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TOM KRAUSE
The Heroic Baritone
Mozart – Don Giovanni – “Fin ch’han dal vino” (Don Giovanni)
Mozart – Don Giovanni – “Deh ! Vieni alla finestra” (Don Giovanni)
Rossini – Guillaume Tell – “Sois immobile” (Guillaume)
Leoncavallo – La Bohème – “Scuoti, o vento” (Rodolfo)
Giordano – Andrea Chénier – “Nemico della patria” (Gérard)
Borodin – Prince Igor – “Ni sna, ni otdikha izmuchennoi dushe” (Igor)
Wagner – Tannhäuser – “O du, mein holder Abendstern” (Wolfram)
Wagner – Der fliegende Holländer – “Die Frist ist um” (Holländer)
Tom Krause, baryton
Wiener Opernorchester
Direction Argo Quadri
Enregistré en mai 1967, à Vienne (Sofiensaal)
1 CD DECCA 2005 - 475 6814 41'42"
Un baryton vraiment héroïque
Dans sa collection « Classic recitals », Decca a
réédité, en 2005, un programme de huit titres
enregistré en 1967 par le baryton finlandais Tom Krause et
intitulé « Le baryton
héroïque ». Dans sa carrière, qui
s’étend de 1958 (débuts à Berlin) à
la fin des années 1990, Tom Krause a abordé un nombre
très élevé de rôles, sans compter un legs
important au lied et dans la musique sacrée.
Ce dépaysant CD (la pochette d’origine reproduite
dans cette collection donne un côté suranné
délicieux !) offre, en seulement huit pistes et quatre langues,
un large panorama des possibilités de Krause, alors
âgé de 34 ans, de Mozart à Wagner, en passant par
le Rossini de Guillaume Tell, Andrea Chénier et Borodine.
Nul sentiment d’artificialité toutefois dans ce programme
qu’unit ce timbre si reconnaissable, métallique sans
être jamais nasal, et pour tout dire extrêmement viril. La
face A du vinyle était consacrée à des airs
italiens ; elle est reprise sur les cinq premières plages
du CD.
Dès le début, l’air du champagne de Don Giovanni pris sur un tempo
ébouriffant donne le ton, celui d’un seigneur plein
d’autorité, ce qui n’exclut pas au demeurant
que la ligne de chant soit soignée, piani à
l’appui, dans la sérénade qui suit. On
relève ici ou là quelques petits problèmes de
prononciation, mais c’est vraiment pour pinailler. Guillaume Tell
prend ensuite, en français, la juste couleur, celle d’un
père de famille aux larges épaules, qui a vécu en
somme.
Dans Andrea Chénier, le
baryton finlandais réussit sans problème à passer
outre une certaine lacune d’italianité - qui, par exemple,
handicape par ailleurs son Malatesta (chez Decca, avec Kertesz) - ,
pour emporter pleinement l’adhésion. Dans l’air de La Bohème de Leoncavallo aux accents très pucciniens, Krause trouve des ressources dramatiques qui font mouche.
La face B est consacrée à des airs russes et allemands et
Krause s’y montre encore plus convaincant. D’abord dans
l’air du Prince Igor, ensuite dans la Prière de Wolfram de
Tannhäuser, grâce à sa longueur de souffle et à son legato. Dans le Hollandais,
Krause synthétise en quelque sorte les qualités
exposées précédemment : si les moments
héroïques prédominent et s’il s’y
exprime sans aucune faiblesse, Krause y démontre aussi sa
profonde douleur intérieure et y est poignant.
Aujourd’hui enseignant aux quatre coins du monde et membre de
jury dans des concours de chant, Tom Krause est un des très
grands barytons du XXème siècle, qui a porté haut
les couleurs du chant finlandais, dans la lignée de chanteuses
comme Aïno Ackté (1876-1944) et Aulikki Rautavaara.
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