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Nicolai Rimsky-Korsakov

SADKO

Opéra-byline en sept tableaux
Livret du compositeur

Sadko : Vladimir Galusin
Volkhova : Valentina Tsidipova
Lyubava Buslayevna: Mariana Tarassova
Le marchand viking : Bulat Minjelkiev
Le marchand vénitien : Alexander Gergalov
Le marchand indien : Gegam Grigoriam
Océan, le roi des mers : Sergei Aleksashkin
Nezhata : Larissa Diadkova
Les échevins : Evgeni Boitsov, Gennai Bezzubenkov
Les saltimbanques de la ville: Vladimir Ognovienko et Nikolai Gassiev
Le vieux pèlerin : Nicolai Putilin
Les saltimbanques : Tatiana Filimonova et Svetlana Volkova
Les devins : Yuri Dolgopolov, Valery Sobanov, Vladimir Kniazev et Roman Gibatov
Les poissons aux écailles d’or : Alla Dmitrieva, Nonna Shestakova, Ekaterina Galanova et Alexandra Gronskaya

Mise en scène : Alexei Stepanuk
Décors : Viacheslav Okunev
Réalisation : Brian Large
Chœurs, ballet et Orchestre du Théâtre Mariinsky de Saint Petersburg
Direction : Valery Gergiev
Enregistré en 1993 au Théâtre Mariinsky

1 DVD PHILIPS 070-4399
174 minutes – Pas de bonus




Une plongée au Kirov


Quelques années après la création de Sadko en 1895 (1), le dictionnaire des théâtres impériaux de Russie qualifiait Sadko d’œuvre à la mise en scène « complexe et chère ». La production du Théâtre Mariinsky en 1993, déjà sortie en CD (2) et en VHS chez Philips, en est une luxueuse illustration, un siècle après. Les costumes et les décors sont somptueux, tant dans le « vrai monde » (Novgorod, les bords du lac d’Ilmen ou la maison de Sadko), que dans l’imagination du troubadour, hyper réaliste (les cygnes sont bel et bien blancs ; les écailles des poissons brillent comme de l’or 18 carats et on dirait que le roi des mers vient à peine de se débarrasser de quelque algue collante) ! Bref, on en a pour son argent. Mais, après tout, y a-t-il tant de façons de représenter un opéra-byline (3) ?

La contre-partie est évidente : soit on accepte la règle du jeu, soit on reste totalement étranger au spectacle. Dans la première hypothèse, on passe un très agréable moment : l’histoire, quoique totalement abracadabrantesque et souvent largement déconnectée de ce que l’on entend (Rimsky avouait chercher d’abord la tonalité et l’air, avant de se demander où il pourrait les utiliser), est une fable qui ne manque pas de poésie et d’exotisme. On n’assiste pas à une grande fresque historico-politique mais on est plongé dans l’imaginaire russe. Sadko s’inscrit ainsi plus dans la lignée du Coq d’or que dans celle de Boris. En revanche, dans la seconde hypothèse, on se sent comme un touriste descendu par erreur de son avion au fin fond de la Russie éternelle, presque comme un voyeur ou comme un visiteur au zoo. Au demeurant, on se demande si ces chanteurs, tous russes ou russophones, extraordinairement naturels (voyez la foule des marchands de Novgorod, aux premiers et quatrièmes tableaux, avec en particulier les deux saltimbanques), ont vraiment besoin d’un metteur en scène.

Aidé en cela par l’énergie devenue légendaire de Valery Gergiev dont la notoriété, en 1993, n’avait guère atteint l’Europe de l’ouest, on ne doit pas avoir trop de difficultés à entrer dans le spectacle. La musique est très riche, alternant les leitmotivs, les récitatifs épiques, légèrement chantants, dont on trouve d’autres exemples dans les bylines de Riabinine, les chansons populaires, les interventions des choeurs et les morceaux de bravoure comme les vocalises de Volkhova, ou les couplets du marchand indien. Souvent, c’est même très bien écrit ! Les chœurs sont excellents, malgré quelques décalages ici et là avec l’orchestre.

Le plateau est impeccable. Dans le rôle titre, écrasant, Vladimir Galousine, très vaillant et bon acteur, est convaincant, même si on décèle facilement les défauts que ses rôles ultérieurs, Otello notamment, vont aggraver jusqu’à le rendre difficilement audible : outre des problèmes de justesse récurrents, certaines notes dans le haut-médium sont systématiquement détimbrées et la projection paraît, en tout cas sur l’enregistrement, fort irrégulière. L’autre ténor principal, même si le rôle du marchand indien est bref, est Gegam Grigorian. Dans sa mélodie ultra-célèbre vantant les beautés de son pays, il fait montre de l’étendue de sa technique et de son sens du legato.

Du côté féminin, le cast est au niveau : on remarque la toute jeune Larissa Diadkova, membre de la troupe, en joueur de gousli de Kiev ; Volkhova, fille du roi de l’océan, est Valentina Tsidipova ; mais c’est Marianna Tarassova qui, en épouse délaissée de Sadko, sort nettement du lot, en particulier dans l’air de Lioubava du troisième tableau.

Ainsi, au total, ce premier DVD de Sadko est idéal pour ceux qui voudront découvrir cette œuvre qui gagnerait à être programmée à Paris. En 2008, on fêtera le centenaire de la mort de Rimsky-Korsakov.



   Jean-Philippe THIELLAY


Notes

(1) Rimsky-Korsakov, qui lui était très attaché, avait composé un poème symphonique sur cette légende en 1865.

(2) Philips 442138-2 3CDs


(3) Chant épique de la Russie traditionnelle



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