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Richard STRAUSS (1864-1949)
SALOMÉ
Drame musical en un acte
D’après la pièce d’Oscar Wilde,
traduite en allemand par Hedwig Lachmann
Hérode : Hans Beirer
Herodias : Astrid Varnay
Salomé : Teresa Stratas
Jochanaan : Bernd Weikl
Narraboth : Wieslaw Ochman
Le page d’Herodias : Hanna Schwarz
Le premier Juif : Friedrich Lenz
Le deuxième Juif : Ewald Aichberger
Le troisième Juif : Kurt Equiluz
Le quatrième Juif : Karl Terkal
Le cinquième Juif : Alois Pernerstorfer
Le premier Nazaréen : Heinz Klaus Ecker
Le deuxième Nazaréen : Norbert Heidgen
Le premier soldat : Reinhold Möser
Le deuxième soldat : Wolfgang Probst
Un Cappadocien : Nikolaus Hildebrand
Wiener Phliharmoniker
Direction : Karl Böhm
Mise en scène : Götz Friedrich
Décors : Gerd Staub
Costumes : Jan Skalicky
Chorégraphie : Robert Cohan
Enregistrement du son : Vienne, mars 1974
Filmé à Vienne en juillet/août 1974
DEUTSCHE GRAMMOPHON DVD 00440 073 4339
101 minutes – NTSC 4/3. Toutes zones.
Son dolby Digital 5.1/PCM STEREO
Lolita Salomé
Symbole
de la transgression, quoique issue des Evangiles, Salomé ne peut
qu’inspirer Oscar Wilde, puis Strauss, qui garde du premier la
concision théâtrale, encore accentuée par quelques coupures, et
l’architecture d’un seul acte linéaire, rythmé par le chiffre trois des
demandes et refus réitérés de Salomé et Jokanaan puis d’Hérode et
Salomé. Dans une spirale violente et foisonnante, dense, haletante,
surprenante à bien des égards, il fait courir Salomé vers
l’anéantissement, évitant le piège de l’exotisme (pas toujours, comme
en témoigne la Danse des Sept Voiles, laquelle n’est pas à nos yeux le
meilleur moment de la partition), et se jetant dans un portrait de
femme somptueux, culminant dans le long monologue final.
Le grand intérêt de cette Salomé
enfin rééditée est bien sûr l’incarnation exceptionnelle de Teresa
Stratas, comme un bout d’essai génial avant sa future Lulu. Stratas
« est » incontestablement Salomé, théâtralement et vocalement. Elle
allie idéalement la fraîcheur et la perversité d’une Lolita à la fois
victime et manipulatrice, qui désire pour la première fois l’homme
qu’elle ne peut avoir, Jokanaan, et qui doit subir en même temps le
désir le plus primaire, celui d’Hérode. Désir inassouvi qui devient dès
lors nécessité vitale pour Salomé comme pour Hérode, puis impasse, au
risque de le payer de sa vie. Aux côtés de Teresa Stratas, belle,
hallucinée, vocalement rayonnante, et finalement touchante, Astrid
Varnay hurle efficacement sa vulgarité, Hans Beirer joue (bien) plus
qu’il ne chante sa pensée libidineuse, et Bernd Weikl tente d’émerger
derrière la masse de sa perruque. Mais qu’importe ! On n’a d’yeux que
pour Salomé… Et des oreilles pour Böhm, qui dirige sans emphase un
Philharmonique de Vienne superlatif, lyrique, ductile, malgré un bande
son peu flatteuse. Salomé Stratas ne mène pas que la danse, elle mène
ce bal infernal de bout en bout, souveraine, actrice incomparable.
Resta
à parler de ce qui sera pour les âmes sensibles insupportable, et pour
les amateurs de kitsch un délice : une mise en scène inventive et
lisible, des costumes et décors peplumesques à souhait (mais Stratas
casquée de gris, c’est sublime), une danse plus arpentée que
chorégraphiée, enfin une réalisation qui s’acharne à capter geste et
rictus, regards et lèvres, la caméra devenant avec volupté un autre
personnage, qui s’ingénierait à suivre la moindre inflexion et le
moindre désir de ce violent huis clos. Et côté synchronisation, ça
pèche souvent. Mais foin des grincheux, c’est un « film d’opéra »,
comme on n’en fait hélas plus, acharnés que sont désormais les
réalisateurs à faire croire que l’on est au théâtre devant son petit
écran… Non, ici on est sur scène, on virevolte autour des acteurs, on
souffre et on désire avec eux, tout près de leurs visages, et l’on
sentirait même en se penchant un peu plus près encore le parfum de
Salomé : comment diable Jokanaan a-t-il résisté ?
Sophie ROUGHOL
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