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George Frideric Händel
RADAMISTO
Opéra en trois actes HWV 12a
Radamisto - Joyce DiDonato
Zenobia - Maïté Beaumont
Polissena - Patrizia Ciofi
Tiridate - Zachary Stains
Fraarte - Dominique Labelle
Farasmane - Carlo Lepore
Tigrane - Laura Cherici
Il Complesso Barocco
Alan Curtis
Durée totale : 177 min
Enregistré en septembre 2003
3 CDs Virgin Classics 7243 5 45673 2 2
Rien ne ressemble plus, dans la forme, à un opera seria qu'un autre opera seria.
Rien ne ressemble plus, dans la direction, à un enregistrement
de Curtis qu'un autre enregistrement de Curtis. Avouons-le
d'entrée de jeu, le chef poursuit son exploration des
opéras du Caro Sassone avec la même curiosité et la
même science de l'univers händelien mais aussi les
mêmes défauts : une incapacité à donner vie
à l'implacable succession récitatif / air et à
créer une continuité musicale et dramatique tout au long
des trois actes.
Pris isolément, les airs trouvent généralement des tempi et des dynamiques justes, des da capo
souvent inventifs, des sonorités orchestrales parfois
enivrantes. Mais que d'ennui entre les airs – d'autant plus que Radamisto,
créé en avril 1720, multiplie les formes courtes,
cavatines, petits duos et ballets. Les récitatifs se suivent et
se ressemblent, jusqu'à la grande scène de la fausse mort
du héros au deuxième acte qui s'éternise et
aboutit à la Cavatine de Zenobia dépourvue de tension et
d'émotion.
Certes, on ne peut reprocher au chef de ne voir dans cette oeuvre que
ce que le compositeur et le public de la création y voyaient :
une succession d'airs permettant aux interprètes de briller.
Mais lorsqu'on sait la tension dramatique que peut insuffler un
Minkowski, l'architecture d'ensemble que parvient à
révéler un Jacobs ou la luxuriance orchestrale que
distille un Alessandrini dans ces partitions, on ne peut que rester sur
sa faim.
L'intérêt du présent coffret, il faudra donc le
chercher auprès des interprètes. D'un solide quatuor de
seconds rôles, on retiendra le Fraarte de Dominique Labelle qui,
avec une parfaite musicalité et une grande virtuosité
– et malgré un timbre qui manque parfois de
séduction – rend totalement justice aux quatre magnifiques
airs qui sont dévolus au prince arménien.
Reste le trio féminin sur lequel se concentre la partition et
qui fait le réel prix de l'enregistrement. Virtuose toujours
impeccable, Patrizia Ciofi sait donner une réelle consistance au
texte. Pleine de hargne dans Barbaro, partiro, de miel dans Dopo torbide procelle, et de larmes dans Tu vuoi ch'io parto,
sa Polissena reste néanmoins un rien en retrait par rapport
à l'investissement dramatique et musical dont la soprano
italienne a fait preuve depuis cet enregistrement, effectué en
2003.
Le couple princier formé par Joyce DiDonato et Maïté
Beaumont pourrait faire les beaux jours du chant händélien.
Musicalement gâtées par une succession d'airs splendides,
les deux mezzos jouent sur la proximité de leur timbre pour
rendre leur prestation encore plus étourdissante. L'hydromel
coule à flot durant les longs lamenti qui ponctuent les deux
rôles. Avouons néanmoins la supériorité du
rôle titre qui sait varier sa voix à l'infini, de la
grâce de Ombra cara et de l'ineffable Qual nave smarrita au dolorisme de Dolce ben – réminiscence d'un air d'Apollo e Dafne. Un timbre qui allie chaleur et clarté, avec cette juvénilité vulnérable dans le vibrato
qui n'est pas sans évoquer Tatiana Troyanos dans ses meilleures
années. Une mezzo que l'on a hâte de retrouver en terre
händelienne et qui fait basculer ce Radamisto du banal au sublime à chacune de ses interventions.
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