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Simon KEENLYSIDE
TALES OF OPERA
Rossini – Il barbiere di Siviglia : Largo al factotum della città
Rossini – Guillaume Tell : Sois immobile
Massenet – Hérodiade : Vision fugitive
Verdi – Don Carlo : Per me giuntò è il di supreme… Io morro
Verdi – Un ballo in maschera : Alzati… Eri tu
Verdi – La Traviata : Di Provenza il mar, il sol
Thomas – Hamlet : O vin, dissipe la tristesse
Bellini – I puritani : Ah, per sempre io ti perdei
Mozart – Die Zauberflöte : Ein Mädchen oder Weibchen
Leoncavallo – I Pagliacci : Si può, si può ?
Cilea – L’arlesiana : Come due tizzi accessi
Tchaikovsky – La dame de pique : Vi tak pichal’ny… Ja vas ljublju
Mozart – Don Giovanni : Deh vieni alla finestra
Mozart – Zaïde : Nur mutig, mein Herz, versuche dein Glück
Wagner – Tannhäuser : Oh, du mein holder Abendstern
Münschner Rundfunkorchester
Direction : Ulf Schirmer
Enregistré du 29 mai au 2 juin 2006,
Bayerischer Rundkunk, Munich
CD Sony 82876884822 (2006) – 71’
LES CONTES DE SIMON
Dans la notice d’accompagnement de son dernier CD – et
premier du genre -, Simon Keenlyside décrit sa motivation
essentielle pour s’engager dans une telle opération :
témoigner, en un moment donné, du plaisir pris à
chanter tel ou tel rôle déjà assumé sur
scène ou tester quelque prise de rôle ultérieure.
En aucun cas, dit-il, graver « pour
l’histoire » avec l’ambition
déraisonnable de s’inscrire dans la lignée des
Robert Merrill, Tita Ruffo et autres. Et pourtant…
Avec un programme impressionnant de plus d’une heure dix (tous
les standards, depuis le Barbier jusqu’à la mort de Posa
en passant par Don Giovanni ou Papageno !), le baryton anglais
fait une démonstration impressionnante de maîtrise
technique, d’intelligence et de finesse. J’ai rarement
entendu un disque aussi juste où tout semble subtil,
pensé, enrichi des interprétations accumulées
depuis des années sur les scènes internationales, sans
jamais perdre en spontanéité.
Le répertoire français, d’abord. On connaissait
Hamlet, on découvre Hérodiade – magique ! - et
Guillaume Tell dans lesquels la prononciation est parfaite, comme
l’incarnation des rôles. Dans Verdi, Keenlyside ne choisit
pas Iago, ni Luna mais se promène dans Germont, Posa ou
même Renato. Ces rôles lui vont particulièrement
bien : le velours de sa voix est mis en valeur, comme ses aigus.
La scène de Don Carlo conclue
par la mort de Posa est un très grand moment de chant : la
ligne vocale est admirablement conduite, les articulations
soignées. Pour rester dans le répertoire italien, les
airs tirés du Barbier ou des Puritains
convainquent franchement moins que le reste, tout en étant
d’excellente tenue, avec les sol naturels qu’il faut pour
l’air de Figaro. La voix est déjà trop lourde.
Ajoutons, pour continuer à pinailler, que le baryton
britannique, dont l’italien est fort clair, gagnerait à
rectifier quelques légères erreurs de prononciation (1).
Keenlyside se promène ensuite dans le magistral prologue de
Paillasse, qui ne lui pose aucune espèce de difficultés.
La démonstration continue avec un Papageno truculent et jamais
brutal et avec l’air moins connu de l’Arlésienne. La
sérénade de Don Giovanni est de belle tenue –
avouerais-je que j’attendais les deux strophes plus
contrastées. Dans la dame de Pique,
on devine le merveilleux Oneguine. Dans « l’invocation
à la lune », c’est avec du velours
merveilleusement legato que
l’on conclut ce CD fascinant de maturité, à
l’instar d’une carrière conduite avec sagesse et
ambition.
Chapeau.
Jean-Philippe THIELLAY
Note
(1) Sur les diphtongues en particulier (voyez dans Traviata : « al natio fulgente suol »)
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