Gioacchino
Rossini
Stabat Mater
Iride Martinez,
soprano
Sara Mingardo,
mezzo-soprano
Charles Castronovo,
ténor
John Relyea, basse
Chorus musicus
Das neue orchester
Christoph Spering,
direction
1 CD Opus 111
De prime abord, la parution de
ce CD surprend. Les enregistrements du Stabat Mater de Rossini sont nombreux,
et on voit assez mal avec quelles armes l'éditeur pourrait concurrencer
les versions DG (Chung / Orgonasova, Bartoli, Gimenez, Scandiuzzi, et Giulini
/ Ricciarelli, Valentini Terrani, Gonzales, Raimondi) ou Philips (Bychkov
/ Vaness, Bartoli, Araiza, Furlanetto). Le prix n'est même pas un
critère, puisqu'il existe une version Naxos à 51 francs !
Puis on lit sous le nom des instrumentistes la mention « sur instruments
d'époque » ce qui, concernant un compositeur du XIXème
siècle, laisse perplexe !
Le projet se précise quand
on apprend page 8 de la plaquette de présentation que l'orchestre
Das Neue Orchester joue sur instruments anciens, « pour étendre
aux répertoires classiques et romantiques la réflexion sur
le son et le discours initié par les musiciens baroques ».
Vaguement agacé par cette
nouvelle mode d'appliquer un peu partout des recettes dont la musique baroque
avait grand besoin, mais qui ne sont pas forcément utiles pour un
autre répertoire (à quand Wagner sur flûte à
bec et clavecin ?), on passe à l'écoute, et là, miracle,
on entend une exécution impeccable de l'oeuvre, au service d'une
vision très « opératique », mais également
légère, dégraissée, aux tempis alertes sans
être précipités (l'écoute dure 53mn contre 65
chez Bychkov !). Si l'on se livre aux joies de l'écoute comparative,
les autres versions en sembleraient presque grandiloquentes !
L'orchestre possède une
belle sonorité, la direction joue sur la vivacité et la tension
dramatique, gommant tout aspect grandiose, tout pathos superflu. On a l'impression
tout le temps de l'écoute d'un réel travail d'équipe.
Les voix des solistes, bons, et
même largement mieux que bon en ce qui concerne Sara Mingardo, se
fondent idéalement : là encore, pas de show de star, mais
un bel ensemble homogène. Il est clair toutefois que Sara Mingardo
mise à part, ces solistes ne possèdent pas la beauté
pure de la voix ou le moelleux du timbre des vedettes citées plus
haut, mais ce fondu des voix joint à la légèreté
de l'orchestre nous vaut un superbe duo soprano/alto, et un enthousiasmant
quatuor a capella confié non pas au choeur comme c'est l'usage,
mais aux solistes, comme très vraisemblablement Rossini l'avait
conçu.
Il est probable que cet enregistrement
ne peut exister que par comparaison avec les grandes versions classiques.
Telle qu'il est, il nous offre une vision différente et diablement
séduisante du Stabat Mater de Rossini.
Catherine Scholler
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