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Alexandrina Pendatchanska
Genuine
Dramatic coloratura album
Bulgarian Symphony Orchestra
Chef d’orchestre : Eraldo Salmieri
Giacchino Rossini (1792-1868)
Ermione, « Essa corre al trionfo ! »
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Cosí fan tutte, « Come scoglio »
Don Giovanni, « Non mi dir »
Gaetano Donizetti (1797-1848)
Anna Bolena, « Al dolce guidami »
Giuseppe Verdi (1813-1901)
Ernani, « Ernani, Ernani, involami »
Il Trovatore, « Tacea la notte placida »
Gaetano Donizetti (1797-1848)
Roberto Devereux, « Vivi, ingrato, a lei d’accanto »
Enregistré au studio 1, Bulgarian National Radio
du 3 au 6 décembre 2004
Spotlight MK20090
Durée : 79’54
De la sincérité
Sincère, Alexandrina Pendatchanska l’est autant par le titre de son dernier enregistrement (1)
que par le texte de présentation qui l’accompagne,
déclaration émouvante de son amour pour le chant et pour
celle qui fut son modèle et son professeur : sa mère.
Sincère aussi, la façon dont la cantatrice aborde les
sept rôles qui composent le programme, redoutables chacun
à leur manière, par les difficultés qu’ils
comportent mais aussi par les noms qu’ils évoquent : Maria
Callas, Elisabeth Schwarzkopf, Joan Sutherland... Il faut une bonne
dose d’ingénuité pour se mesurer à de telles
gloires dans un tel répertoire.
Sincère donc mais quelle que soit sa sincérité,
l’entreprise laisse dubitatif. Aucune diva – pas plus
celles citées ci-dessus que leurs consoeurs - n’est
parvenue à interpréter avec le même succès
ces sept héroïnes d’opéra car le
tempérament dramatique et la vocalité requis par chacune
d’entre elles sont trop dissemblables. Il faut, au delà de
la technique, trouver le ton et l’accent qui leur sont propres.
Les reines donizettiennes – Anna, Elisabetta – appellent,
par exemple, une fureur à laquelle sont étrangères
les princesses verdiennes – Elvira, Leonora. A
l’intérieur de l’oeuvre de chaque compositeur
même, l’impétuosité de Fiordiligi, pour
prendre un autre exemple, n’est pas celle de Donna Anna.
C’est là le premier – et le principal –
défaut d’ Alexandrina Pendatchanska : une tendance
à tout interpréter de manière identique avec la
même véhémence et le même affect. Fiordiligi,
Ermione ou Elisabetta, même combat ? Sûrement pas !
Le reste est une affaire de goût. Qu’on aime ou pas le
timbre, le vibrato caractéristique de l’école
slave, les aigus cinglants ou les sons tubés, force est
cependant de reconnaître l’ampleur et
l’agilité vocale, la maîtrise technique qui permet
certains miracles : des notes filées et précises, des
couleurs soyeuses, des éclats superbes.
A cet égard, on ne peut que s’incliner devant les
portraits des deux reines donizettiennes. Combien de chanteuses peuvent
exprimer aujourd’hui avec une telle flamboyance la folie
d’Anna Bolena, passer sans faiblir de la douceur du
« Piangete voi ? » à la rage de
« Coppia iniqua... » ? Elisabetta dans Roberto Devereux
impressionne tout autant, ne serait-ce que par les aigus piani de
« Vivi ingrato a lei d’accanto » et les
éclairs aveuglants de « Quel sangue
versato… ».
Mozart et Verdi sont moins à la fête parce que le premier
comme le second exigent un chant d’une autre tenue. Leonora
d’il trovatore, malgré des cadences approximatives, peut
encore faire illusion mais Elvira, Donna Anna, Fiordiligi manquent
définitivement d’élégance et de
précision dans la ligne et les vocalises.
Dans tous les cas, l’orchestre symphonique de Bulgarie, conduit
par Eraldo Salmieri, apporte son indispensable soutien, au contraire
des chanteurs invités dont on préférera passer les
noms sous silence. La sincérité a ses limites…
Christophe RIZOUD
(1) genuine, pour les non-anglophones, signifie sincère
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