GIUSEPPE
VERDI
MESSA DA REQUIEM
Kirov Orchestra
and Chorus
Valery Gergiev
Renée Fleming,
soprano
Olga Borodina,
mezzo
Andrea Bocelli,
tenor
Ildebrando d'Arcangelo,
basso
Philips
468 079-2
La lecture du cast
de cette dernière version du Requiem de Verdi parue il y a quelques
semaines chez Philips sous la direction de Valery Gergiev avec Renée
Fleming, Olga Borodina, Andrea Bocelli et Ildebrando D'Arcangelo peut susciter
trois attitudes différentes: soit on adore Bocelli (!!!) et on se
précipitera sur ce produit sans se soucier de la réelle valeur
d'une prestation en tout point discutable, soit on l'exècre et on
rejettera le tout quelle que soit la qualité des autres prestations,
soit on est intrigué par le mariage de voix si incompatibles et
on en fait l'acquisition non sans se jurer de ramener le disque à
la première occasion!
Eh bien ! Il faut
reconnaître que cet enregistrement est loin d'être la catastrophe
que l'on était en droit d'appréhender! Précisons tout
d'abord que la prise de son est très intelligente, ne surexpose
pas les solistes (On pouvait craindre le pire à cause de Bocelli!)
mais ne les noie pas non plus dans une masse orchestrale et chorale imposante!
Tout ici sonne grand, ample mais de manière équilibrée:
le résultat est très impressionnant! En outre, la direction
de Gergiev est une des plus belles de la discographie de l'oeuvre: elle
est à mettre sur le même plan que celle de Giulini I, Solti
I, Abbado (live il y a quelques mois à la TV et à la radio):
elle rend justice avec un rare bonheur à la double composante de
l'ouvrage: recueillie et théâtrale! Les solistes vont de l'excellent
au pas trop mal! L'excellent ce sont les deux femmes: Fleming et Borodina!
Leurs voix sonnent glorieuses et s'entrelacent divinement (un vrai régal!).
Le must de cet enregistrement c'est bien évidemment le Libera me
de Fleming même si un certain expressionisme quelque peu inutile
ressort de façon trop marquée! D'Arcangelo assume sa partie
de Basse mais il faut tout de même reconnaître que les références
ne manquent pas et qu'elles viennent souvent à l'esprit quand on
écoute le bel Ildebrando (notamment Talvela chez Solti et Ghiaurov
chez Giulini). Ce qui manque un peu à D'Arcangelo, ce sont le creux
de la voix et l'insolence de la projection! Enfin Andrea Bocelli, qui reste
le point faible de cette version a parfois été une agréable
surprise! Tout ce qui est insupportable chez Bocelli dans l'opéra
a paru nettement moins pénible dans le Requiem de Verdi. La voix
sonne toujours aussi maigre dans le haut médium, les sons fixes,
notamment sur les voyelles fermées (é et i) restent insupportables
et le moindre point d'orgue devient une épreuve pour l'oreille.
En revanche, le grave et le bas médium s'adaptent assez bien à
la partition et font que Bocelli, surtout quand il ne chante pas seul,
s'intègre mieux que prévu aux trois autres solistes, ce qui
ne l'empêche pas de rater son Ingemisco! Il va de soi qu'il ne tient
pas la comparaison avec les grands ténors de la discographie et
que nous sommes loin des interprétations vibrantes de Benjamino
Gigli, Giuseppe di Stefano, Luciano Pavarotti auxquels viendra s'adjoindre
Roberto Alagna dans la troisième version Abbado qui doit paraître
dans quelques mois! Mais pour Gergiev, Fleming, Borodina et une architecture
sonore extraordinaire, on peut supporter Bocelli !
Jérôme
Royer
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