William
Matteuzzi
Ferme tes
yeuxÖ
Avec la participation de Elisabetta
Scano,
Enkelejda Shkosa, Majella Cullagh,
Roland Wood et Bruce Ford
Geoffrey Mitchell Choir
Academy of Saint Martin in
the Fields
Direction : David Parry
1 CD Opera rara
Programme électrisant pour
ce nouveau récital de William Matteuzzi, jugez plutôt :
Gioacchino Rossini, le comte Ory,
trio « à la faveur de cette nuit obscure »
Gioacchino Rossini, il viaggio a
Reims, duetto « d'alma celeste Dio ! »
Daniel-François-Esprit Auber,
la muette de Portici, scène et air « ferme tes yeux »
Michele Carafa, Gabriella di Vergi,
duo « traditor ! paventa : al campo »
Gaetano Donizetti, la fille du régiment,
romance « pour me rapprocher de Marie »
Giovanni Pacini, Alessandro nell'Indie,
terzetto « Ciel ! d'una misera »
Adolphe Adam, le postillon de Longjumeau,
ronde « mes amis écoutez l'histoire »
Gaetano Donizetti, il castello di
Kenilworth, scène, quartetto et stretta
« Perché t'affani,
e piangi ? »
Jacques Offenbach, le pont des soupirs,
ariette « Ah ! qu'il était doux mon beau rêve ! »
Programme français et italien,
donc, qui nous présente, à coté de quelques morceaux
plus connus, et encore ne font-ils pas partie du répertoire le plus
courant, un grand nombre de raretés, toutes plus enthousiasmantes
les unes que les autres. Programme varié, aussi, alternant avec
bonheur moments élégiaques et moments animés. Programme
équilibré, passionnant et intelligent.
Qu'en est-il de l'interprétation
? quand un artiste en récital nous propose des guest star de l'envergure
de Bruce Ford, qu'on ne présente plus, d'Enkelejda Shkosa, qui fit
les beaux soirs du festival de Pesaro dans un Moïse et Faraon d'anthologie,
et d'Elisabetta Scano, présente dans le volume 2 des cantates de
Rossini enregistrées par Riccardo Chailly, il n'y a vraiment pas
de quoi se plaindre !
Reste le cas Matteuzzi. Il faut
bien se l'avouer, la voix de celui qui fut un des ténors rossiniens
les plus enivrants des années 80 perd peu à peu de son punch,
de son mordant. Elle est encore fort belle, mais son timbre semble quelquefois
lymphatique, voire geignard. A ce titre, le duo avec Bruce Ford, qui lui,
ne manque pas de dynamisme, est révélateur.
Toutefois, si sa voix n'a plus
la splendeur d'antan, il reste à William Matteuzzi des atouts de
taille !
Tout d'abord, c'est un technicien
et un styliste irréprochable. Dans ce répertoire dans lequel
le style est très important, on ne peut lui reprocher aucune faute
de goût. L'interprétation, l'élocution (son français
est parfait), le sens scénique, le jeu des couleurs et des nuances,
l'humour aussi (qu'il est bô, qu'il est bô, qu'il est bô,
le postillon de Longjumeau !) sont impeccables.
Les suraigus qui ont fait sa réputation,
même s'ils sont moins arrogants, plus prudemment amenés, sont
toujours présents.
Ce disque est à proscrire
uniquement pour les allergiques à William Matteuzzi, ceux qui lui
reprochent son timbre très spécial, qu'on peut trouver nasal,
ou son manque de puissance. Les autres, courrez : voici un disque de véritable
artiste, qui se met avec humilité au service de la musique, 72 minutes
de bonheur !
Catherine Scholler
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