Le Petit
Duc
Charles LECOCQ
Blanche de Parthenay : Eliane Thibault
Diane de Château-Lansac : Denise Benoit
Le duc Raoul de Parthenay : André Jobin
Montlandry : Claude Cales
Frimousse : Jean Giraudeau
Direction : André Grassi
2 CD Accord
collection "Opérette en fête" 472 874-2
(mars 2003)
La firme Universal continue allégrement la réédition
des opérettes de la marque Accord, en série économique
"Opérette en fête". Après les
Mascottes, Phi-Phi,
Véronique et autres
Ignace, voici venu le tour de ce
Petit
Duc de Charles Lecocq dont
La Fille de madame Angot a déjà
connu les honneurs de cette collection.
Le livret est de Meilhac et Halévy, sur une intrigue dont on
trouvera selon son humeur qu'elle est faible et tirée par les cheveux
ou bien charmante et digne d'avoir diverti nos grands-mères. Jugez
plutôt : un mariage de convenance est décidé entre
le duc de Parthenay et la jeune Blanche, qui ne devra être consommé
que d'ici deux ans, étant donné le jeune âge des mariés.
Mais les tourtereaux s'aiment et sont désespérés quand
on les sépare sitôt après la cérémonie.
Pour consoler le jeune duc, on lui offre un régiment, qu'il utilise
sans hésiter pour donner l'assaut au couvent dans lequel on a enfermé
sa tendre épouse ! Mais une guerre éclate ; abandonnant le
couvent, le petit duc s'y précipite et s'y couvre de gloire. Comme
de juste, le retour de son épouse sera la récompense de sa
bravoure. Ajoutez à cela un précepteur ridicule et un maître
d'armes "ah ! dieu que la guerre est jolie", pour la couleur locale.
Mais qu'importent les péripéties, puisqu'en fin de compte
les morceaux musicaux, reliés par des dialogues parlés, sont
assez faiblement liés à l'action, sortes de stéréotypes
qu'on aurait pu insérer dans tout autre ouvrage de la même
veine : leçon de chant, rondeau de la paysanne, chanson du petit
bossu, choeur du mot d'ordre, air de l'épée... Autant de
saynètes destinées à faire briller les vedettes populaires
de l'époque.
Mais attention, qui dit musique facile ne dit pas forcément musique
au rabais. Charles Lecocq, faut-il le rappeler, était un ami intime
d'Emmanuel Chabrier, compositeur exigeant, un rival musical de Georges
Bizet (ils ont gagné ex-æquo le concours institué par
Offenbach en 1857, avec Le Docteur Miracle) un véritable
musicien. L'écriture du Petit Duc est raffinée, tout
en s'adressant à un public friand d'amusements. Cette facilité,
cette légèreté produisent une oeuvre charmante et
gracieuse.
L'enregistrement a été réalisé en 1969,
une époque où l'opérette faisait encore partie des
traditions. L'interprétation est de ce fait comme elle doit l'être,
toute simple, avec autant de professionnalisme dans les parties parlées
que dans les parties chantées, et aucune rupture de ton en passant
des unes aux autres. Le rôle titre, prévu à l'origine
pour un soprano afin de souligner son jeune âge, a été
confié pour des raisons de crédibilité dramatique
à un jeune ténor, André Jobin, fils du grand Raoul
Jobin. Ce qui aurait été inadmissible, disons, pour un Cherubino
est ici tout à fait bien venu.
En écoutant Le Petit Duc, on sourit, on fredonne, on ne
"se prend pas la tête". Wagnériens s'abstenir.
Catherine Scholler
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