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Il Ritratto
(le portrait)
« Commedia lirica » [opera semiseria]
en deux actes et trois tableaux
de Achille de Lauzières
Musique de GAETANO BRAGA (1829-1907)
créée au Teatro di San Carlo de Naples, le 6 mars 1858
Gelsomina, fleuriste (la Duchessa Irene) (s) : Liliana Marzano
Gernando, peintre (t) : Aldo Di Toro
Il Conte di Villaltieri (br) : Denver Martin Smith
Giannetto Piantacavoli, garde-chasse (bs) : Leonardo Galeazzi
Orchestra e Coro della Stagione Lirica Teramana
Maestro del Coro : Paolo Speca
Maestro Concertatore e Direttore : Marco Moresco
Enregistrement réalisé au « Teatro Comunale » de Atri,
dans la Province de Teramo (Région des Abruzzes),
durant les représentations des 29 novembre et 1er décembre 2002
2 CDs Bongiovanni GB 2392/93-2
Durées : Cd 1 (Acte I) : 61’29 ; Cd 2 (Acte II) : 44’31
Notes, synopsis et livret en italien et anglais
Le Portrait de Gaetano Braga :
les couleurs d’un temps oublié
« Le charmant violoncelliste Braga »
Ainsi est-il nommé par
l’académicien Ernest Legouvé, concordant avec tous
les avis établissant la sympathie universelle qu’attirait
la personnalité de Gaetano Braga. Un touchant témoignage
écrit de son vivant nous le présente en ces termes :
« Gaetano Braga, né en 1829 dans les Abruzzes, vit
aujourd’hui à Milan, entouré de
l’auréole glorieuse que son exceptionnelle valeur de
violoncelliste lui a procuré et de l’amitié de tous
ceux qui le connaissent et admirent en lui non seulement
l’illustre musicien, mais l’homme de cœur, le
précieux compagnon, sincère et loyal, vif et
enjoué. Celui qui approche aujourd’hui l’alerte et
sympathique auteur ne s’étonne pas que Florimo, parlant de
lui tout enfant, le dépeigne comme débordant de
vivacité, spirituel et intelligent » (1).
Francesco Florimo, grand ami de Bellini et bibliothécaire du
Conservatoire de Naples, l’a connu tout enfant et nous rapporte
qu’« il avait reçu à Giulianova le
surnom de « capobanda » [chef de fanfare], vu
que, lorsqu’il sortait avec ses camarades de la classe de latin,
faisant de sa main une sorte de trompette, il indiquait quelque
cantilène apprise depuis peu, qu’il faisait ensuite
répéter à ceux qui
l’entouraient. »
Un musicien et un homme hors du commun (jusqu’à sa
signature qui est comme lui : claire, joyeuse, fantaisiste car
placée comme texte sous une portée de trois
mesures !), au point d’inspirer à son ami
l’écrivain Antonio Fogazzaro (1842-1911) une touchante
nouvelle, pleine de charme et de fantaisie, Il Fiasco del maestro Chieco.
Le héros -évidemment violoncelliste- est compositeur de
mélodies délicieuses, un peu fou en apparence,
extravagant et impulsif, mais généreux, affectueux et
plein d’humour, assoiffé d’amour, aussi, et
réalisant pour l’ami cher le bonheur qu’il ne peut
se donner à lui-même.
Gaetano Braga est né dans la région des Marches comme les
illustres Pergolèse et Rossini, mais aussi tous ces compositeurs
dont on connaît au moins un opéra, grâce à
l’initiative combinée du Teatro Pergolesi de Jesi et de la
Casa Bongiovanni : Spontini, Vaccai, Persiani, Marchetti, Lauro
Rossi, Nini… mais Braga s’étant fixé dans la
région voisine des Abruzzes, les initiatives partent donc de ces
villes. D’abord Giulianova, localité balnéaire de
l’Adriatique, conservant la maison du compositeur (et où
il serait même né, selon certaines sources). Atri,
cité médiévale dont la duchesse aida le jeune
Braga à assumer ses études à Naples, et où
fut repris en 2002 Il Ritratto,
et enfin le chef lieu de province, Teramo, qui lui intitula son
conservatoire et fournit les choeurs et l’orchestre pour
l’initiative.
A Naples, il étudia avec Mercadante notamment, qui,
stupéfait de constater les dons du jeune Braga comme
violoncelliste, lui fit construire expressément un instrument,
le faisant ensuite étudier avec un élève de
Paganini ! Devenu un jeune virtuose très applaudi en
Europe, il joua avec les pianistes les plus prestigieux comme Liszt ou
Thalberg, avec le célèbre contrebassiste Giovanni
Bottesini, avec Bizet, Saint-Saëns, Debussy, Gounod, dont il
participa à la création de son célèbre Ave Maria. Il connut Halévy, Auber, Meyerbeer, Massenet, Verdi, et se lia d’amitié avec Rossini qui composa pour lui Une Larme (2).
Gaetano Braga n’était pas qu’un virtuose, il sentait
aussi le besoin de coucher des notes sur le papier… et dans un
fameux genre musical connaissant alors son âge
d’or ! Son premier opéra, Alina la spregiata (Aline, la méprisée), fut composé en 1853, fatidique année de La Traviata. En 1857, à Vienne, Estella di San Germano
produit une sensasion telle, que l’empereur d’Autriche,
vivement impressionné, augmente considérablement les
honoraires du compositeur. A cette occasion il fait la connaissance du
comte de Syracuse, Leopoldo di Borbone, protecteur des arts à
Naples et qui lui demande de composer un opéra. Il Ritratto
est ainsi créé avec bonheur au Teatro San Carlo, en 1858.
Collaborant avec des librettistes estimés comme Piave et Antonio
Ghislanzoni, il donne l’année suivante à Paris, Margherita la mendicante (Marguerite la mendiante). En 1862 la Scala voit naître Mormile
ayant, selon lui, « çà et là des formes
trop avancées pour l’époque ».
C’est là que, manquant de confiance en lui-même ou
ébloui par une soif de succès, Braga fait un choix et le
regrette plus tard : « je crois que si j’avais,
avec une plus grande fermeté, suivi les traces de Mormile,
peut-être aujourd’hui, au lieu d’être un
violoncelliste, je serai un compositeur en vue ! J’ai
voulu retourner en arrière et j’ai vraiment mal fait [malissimo, selon son mot !], parce que si dans les opéras qui suivirent Mormile
se trouvent des passages me faisant honneur, ils manquent en
général de ces ressources tellement nécessaires
pour qu’un opéra puisse aujourd’hui s’affirmer
et se soutenir avec succès ».
Ce « retour en arrière » commence par se
heurter à la concurrence, pour ainsi dire, puisque son Ruy Blas
(1868) n’est pas créé, car on lui
préfère celui de Filippo Marchetti dont le succès
formidable s’allume comme une traînée de poudre.
Vient ensuite Reginella, contemporaine de Aida (1871), mais sentimentale d’esprit comme Il Ritratto. A l’âge de quarante trois ans seulement, il compose son dernier opéra, Caligola (créé en 1873), et le plus intéressant selon Maurizio Giarda (3)
qui explique comment il se rattache à la vogue
« grand-opéra à la
française » que connaissait la production italienne
de l’époque : Aida, Salvator Rosa de Gomes et La Gioconda, mais aussi La Contessa di Mons de Lauro Rossi (1810-85), Bianca Orsini d’Errico Petrella (1813-77), Giuseppe Balsamo de Filippo Sangiorgi (1831-1901), Selvaggia de Francesco Schira (1809-83), Linda d’Ispahan de Francesco Malipiero (1824-87)… des titres qui nous laissent évidemment rêveurs.
Outre des morceaux pour violoncelle, « son »
instrument, il compose, notamment sur des textes d’Alfred de
Musset et de Sully Prudhomme, de nombreuses romances, comme son
collègue célèbre et compatriote des Abruzzes,
Francesco Paolo Tosti. Une certaine Leggenda valacca ou Serenata dell’Angelo
aida le nom de Braga à passer (un peu) à la
postérité en survivant jusqu’à nous,
inlassablement raclée
sur ces vieux disques crépitant à 78 tours, par les
aiguilles d’acier des phonographes aux pavillons magnifiques,
d’où s’échappaient, nasillardes, les
interprétations des célèbres Luisa Tetrazzini,
Erna Sach, Fritz Kreisler…Demeuré le morceau plus connu
du compositeur, cette Serenata
est bien représentative de l’écriture de Gaetano
Braga car elle condense de manière saisissante deux
esprits, deux styles : une délicate sensibilité
romantique et une tendre nostalgie fin de siècle. Cette romance,
originalement écrite pour mezzo-soprano, violoncelle et piano,
inspira d’ailleurs à Anton Tchekhov Le Moine noir,
nouvelle tourmentée comme la littérature russe
pouvait en produire. Précisons du reste que ces musiques non
opératiques de Braga existent au moins sur deux cd qui lui sont
consacrés (publiés par Bongiovanni et Wide Classique).
Mais quelle saveur a donc Il Ritratto ?!
Une question légitime que de s’interroger sur le style d’un compositeur né avec La Straniera (1829) et devant vivre jusqu’à Madama Butterfly (1904), et même jusqu’à la « moderne » Gloria
de Francesco Cilea (1907) ! En fait, sa période de
composition d’opéras se place en cette époque mal
connue (ou seulement connue à cause de cela !), car tentant
d’évoluer dans un « air du temps »
amplement imprégné d’un certain géant
prénommé Giuseppe… La brûlante Jone, opéra le plus connu d’Errico Petrella, créé comme Il Ritratto
en 1858, en est l’éclatant témoignage. C’est
l’époque de la fin de ces années 1840, où
disparaît Donizetti, laissant Pacini et Mercadante prolonger les
feux d’un Romantisme un peu las, jusqu’à la
« Scapigliatura » des années 1870,
influencée par le grand-opéra français et
précédant l’éclosion de la
« Giovane Suola » (commodément
appelée Vérisme).
Au reste, on devrait plutôt se demander, à propos de ce Portrait
: quelles couleurs a-t-il ! et précisément,
tenter de saisir le style de Braga est ici une opération
délicate, car Il Ritratto
appartient à ce curieux genre
« semiserio » assez prisé dans la
première moitié du siècle. Ses composantes
principales sont une intrigue sérieuse, avec la
thématique de l’innocence persécutée, un
personnage bouffe et une fin heureuse. Rossini en composa quatre, fort
intéressants, L’Inganno felice, Torvaldo e Dorliska, La Gazza ladra, et Matilde di Shabran. Donizetti nous en laisse neuf dont les charmants Gianni da Calais, Francesca di Foix et Linda di Chamounix mais aussi ce bizarre et attachant Il Furioso all’isola di San Domingo, ceci pour ne citer que les deux plus illustres compositeurs s’étant distingués dans le genre.
On ne peut en parler que par rapport à ce que l’on
connaît, or, en pleine gloire verdienne (pensons qu’en
1858, Rigoletto, La Traviata, Il Trovatore et Simon Boccanegra avaient
vu le jour !), la musique que l’on entend dès la
sympathique ouverture fait plutôt penser à Donizetti, par
la grâce des motifs, l’orchestration claire, limpide, mais,
avec dans la mélodie, quelque chose de plus
« corsé », de moins contemplatif et
c’est là l’influence verdienne, une sorte de vigueur
plus directe dans la mélodie.
A mesure que se « peint » ce délicat Ritratto,
on découvre ainsi le talent de Gaetano Braga. Cela commence,
dans la tendre ouverture, par le délicieux thème
sentimental si plaisamment récurrent et à la
séduction immédiate. Vient ensuite
l’irrésistible chœur d’introduction, alliant
grâce donizettienne et piquant verdien… mais Braga là-dedans ?
pourrait-on dire… eh bien Braga fond savamment les deux styles,
avec son propre talent, sa sensibilité, sa chaleur…
Ah ! ces élans lyriques avec une montée de ferveur
libératrice bien donizettienne, (première partie duo
tén.-sop. à l’acte II), et ces exquises cabalettes
en tempo de valse…
Evidemment, qui est rompu aux opéras de Rossini et Donizetti
pourrait sembler parfois déçu, en cherchant la saveur
d‘un morceau, habitués que nous sommes au génie de
ces deux Grands, leur dictant des mélodies toujours attachantes
ou retenant au moins l’attention !
L’entrée de l’héroïne, par exemple, avec
de prometteuses vocalises hors scène accrochant l’auditeur
d’une certaine chaleur romantique retouchée d’une
nostalgie fin de siècle, pourrait lors d’une
première audition, avoir du mal à nous charmer
complètement, voire à soutenir
l’intérêt. Ecoutant ainsi Braga unir la grâce
donizettienne à la vigueur verdienne, on serait tenté de
conclure, un peu désabusé : voilà du déjà entendu,
auquel manque l’étincelle du génie venant soutenir
une habileté efficace mais insuffisante. Or, en
réécoutant l’air, on y trouve une pointe de
mystère enveloppant toutes les fleurs que
l’héroïne propose gracieusement aux personnages
présents, un parfum subtil de mélodie moins évidente.
Par ailleurs, Braga se tire musicalement fort bien des moments bouffes,
utilisant notamment à l’orchestre, encore en 1858, des
notes « rebattues » à la Rossini
(l’air bouffe du garde-chasse), mais avec d’une
manière plus discrète. Il tient bien sûr compte de
la tendance donizettienne à veiner ces moments bouffes
d’une ombre de mélancolie ou au moins de
sentimentalité. C’est ainsi que dans le trio de
l’acte II, mêlant avec bonheur esprit comique et
sentimentalité, Braga nous offre l’un de ces
irrésistibles passages unissant simultanément le chant
syllabique d’un baryton et/ou d’une basse, à la
belle phrase lumineuse et remplie de chaleur passionnée du
ténor (Rossini nous en a laissé un superbe exemple dans Torvaldo e Dorliska).
Lorsque l’atmosphère bascule dans le sérieux (Finale I°), la musique suit et Braga se montre à la hauteur d’assumer son style par rapport à l’air du temps, qu’il élabore à sa propre manière, avec son lyrisme à lui, sa propre sentimentalité.
Techniquement, on remarque que les cabalettes et les strettes
élancées concluant les airs, duos et ensembles sont
dépourvues de Da Capo.
Si c’est le fait de coupures, on peut d’autant plus le
déplorer qu’il s’agit d’une
redécouverte. Il se peut d’autre part que le compositeur
n’ait pas souhaité de reprise, comme cela se faisait
parfois. Quant aux conclusions orchestrales standard,
symétriques, ou quelque peu naïvement pompeuses, comment
les reprocher à cet autre Gaetano (Braga) alors qu’un
Vincenzo (Bellini) en faisait autant !
L’intrigue
Un résumé de l’intrigue ne
semble pas superflu pour un public francophone ne lisant ni
l’italien ni l’anglais… d’autant que
l’opéra est vraiment inconnu !
L’action se déroule au mois d’août 1615, aux
environs de la cité d’Ascoli Piceno, dans la région
centrale des Marches. Gernando, jeune peintre amoureux transi,
traîne son amour impossible pour la belle duchesse Irene,
mariée à un homme dur et cruel. Son ami le comte di
Villaltieri lui montre une lettre lui annonçant la mort du mari
cruel, piètre consolation en fait, car la duchesse
elle-même n’est plus vivante, révèle à
son tour le peintre ! Le comte tente de le consoler en
l’invitant à connaître une voisine fleuriste
ressemblant de manière saisissante à la duchesse. Le
peintre en tombe évidemment amoureux, malgré les
manières un peu rudes de cette dernière. Le comte voulant
le tirer de ce mauvais pas, ordonne à son employé, le
garde-chasse Giannetto, d’épouser la fleuriste mais
Gernando, ainsi que la jeune femme du reste, ne l’entendent pas
de cette oreille : c’est la fin contrastée du premier
acte.
Le comte conçoit un autre stratagème et propose à
Gernando de faire de la jeune femme un portrait (donnant son titre
à l’opéra) en toilette de noble dame,
espérant en secret que le riche habit exacerbe le contraste avec
les rudes manières de la paysanne. Gernando souhaite peindre son
modèle dans l’attitude de quelqu’un qui lit et
cherche un livre… en vain. Il tire alors de sa poche la lettre
annonçant la mort du méchant duc, la fleuriste proteste
de ne pas savoir lire, ce qui importe peu, précise Gernando.
Gelsomina pose ses yeux sur la feuille et
s’évanouit ! Gernando a tôt fait de
comprendre que la petite fleuriste Gelsomina est
sa bien-aimée Irene ! Elle révèle en
effet de s’être fait passer pour morte afin de se
protéger de son brutal époux. Le comte survient au moment
où ils s’enlacent et estime d’autant plus
qu’il est temps de la renvoyer à ses choux et à ses
chèvres ! Détrompés, le comte et
même Giannetto font amende honorable. La duchesse Irene leur
pardonne avec bonté et déclare dans son air final que,
Gelsomina ou Irene, elle est toujours la même : une jeune
femme opprimée s’étant réfugiée dans
cette campagne, amène comme ceux qui l’habitent. Le comte
déclare avec humour que le peintre conservera certainement l’original, ainsi pourra-t-il espérer recevoir au moins la copie (le portrait) !
Les interprètes
Le ténor Aldo Di Toro présente un
timbre clair, éclatant mais souple et chaleureux, avec de petits
effets de coups de glotte allant bien avec le style naivement
passionné de la musique confiée à l’amoureux
transi qu’il est. Liliana Marzano nous charme de son beau timbre fruité
– ou plutôt fleuri, puisque Gelsomina (Jasmine) est une
plaisante fleuriste. Elle assume joliment un rôle à vocalises sucrées à la Betly
donizettienne, c’est-à-dire tendres, chaleureuses, jamais
précipitées et abandonnées au gré
d’un berceur rythme de valse. Le baryton Denver Martin Smith
possède un timbre noir au point qu’on a du mal à
croire qu’il est un personnage positif et non un vil Wurm de Luisa Miller !
sa prononciation rugueuse de l’italien augmente encore cette
impression, mais la belle carrière qu’il mérite
saura lui voir acquérir une fluidité bienvenue dans la
langue lyrique par excellence. La basse Leonardo Galeazzi offre un
timbre pourtant plus grave que celui du comte, mais proche par la
noirceur. Il répond fort bien à l’un des
ingrédients de l’opéra semiserio, le personnage
bouffe, ici un « garde-chasse en chef » et
« intendant de campagne » (Intendente rustico !), selon ses termes, imbu de lui-même malgré son nom de Piantacavoli (Plantechoux ).
Le chef fait vibrer avec justesse l’Orchestre de la saison
lyrique de la ville de Teramo, qui répond avec une belle
précision à toutes ses injonctions, se faisant suave ou
suggestif, tourmenté et dramatique. Les chœurs de Teramo
répondent à merveille aux intentions de la musique,
tantôt piquante et malicieuse, tendre ou dramatique, que le charmant Braga dédie aux paysans de ces belles grandes collines des Appenins (la scène se déroule à Ascoli).
Les amateurs connaissant Il Domino nero
de Lauro Rossi (1849), publié par la même Casa
Bongiovanni, dont on ne se lassera pas de saluer le mérite, ont
certainement été frappés par l’aspect
flamboyant de cette œuvre, pourtant opéra-bouffe, à
l’inspiration nous tenant toujours en haleine. Or Il Ritratto est une oeuvre en demi-teinte, délicatement passionnée (cela est dû aussi à son style semiserio), respirant le plus suave et envoûtant parfum de l’air du temps de
ces années 1840-50, hérité de
parfumeurs-alchimistes nommés Donizetti, Pacini, Ricci,
Mercadante…
En tant que tel, cet opéra est destiné aux
passionnés de ce fabuleux XIXe siècle italien, toujours
curieux de connaître mieux cette époque
post-romantique… en soulevant l’ombre gigantesque du
Maestro Verdi, afin de dévoiler les délicats coloris de
ce Ritratto…
Yonel Buldrini
(1) Alfredo Colombani : L’opera italiana nel secolo XIX°,
volume hors commerce offert aux abonnés du célèbre
quotidien Corriere della Sera. Milano, tipografia del Corriere della
Sera, 1900. Document vraiment précieux, en particulier pour les
compositeurs oubliés dont, précisément, on se
souvenait encore, et fort bien, en 1900 !
(2) Renseignements proposés par
l’intéressante notice de Galileo Di Ilio et Giovanni Di
Leonardo, respectivement directeur artistique et président de
l’ « Associazione Culturale Gaetano Braga »
de Giulianova, et qui nous parlent aussi des tournées et voyages
de Braga, de Vienne à Moscou et aux Etats-Unis
d’Amérique. www.giulianovaweb.it
(3) Dans un fabuleux recueil de compositeurs italiens du XIXe siècle : www.primonumero.it/musica/classica.php?id=161
Commander ce CD sur Amazon.fr
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