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Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791)
LO SPOSO DELUSO & L’OCA DEL CAIRO
Ann Murray, mezzo-soprano
Marianne Hamre, actrice
Graham Smith, danseur
Lo sposo deluso
Bocconio, Josef Wagner
Eugenia, Marisa Martins
Don Asdrubale, Jeremy Ovenden
Pulcherio, Matthias Klink
Bettini, Silvia Moi
L’oca del Cairo
Don Pippo, Miljendo Turk
Celidora, Malin Hartelius
Biondello, Jeremy Ovenden
Calandrino, Matthias Klink
Lavina, Marisa Martins
Chichibio, Josef Wagner
Auretta, Malin Hartelius
Auretta (pour le Final), Silvia Moi
La belle voix dans le lointain, Ann Murray
Hammerflügel sur scène, Wolfgang Götz
Maîtresse de cérémonie, Marianne Hamre
Chœur du Ludwigsburger Schlossfestspiele
Camerata Salzburg
Michael Hofstetter
Mise en scène, Joachim Schlömer
Décors et costumes, Jens Kilian
2 DVD Deutsche Grammophon, 00440 073 4250
Méfaits festivaliers
Pas la peine de chercher dans la plaquette, vous ne trouverez rien de
nature à vous éclairer sur ce mystérieux Sposo, non plus que sur cette énigmatique Oca.
La plumitive de service (Bettina Auer) n’en parlera pas. Mais ces
œuvres sont-elles autre chose, ici, que le faire-valoir de M.
Schlömer ?
Rien sur ces deux pièces fragmentaires s’intercallant entre l’Enlèvement et les Noces. Rien sur l’hypothétique participation de Da Ponte (la première, donc). Rien pour expliquer que l’Oca n’est qu’une ligne de chant et de basse habillée pour la Neue Mozart Ausgabe. Rien, rien, rien.
En revanche vous saurez tout sur la mise en scène du susdit
Joachim Schlömer. Tout, même ce que vous ne voulez pas
savoir. Notez bien, le texte est fort utile pour comprendre le
triptyque conçu par le metteur en scène (je
résume : vie, méditation, mort ; folie, aussi,
pour faire bonne mesure et liberté, forcément) ; le
collage (lui, il appelle cela un pastiche… où tout est de
Mozart) ; le… en fait je ne trouve pas le mot !
Entendons-nous bien ; je ne récuse pas la modernité
sur scène. Je ne la récuse pas du moment qu’elle
est porteuse de sens. L’épure de Stein, le
théâtre de sentiments de Chéreau, les visions de
Lenhoff valent ce qu’elles valent (on aime ou on n’aime
pas) mais force est de reconnaître qu’elles nourrissent
d’une certaine manière (jusque dans la subversion) un
propos aussi bien séculaire que fragile. Il faut faire vivre les
œuvres.
Il faut les faire vivre ; revivre. Mais faut-il les
réécrire ? Les inventer ? N’est-ce pas,
alors, les tuer un peu ? Quand lesdites œuvres sont, qui
plus est, privées de cohérence comme c’est ici le
cas, la manœuvre est dangereuse. Inutile! Un metteur en
scène qui prend en otage Mozart pour se servir lui-même
est un petit homme. Un metteur en scène qui demande deux pages
pour expliquer sa démarche est un homme qui devrait
s’attacher à clarifier son propos. Je ne vous citerai pas
le livret ; pas même de quoi rire… C’est triste
une œuvre qui sombre…
D’autant plus triste ici que la voix est à la fête.
Tellement à la fête que l’on parvient presque
à ignorer la piscine qui sert de décor, le
musée/maison de poupées aussi, cet univers froid,
clinique dans lequel déambulent des silhouettes en shorts
(ça c’est original) et perruques blondes.
Le collage n’est pas porteur de sens, je l’ai dit. Mais
coller Mozart c’est toujours jouer d’une matière
magnifique, brillante ; émouvante aussi ; et
bruissante ; et simplement belle. Tout cela Michael Hofstetter
l’a bien compris qui dynamite la Camerata Salzburg. Quel
accompagnement mes amis ! Quel souffle ! Et quelle tendresse
aussi pour le magnifique Rondo
K. 617 pour « harmonica de verre »
(tranché en son milieu, c’est bien normal ; la
méthode Schlömer). Ce Mozart-ci respire comme un
gamin ; il s’emporte ; il s’adoucit. Il
chante.
Il chante comme le feront tous ici ; tous ceux qui méritent
l’intérêt. Exit d’entrée de jeu Ann
Murray qui fait ce qu’elle peut mais ne peut plus grand chose.
Elle craque sous toutes les coutures ; elle vibre ; elle
grince ; elle se tient malgré tout encore. On l’a
bien aimé ; on n’aime plus que par charité. Et
dire que Schlömer l’a pompeusement chargé du
rôle (par lui inventé) de « la belle voix du
lointain ». Il faut oser !
Autour c’est la vie qui l’emporte. La vie bouillonnante et
brouillonne aussi, parfois (Marisa Martins, par deux fois). C’est
la jeunesse. La jeunesse avec une mention particulière à
Malin Hartelius qui n’est plus forcément une
débutante mais qui suit avec talent la trajectoire d’une
Popp ; qui se densifie ; se bonifie ; qui
s’étoffe ; se charge de parfums et de couleurs
profondes. Charmant bouquet !
On referme finalement le coffret en se disant que,
décidément, Mozart ne mérite pas ça. Non
plus que ces deux piécettes adorables ; non plus que le
talent des interprètes qui, isolés de cet environnement
désespérant de branchitude intellectuelle pourraient
donner une Oca et un Sposo de référence. Si c’est pas du gâchis, ça !!!
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