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Gundula Janowitz
The golden voice
CD I
Mozart
Ah lo prevedi
A questo seno deh vieni
Alma grande e nobil core
Betracht dies Herz und frage mich
Vado, ma dove ?
Bella mia fiamma
Misero dove son
Wiener Symphoniker, Wilfried Böttcher
Juin 1966
Idomeneo – Padre, germani, addio
Cosi fan tutte – Per pietà
Wiener Symphoniker, John Pritchard
Mai 1970
CD II
Telemann – Ino
Kammerorchester der Hamburger, Wilfried Boettcher
Avril 1965
Handel – Der Messias (airs)
Bach – Weihnachtsoratorium (airs)
Münchener Bach-Orchester, Karl Richter
Juin 1964, 1965
CD III
Beethoven – Musique de scène pour Egmont (ext.)
Berliner Philharmoniker, Herbert von Karajan
Janvier 1969
Messe en ut majeur op.86
Münchener Bach-Orchester, Karl Richter
Août 1969
Brahms
Ein deutsches Requiem – Ihr habt nun Traurigkeit
Berliner Philharmoniker, Herbert von Karajan
Mai 1964
CD IV
Weber
Der Freischütz – Wie nahte mir der Schlummer
Und ob ie Wolke sie verhülle
Oberon – Ozean, du Ungeheuer
Trauer, mein Herz
Wagner
Tannhäuser – Dich, teure Halle
Allmächt'ge Jungfrau
Lohengrin – Einsam in trüben Tagen
Euch, Lüften, die mein Klagen
Rienzi – Gerechter Gott
Orchester der Deutschen Oper Berlin, Ferdinand Leitner
Avril 1967
Parsifal – Komm, komm, holder Knabe
Orchester der Bayreuther Festspiele 1962, Hans Knappertsbuch
Août 1962
Lortzing
Der Waffenschmied – Er schläft
Wir armen, armen Mädchen
Radio-Symphonie-Orchester Berlin, Christoph Stepp
December 1963
J.Strauss
Die Fledermaus – Czardas
Wiener Philharmoniker, Karl Böhm
Novembre 1971
CD V
R.Strauss
Capriccio – Schlussszene
Bayerischen Rundfunks, Karl Böhm
Avril 1971
Vier letzte Lieder
Royal Concertgebouw Orchestra, Bernard Haitink
Juin 1968
Orff – Carmina burana (ext.)
Orchester der Deutschen Oper Berlin, Eugen Jochum
Octobre 1967
Mozart – Le Nozze di Figaro (airs)
Orchester der Deutschen Oper Berlin, Karl Böhm
Mars 1968
Durée totale : env. 5h30
5 CD DG Original Masters 00289 477 5832
Ode à la Lune
Lunaire. C'est l'adjectif auquel on pense le plus souvent à
l'écoute de ce coffret. Lunaire en effet le timbre de Gundula
Janowitz, d'une beauté argentée et lisse, d'une
perfection marmoréenne, qui irradie plutôt qu'il ne
rayonne. Lunaires également ses interprétations, toutes
baignées d'une atmosphère d'onirisme mélancolique,
plus rêvées que vécues, plus sublimées que
ressenties.
Phonogénique, la voix de Gundula Janowitz le fut comme celles de
peu de chanteuses depuis l'apparition du disque et c'est ce qui
explique l'incroyable héritage qu'elle a laissé,
notamment chez DG. Puisant dans ses vastes fonds, l'éditeur
allemand lui consacre un hommage assez déroutant, qui va du
très connu (Noces de Böhm, Requiem allemand
de Karajan...) et du moins connu (airs de concert de Mozart, airs
d'opéras romantiques allemands...) aux raretés et autres
inédits (Ino de Telemann, deux airs de Mozart, Messe en ut de Beethoven, Quatre derniers lieder de Haitink).
Déroutant, ce coffret ne l'est pas tant par son programme
– même si l'on aurait préféré, pour
une collection à géométrie variable, une plus
grande exhaustivité dans le choix – que par l'impression
d'ensemble qu'il laisse. Peut-on encore apprécier l'art d'une
musicienne qui fut, même durant sa carrière, une
exception ? Son chant nous touche-t-il encore pour ce qu'il est ou
pour le souvenir de ce qu'il a été ? On se dit que cette
conception éminemment hédoniste du chant nous est par
moment étranger, pourtant elle continue de fasciner. Et pas
seulement par goût pour le rétro ou le kitsch (à
l'instar des coiffures et des maquillages d'un autre temps que la
cantatrice arbore dans les photos illustrant le livret) : à
écouter les incursions dans le répertoire baroque, on
constate combien le style de ses collègues a vieilli (Richter
d'une infinie lenteur, Höffgen teutonne de style et matrone de
timbre dans le Messie...) et
combien le chant de Janowitz, lui, garde quelque chose d'intemporel et
d'hypnotique, malgré l'inadéquation pour certaines pages (Ino
notamment). Le traitement purement instrumental de la voix lui permet
d'atteindre une ivresse sonore que seule une Stich-Randall peut
s'enorgueillir d'avoir égalée.
Pourtant, rarement aussi, chanteuse dépassa à ce point
ses moyens vocaux, osant Agathe, Elisabeth de Valois,
l'Impératrice et s'aventurant là où les sopranos
dramatiques vont prudemment : Fidelio,
Odabella ou encore Sieglinde... Et c'est peut-être dans ces
moments où l'interprète doit faire appel à autre
chose que ses moyens naturels qu'elle s'accomplit réellement.
Écoutez la grande scène de Rezia "Ozean" et surtout celle
d'Adriano dans Rienzi : le
souci de la ligne vocale laisse la place au texte qui s'incarne enfin
dans les récitatifs, à la voix qui trouve des couleurs
inattendues dans les cantilènes.
Ce qui n'a pas pris une ride, en revanche, et qui continue à
faire merveille, c'est la musicalité sans faille et la
grâce de ses interprétations. Mozartienne et straussienne
absolue, Gundula Janowitz l'est assurément encore aujourd'hui.
Pour s'en rappeler, on s'enivrera des deux airs inédits d'Idomeneo et Cosi enregistrés en 1970 sous la direction de Pritchard et les Quatre derniers lieder dirigés par Haitink qui, bien que live, n'ont rien à envier à la gravure studio de Karajan. Du Capriccio
de Böhm enfin, on retrouve avec bonheur la vaste scène
finale qui s'ouvre sur une musique de clair de lune dans laquelle la
soprano s'épanouit idéalement. Aussi exquis soit-il, ce
nectar ne saura donc éternellement satisfaire les mortels que
nous sommes – mais on y goûtera encore pendant longtemps,
c'est certain.
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