Leontyne PRICE
Rediscovered
Carnegie Hall
Recital Debut (Fevrier 1965)
David Garvey,
piano
George Frederic
Haendel :
"Care selve" (Atalanta)
"Bel piacere" (Agrippina)
"Piangerò"
(Giulio
Cesare)
Johannes Brahms
:
Zigeunerlieder
op.103
Umberto Giordano
:
"La mamma morta"
(Andrea
Chenier)
Francis Poulenc
:
"Tu vois le feu
du soir" ; "Main dominée par le coeur" ;
"C'est ainsi que
tu es" ; "Je nommerai ton front".
Samuel Barber :
"Nocturne"; "The
Daisies"; "Sleep now".
Lee Hoiby :
"Winter song";
"In the wand of the wind".
Spirituals :
"His name so sweet";
"My soul's been anchored in the Lord";
"Lord, I just can't
keep from cryin'"; "He's got the whole world".
Giacomo Puccini
:
"Chi il bel sogno
di Doretta" (La Rondine)
George Gershwin
:
"Summertime" (Porgy
and Bess)
Francesco Cilea
:
"Io son l'umile
ancella" (Adriana Lecouvreur)
Giacomo Puccini
:
"Vissi d'arte"
(Tosca)
1 CD RCA Red Seal
La voix royale
Pour célébrer sans doute le soixante-quinzième
anniversaire de celle qui fut, pendant plus de trois décennies,
sa "Diva-maison", la firme RCA publie aujourd'hui dans son intégralité
le premier récital que Leontyne Price donna au Carnegie Hall en
février 1965 . Le programme, essentiellement consacré à
la mélodie, comporte des oeuvres de Brahms, Poulenc et de deux compositeurs
américains, parmi lesquelles la présence de "La mamma morta"
de Giordano paraît quelque peu incongrue.
C'est Haendel qui ouvre la soirée avec trois extraits dont seul
l'air d'Atalanta a été gravé en studio par la cantatrice.
Il est toujours frustrant d'entendre un air d'opéra privé
de son environnement orchestral, quelle que soit l'excellence du pianiste.
Néanmoins, ces pages nous montrent Leontyne Price à son sommet
: la voix est tout simplement royale, d'une rondeur, d'une plénitude,
d'un velouté qui n'appartiennent qu'à elle. Le "Care selve"
phrasé avec un legato parfait est couronné d'aigus
d'une rare somptuosité. L'ampleur des moyens et le style pourraient
surprendre l'auditeur d'aujourd'hui dans l'air de Cléopâtre
"Piangerò la sorte mia", mais comment ne pas succomber à
ce timbre riche, aux couleurs fauves d'une troublante sensualité
qu'on chercherait en vain chez les titulaires actuelles du rôle.
Les Zigueunerlieder de Brahms figuraient déjà dans
le coffret "The Essential Leontyne Price" paru voici cinq ans. Malgré
un allemand un peu exotique, c'est une lecture scrupuleuse qu'en donne
la chanteuse qui sait se faire tour à tour grave ("Hochgetümte
Rimaflut"), mutine ("Röslein dreie in der Reihe ") ou tendre ("Kommt
dir manchmal in den Sinn").
L'univers de Francis Poulenc n'est pas étranger à la cantatrice
qui participa à la première américaine des Dialogues
des Carmélites en 1957, à San Francisco, dans le rôle
de Madame Lidoine. Par la suite elle a enregistré quatre mélodies
du compositeur français dans son premier disque "A program of songs",
paru en CD dans la série "Living stereo" (RCA). Trois d'entre elles
se retrouvent ici, interprétées avec une infinie sensibilité,
comme en témoigne le superbe "Tu vois le feu du soir". En studio,
la diction était plus précise, mais n'oublions pas que nous
sommes en présence d'une captation "live" réalisée
avec les moyens de l'époque.
De Barber, Leontyne Price créa les Hermits songs en 1953,
accompagnée par le compositeur en personne au cours d'un concert
(également publié par RCA) où elle donna les trois
petits bijoux qu'elle reprend judicieusement dans le présent récital.
Lee Hoiby (né en 1926), totalement inconnu en France, a composé
une dizaine d'opéras dont The Tempest d'après Shakespeare
(créé en 1986), de la musique de chambre, et de nombreuses
mélodies. Nous en découvrons deux, d'une facture on ne peut
plus classique, qui témoignent d'une belle inspiration, magnifiée
par la voix de l'artiste. On regrette qu'il n'y en ait pas davantage, car
il s'agit d'une rareté absolue qui constitue - avec les Haendel
- l'un des atouts majeurs de cet enregistrement.
Suivent un grand nombre de bis familiers du répertoire de la
Diva : quatre Spirituals empreints de ferveur et d'allégresse dans
lesquels les inflexions afro-américaines du timbre font merveille.
Le célèbre "Summertime", rêveur et nostalgique, et
des airs d'opéras de Cilea et Puccini d'où se détache
un "Chi il bel sogno di Doretta" absolument fabuleux avec des montées
dans l'aigu d'une rare splendeur.
A la Julliard School, alors qu'elle était encore étudiante,
Leontyne Price se lia d'amitié avec David Garvey (1922-1995) qui
devint son accompagnateur fidèle tout au long de sa carrière.
Les parisiens on pu l'écouter à Garnier lors du récital
que la cantatrice américaine donna en 1978 . La complicité
évidente entre les deux interprètes contribue à la
réussite de l'entreprise. Saluons la performance du pianiste qui
s'adapte avec un réel bonheur aux styles si différents des
musiciens choisis par sa partenaire.
Un CD passionnant donc, qui révèle un aspect moins connu
de l'art de Leontyne Price et ravira ses nombreux admirateurs. A ceux qui
connaissent encore mal cette grande artiste, nous conseillerons également
le récital "Les héroïnes de Verdi" (RCA) compositeur
que la chanteuse a admirablement servi durant sa longue carrière,
sans oublier les intégrales qui ont fait sa gloire : Aïda
/Solti (Decca), sans doute LA référence de l'oeuvre, Il
Trovatore /Metha, Un Ballo in maschera /Leinsdorf, La Forza
del destino /Schippers (tous chez RCA), et Tosca /Karajan (Decca)
: une liste non exhaustive, dans un discographie abondante qui recèle
de nombreux joyaux auxquels vient s'ajouter ce nouvel enregistrement.
Christian Peter
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