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Richard Wagner (1813-1883)

PARSIFAL

Bühnenweihfestspiel en 3 actes
Livret du compositeur

Direction musicale: Kent Nagano
Mise en scène : Nikolaus Lehnhoff
    Décors : Raimund Bauer
Costume: Andrea Schmidt-Futterer
Lumières : Duane Schuler
Chorégraphie : Denni Sayers

   Christopher Ventris (Parsifal)
Waltraud Meier (Kundry)
Matti Salminen (Gurnemanz)
Thomas Hampson (Amfortas)
Tom Fox (Klingsor)
Bjarni Thor Kristinsson (Titurel)
Johannes Eidloth (premier chevalier du Graal)
Taras Konoschenko (second chevalier du Graal)
Nina Amon (premier écuyer)
Katharina Rikus (second écuyer et voix du ciel)
Thomas Stückemann (troisième écuyer)
Marco Vassalli (quatrième écuyer)
 
Les Filles-fleurs (chant) :
Nina Amon, Abbie Furmansky, Emma Gardner,
Alexandra Lubchansky, Katharina Rikus, Andrea Stadel.
Les Filles-fleurs (danse) :
Ute Baur, Sandra Fritz, Simina German, Sarah Kinn,
Fabienne Kühn, Sandra Metzger, Iris Mündörfer,
Annalena Plathe, Eveline Schwarztrauber,
Juliette Van der Meer, Julia Weber, Afanasia Zwick.

Deutsches Symphonie-Orchester
Festspielchor Baden- Baden

3 DVD Opus Arte (2005)




Durant l’été 2004, le scandale provoqué à Bayreuth par le Parsifal de Christoph Schlingensief avait quelque peu tamisé la lumière qui émanait de celui que Nikolaus Lehnhoff proposait à Baden-Baden. Heureusement, Opus Arte comble cette injustice avec le son et l’image qui font sa réputation.

Fidèle à son habitude, Lehnhoff porte sur les personnages et leur évolution un regard dont la pertinence n’égale que l’intelligence et la perspicacité. La direction d’acteurs, très inspirée, les décors (un sol incliné, devenant au bout de quelques mètres le mur de fond, qui revêt différents aspects pour chaque acte), les lumières et les costumes accentuent les contradictions des caractères, créant un monde incertain, trouble, délabré et malade.

Conception qui force parfois le metteur en scène à prendre quelques libertés avec le livret. Ainsi, le final, où Parsifal (qui n’aura pas été convaincu par l’éloquence de Gurnemanz, et qui préfère céder la couronne au défunt Titurel) et quelques chevaliers du Graal délaissent la lance pour suivre Kundry, qui ne meurt pas (ici ce sera à Amfortas de périr, selon son propre souhait, après tout), et chercher la vérité ailleurs que dans la religion. Mais au bout du compte, nous assistons ici à un travail fascinant, parfois peu orthodoxe mais parfaitement assumé avec un panache et un esprit d’analyse qui va toujours de pair avec une beauté plastique indéniable, et une humanité touchante des personnages.

A la tête du Deutsches Symphonie-Orchester, excellent, Nagano donne dans une épure pieuse et stylisée, très chic, qui émerveille lors des préludes mais qui se fait un peu vite oublier une fois les caméras braquées sur les chanteurs. Il faut dire qu’avec ces chanteurs-là…

Christopher Ventris reste certes un peu guerrier, même dans les angoisses métaphysiques de son personnage où certains de ses collègues pourraient s’avérer poètes, ou philosophes. Mais une telle solidité, une telle santé pour ce rôle, c’est déjà bien beau. Dans son numéro de roi déchu et névrosé, qu’il peut rendre un rien excessif, Thomas Hampson est toujours aussi bluffant. Matti Salminen, avec ce timbre magnanime (et à peine usé, malgré la soixantaine), ces dons de diseur exceptionnels et cette présence imposante, est un Gurnemanz grandiose du début à la fin. Klingsor, enfin, est chanté, phrasé, nuancé (youpi !!!) par le très bon Tom Fox.

La palme revient pourtant à Waltraud Meier. On a beau connaître cette Kundry qui, depuis déjà plus de vingt ans, fait délirer le public des plus prestigieuses salles, on ne s’en lasse jamais. Animale au I, femme fatale au II (cette scène de séduction ; anthologique !), femme blessée au III, où elle captive l’image, même si elle n’a que deux mots (et encore, un mot répété deux fois), deux gémissements et un cri à pousser, son personnage est d’une intelligence, d’une finesse et d’un magnétisme sans égal…à genoux !

En complément, des bonus avec des interviews de chanteurs (sauf Salminen, tous les rôles principaux y passent), de Nagano et surtout de Lehnhoff, dont le discours est aussi clair et intelligent que le travail.     

Dans un prétendu désert wagnérien, un DVD réconfortant, qui rassure et donne l’espoir ; et si c’était ça, le Graal ?


   Clément TAILLIA

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