Marie-Nicole
LEMIEUX
Johannes BRAHMS
Lieder
Sechs lieder (Six Lieder)
op. 86
Neun Gesänge (Neuf
Chants) op. 69
Zwei Gesänge (Deux
Chants) op. 91
Vier ernste Gesänge (Quatre
Chants sérieux) op. 121
Nicolo Eugelmi, alto
Michael McMahon, piano
Marie-Nicole Lemieux, contralto
Enregistré en 2004 - 67'47"
ANALEKTA AN 2 9906
Malgré d'indéniables atouts,
ce récital déçoit quelque peu. Le pianiste Michael
Mac Mahon est discret mais musical. La voix de l'alto canadienne est belle,
sa diction exemplaire et son choix de
lieder intéressant
: elle a mêlé quatre groupes de mélodies différents.
Certaines constituent les pages les plus connus et les plus appréciées
de Brahms (l'opus 91 en duo avec un alto ) d'autre sont rarement enregistrées
( l'opus 69).
Ce qui gêne, en premier lieu, c'est la monotonie qui se dégage
de l'ensemble du disque. Les couleurs vocales et les intentions ne varient
pas beaucoup et on a un peu l'impression d'entendre toujours le même
chose. Marie-Nicole Lemieux semble à son affaire dans les lieder
plus animés (Des Liebsten Schwur ; Tambourliedchen extrait
de l'opus 69), quand les extrêmes de la voix sont sollicités,
les phrases ornementées, le rythme vif. Pour les mélodies
plus linéaires, l'ampleur et le legato lui font souvent défaut.
Elle commence son récital avec l'opus 86, un cycle achevé
en 1879 et contemporain du second concerto pour piano. Therese et
Feldeinsamkeit
sont deux des lieder les plus célébères de
Brahms et considérés comme des sommets du lied romantique.
Les quatre mélodies suivantes de l'opus 86 sont moins souvent données
et la cantatrice les chante avec professionnalisme, mais ne les rend pas
vraiment intéressantes.
L'opus 69 est un recueil de neuf lieder. Brahms a composé
sur des textes adaptés de folklores étrangers ; le voyage
passe donc par la Bohême, la Slovaquie, l'Espagne, la Suisse et fait
une halte en Espagne pour se terminer en Serbie. Il ne s'agit pas ici de
reconstitutions folkloriques, mais on pouvait néanmoins s'attendre
à une meilleure caractérisation des atmosphères, or,
il n'en est rien, le climat semble uniforme quelque soit le lied.
Les Zwei Gesänge opus 91 ont été composés
à vingt ans de distance, la berceuse est un cadeau de Brahms pour
le baptême de son filleul, le fils de son violoniste préféré
Joseph Joachim. Pourtant, l'ambiance et la texture des deux oeuvres est
proche et envoûtante. Cette magie se retrouve dans les enregistrements
des plus grande : de Ludwig en passant par Norman et Fassbaender. Lemieux
est quelques crans en dessous, même si elle trouve un beau partenaire
dans l'alto de Nicolo Eugelmi.
Reste le dernier cycle, le chant du cygne de Brahms, composé
quelques mois avant sa mort. Une oeuvre à part ; des textes extraits
des écritures saintes, un thème central : la mort. Ici une
autre ampleur vocale est vraiment requise, c'est un peu comme si l'artiste
n'osait pas s'exprimer. Il manque une vision, une hauteur d'inspiration.
Peut-être cela vient-il avec l'âge. Cette vision parcourt une
version déjà ancienne, mais toujours universelle : celle
de Hans Hotter, idéal dans ce cycle spécifiquement composé
pour une voix de basse.
Olivier DENOYELLE