Elisabetta
regina d'Inghilterra
Giaocchino ROSSINI
Elisabetta : Lella
Cuberli
Leicester : Antonio
Savastano
Norfolk : Rockwell
Blake
Matilde : Daniela
Dessi
Enrico : Adriana
Cicogna
Guglielmo : Mario
Bolognesi
Teatro Regio de
Turin, 7 novembre 1985
Direction : Gabriele
Ferro
Mise en scène
: Gianfranco de Bosio
1 DVD Hardy Classic
Hardy Classic repropose en DVD la captation
d'un spectacle de 1985 au Regio de Turin, déjà proposé
en vidéo voici plusieurs années. On était alors en
pleine "rossini-renaissance", et la distribution était à
l'aune de l'événement, menée par un Rockwell Blake
à sa pleine apogée, dans le rôle du méchant
Norfolk (mais il a aussi interprété par ailleurs le gentil
Leicester), jarret conquérant sous ses bas blancs, maquillage charbonneux
comme une star du muet. En 1985, la voix est éclatante, le souffle
inépuisable, l'agilité incroyable : dans son grand air avec
choeur du deuxième acte, le ténor reste encore, dix-sept
ans après, inégalé.
Lella Cuberli à cette époque est également au faîte
de sa splendeur et on l'entend avec un brin de nostalgie, car si on peut
encore aujourd'hui profiter des prestations de Rockwell Blake, la voix
de la soprano s'est définitivement éteinte. A la vue de son
profil de camée, de son port de reine, à l'écoute
de sa voix impeccable de style et d'autorité, on se prend à
évoquer le spectre de la créatrice du rôle, Isabella
Colbran, dont Stendhal louait la beauté aristocratique et la présence
scénique.
En second rôle féminin, se trouve une Daniela Dessi (en
kilt !) saine et fraîche, le timbre dense et ferme, prouvant qu'elle
aurait pu se tourner, si elle l'avait voulu, vers le répertoire
belcantiste.
Les choses se gâtent avec Antonio Savastano, interprète
de Leicester. Le ténor connaît visiblement les règles
du bel canto, les intentions y sont, mais malheureusement pas les
moyens : court d'aigu, sans agilité, sans aura, avec de plus - alors
qu'il se trouve aux coté de partenaires élancés et
scéniquement crédibles - une silhouette ronde et courtaude
(Daniela Dessi est plus grande que lui pendant les duos d'amour, alors
qu'il porte des talonnettes !).
La direction de Gabriele Ferro est anodine, plus ou moins soporifique.
La mise en scène de Gianfranco de Bosio a été réalisée
avec l'apport d'un historien de la scénographie, Franco Mancini,
afin de situer l'action dans un cadre inspiré de la mise en scène
originelle de Niccolini. Pour tout dire, cette résurrection, presque
200 ans après la création, ne s'imposait pas vraiment. La
scénographie se borne à un concert en costumes sur fond de
décors en toile peinte assez passe-partout, avec quelques défilés
de figurants et des choristes plantés comme des piquets. Adrianna
Cicogna réussit même l'exploit de se précipiter pour
désarmer Rockwell Blake avant même qu'il n'ait tiré
son épée ! De plus, l'image n'est pas fameuse pour un DVD,
du niveau d'une cassette vidéo.
Enfin bref, sachant qu'il n'existe pas de version convenable au disque,
un coffret CD aurait été tout aussi utile, car la prestation
vocale justifie à elle seule l'achat d'urgence de ce DVD. Avis aux
bricoleurs de tout poil pour en réaliser le report sur CD.
Notons pour finir une plaquette d'accompagnement très intéressante,
même si le traducteur y parle plusieurs fois sans défaillir
"d'Isabella Coibran" !
Catherine Scholler