
et évoque déjà la grandeur romantique. A l'écoute
de cet enregistrement, le bonheur est constant. Le principal mérite
d'Harnoncourt réside dans le fait qu'il ne nous fait pas le récit
de la Création, mais nous la fait vivre. Chaque épisode de
la Genèse prend sens et se réalise tant musicalement que
dramatiquement. Ecoutez pour cela l'accompagnato d'Uriel "In vollem Glanze"
ou l'air de Gabriel "Auf starkem Fittiche" qui donnent littéralement
à voir cette nature foisonnante. Ecoutez la tendresse du "Mit Würd'und
Hoheit angetan" d'Uriel et l'humanisme qu'il prodigue !
La direction, toujours précise - sèche dans le Chaos initial,
lumineuse ensuite - sait parfaitement varier les atmosphères et
multiplier les affects, même si l'on peut regretter une certaine
monotonie dans la dynamique générale et dans l'enchaînement
des récitatifs et des airs. Les solistes sont pour beaucoup dans
cette réussite, à commencer par Dorothea Röschmann dont
la voix riche et charnue contraste avec ses prédécesseurs
au timbre plus clair et cristallin. Ce n'est pas par hasard si elle est
plus à l'aise en Eva, même si Gabriel nous la montre bouleversante
d'humanité. Michael Schade évoque dans ses récitatifs
les Evangélistes des Passions de Bach et assure vaillamment sa partie,
alors que Christian Gerhaher met la jeunesse et la rondeur de son timbre
au service du double rôle de Raphaël et Adam. Sans renier les
grandes versions de La Création, on reviendra désormais
régulièrement à celle-ci.
Sévag TACHDJIAN
Commander ce CD sur Amazon.fr
Haydn%20-%20La%20CrČation%20(Die%20Sch–pfung)<" target="_blank">