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VERDI ARIAS

Leo Nucci


1. Rigoletto – “Pari siamo”
2. Rigoletto –“Cortigiani, vil razza dannata”
3. Ernani – “Ascolta ! se mai prescelto io sia… Oh de’verd’anni miei”
4. I due Foscari – “Eccomi solo alfine ! … O vecchio cor”
5. Macbeth – “Perfidi ! All’angli contro me… Pietà, rispetto, amore”
6. Luisa Miller – “Sacra la scelta… Ah ! fu giusto il mio sospetto”
7. La Traviata– “Di Provenza il mar, sil suol”
8. Il Trovatore – “Tutto è deserto… il balen del suo sorriso”
9. I vespri siciliani – “In braccio alle dovizie”
10. La forza del destino – “Morir ! tremenda cosa ! Urna fatal… E salvo !”
11. Otello – “Vanne ! la tua meta già vedo… Credo in un dio crudel”
12. Don Carlos – “C’est mon jour suprême”
13. Don Carlos – “Carlos, écoute… Ah ! je meurs l’âme heureuse”
14. Un ballo in maschera – “Alla vita che t’arride”
15. Un ballo in maschera – “Alzati ! … Eri tu”


Leo Nucci, baryton
The National Philharmonic Orchestra – Dir. Richard Armstrong
English Chamber Orchestra – Dir. Gianfranco Masini
The Chicago Symphony Orchestra – Dir. Sir Georg Solti
Orchestra del Teatro alla Scala di Milano – Dir. Claudio Abbado
Wiener Philharmoniker – Dir. Herbert Von Karajan

Enregistré en 1983, 1988, 1989 et 1989
1 CD DECCA  476 9203 - 2006
(Produzione italiana)



Le roi Leo

Connaissez-vous un chanteur capable de, littéralement, faire faire la « ola » à un public venu assister à un spectacle lyrique ? Connaissez-vous un baryton trissant le duo de la vengeance de Rigoletto, à chaque fois qu’il se produit dans ce rôle sur la scène de l’opéra municipal de Marseille ? Ne cherchez plus : c’est Leo Nucci. Ce disque fera le délice de ceux qui voient de quoi je veux parler… et contribuera à l’édification des autres.

Depuis plusieurs années, le discophile averti est habitué à ces vraies-fausses compilations qui, pour lui, ne présentent qu’un intérêt réduit, les maisons de disques se contentant souvent de reproduire des enregistrements déjà publiés quelques années auparavant. La collection EMI « The very best of… » est un flagrant exemple de ces semi-attrape-nigauds. Avec ce CD consacré au baryton dans Verdi, rien de tout cela. Pourtant, la pochette est « cheap » (une photo qui date, sur un fond vaguement violet) et la notice indigne pour une maison comme Decca. Oui, mais il y a le reste – qui est aussi l’essentiel.

L’essentiel, ce sont 10 de ces 15 plages qui sont une réédition d’un récital gravé avec le National Philharmonic Orchestra et Richard Armstrong, par Decca en 1983, à l’époque du microsillon, où Nucci était sous contrat avec la firme bleue et rouge. Et ce microsillon, sauf erreur, n’a jamais été réédité, la rupture du baryton avec le label expliquant peut-être cela.

Or, c’est un document essentiel qui est aujourd’hui à nouveau proposé dans les bacs, mais qui est mystérieusement difficile à trouver sur l’Internet… je l’ai, à titre personnel, acquis dans un magasin romain. Ce programme très complet, qui va de Rigoletto à Trovatore en passant notamment par I Due Foscari et Luisa Miller est complété d’autres extraits postérieurs (Otello avec Solti, Un ballo in maschera avec Karajan…). Cette petite galette argentée nous redonne des instants de pur bonheur, témoignage d’un baryton Verdi au sommet de son art : voix puissante et bien posée, aigus faciles, expression… Nucci a tout. Vaillant dans « Cortigiani » ou dans les cabalettes qu’il propose, il soigne la ligne mélodique dans « Il balen del suo sorriso », et dans les airs d’Ernani et d’I Foscari.

Le « matériau vocal » est exceptionnel tant la voix est chaude, naturelle, simplement belle. Les aigus sont impressionnants : la naturel par ci (Il Trovatore), la bémol par là (cabalette de Luisa Miller). Si Leo était un habitué des performances de ce genre sur le vif, en studio, la pratique est moins courante, surtout que sa discographie en studio est plutôt pauvre alors que, en live, fort heureusement, son legs est énorme.

Mais Nucci, contrairement à ce que certains critiques bien pensants sous-entendent dans des colonnes prestigieuses (allez, je veux parler d’André Tubeuf dans Diapason qui lui voue manifestement une haine stupide), ce n’est pas que cela. Il n’y aurait que cela, d’ailleurs, des décibels dispensés sans autre souci de musique. … Mais Leo Nucci un artiste d’une générosité et d’une expressivité exemplaire habite véritablement ses rôles. Son « Di Provenza il mar il suol » est anthologique : l’air en soi est mièvre ; Leo l’agrémente de nuances et de couleurs que même le très grand Robert Merrill ne faisait pas. Son « Eri tu » est pareillement poignant, avec un alternance d’intentions et d’expressions qui rendent son Renato inoubliable.

Les extraits postérieurs sont moins utiles, d’abord parce qu’ils existent par ailleurs : « In braccio alle dovizie » se trouve dans un récital curieusement intitulé « Bel canto », chez Decca, avec Gianfranco Masini, mais Nucci n’y est pas à son meilleur. On voit, en 1988, certains défauts qui s’aggraveront ensuite, notamment lorsque Leo croit alléger le son en le nasalisant… A propos du Don Carlos en français avec Abbado, on a dit à l’époque que Nucci l’avait sauvé d’un naufrage complet. Certes car la ligne verdienne est là. La prononciation française un peu moins. Et l’ensemble n’est pas franchement indispensable, même si son « Credo » d’Otello enregistré avec Solti est plein d’autorité.

En réalité, Leo Nucci a peu enregistré de récitals. A part les deux opus précités chez Decca, on trouve quelques enregistrements pris sur le vif (ici ou là). Car, fondamentalement, Leo est une bête de scène et le DVD est arrivé à point nommé pour immortaliser certaines de ses prestations, surtout dans Verdi. Vous retrouverez dans ces colonnes, sous peu, la chronique d’un Nabucco viennois qui fera les délices des fans de Leo Nucci, et je sais qu’ils sont innombrables !

Alors, comme le public marseillais le scandait jadis en tapant des pieds sur le poulailler au point de faire craindre l’effondrement (vous imaginez la manchette : « Récital de Leo Nucci à Marseille – 200 morts»…) : « Evviva Nucci ».
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  Jean-Philippe THIELLAY
 

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