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Joseph SCHMIDT (1904-1942)
Airs et Mélodies
Airs de Mozart, Donizetti, Flotow, Halévy, Meyerbeer, Verdi,
Puccini, Leoncavallo, Massenet, Tchaïkovski, Adam, Smetana,
Strauss II, Dellinger et Lehar
Mélodies de Meyer-Helmund, Lewinnek, Niederberger, von Mory,
Goetze, May, Serrano, Rossini, Biscardi, Leoncavallo, Tosti et
Buzzi-Peccia
Naxos – 811131819

C'est dans les vieilles casseroles...
Cantor de synagogue et artiste de radio, chanteur d’opéra
étranger aux planches, fuyant le régime nazi,
d’abord à Bruxelles puis à Lyon, Joseph Schmidt
trouva la mort à trente-huit ans, victime d’une
santé fragile qui n’aura pas été
ménagée par les velléités
antisémites du peuple-même qui l’avait
plébiscité quelques années plus tôt.
Au-delà de l’artiste maudit dont le destin est
aujourd’hui plus célèbre que les talents, il faut
saluer en Joseph Schmidt l’une des voix les plus
intéressantes de l’entre-deux guerres.
Qu’a-t-elle de remarquable ? On note un médium et un
bas médium crasseux voire graillonneux, une élocution
allemande dont les juifs eux-mêmes disent qu’elle
n’est pas dénuée de couleurs yiddish, un italien
plus que problématique et un panache, une niaque, une
énergie,… des suraigus, des tonnes de suraigus :
à droite et puis à gauche. Des coloratures
étonnantes pour un chanteur de cette époque. Au fond,
dès lors qu’on admet le principe d’une
interprétation définitivement fâchée avec le
style (quel qu’il soit) il apparaît impossible de ne pas
admettre que Joseph Schmidt ait été l’un des
ténors les plus excitants de sa génération.
D’abord, il faut noter que Schmidt, s’il était
chanteur d’opéra, n’a que très rarement
foulé les planches. Un volume vocal problématique et une
verticalité contrariée dans ses élans (Schmidt ne
mesurait pas beaucoup plus d’un mètre soixante)
l’ont cantonné à une carrière de chanteur de
radio, un peu comme sa consœur et quasi-contemporaine Maria
Stader (qui, elle, est morte dans son lit douillet à
quatre-vingt neuf ans). Car à l’époque, les radios
programmaient des saisons entières d’opéra.
Voilà pourquoi nous profitons aujourd’hui de ces
magnifiques bandes, souvent chantées dans la langue de Schiller
et ce quel qu’ait été l’idiome de
prédilection du compositeur enregistré. Autres temps,
autres mœurs. Mais toujours est-il que cela permit au pauvre
Joseph de faire valoir ses talents vocaux dans des répertoires
complètement incompatibles. Qui, aujourd’hui, chanterait Un Ballo in Maschera et puis Le Postillon de Longjumeau avec un égal bonheur ?
Ainsi, ce double disque que Naxos nous propose à prix avantageux
et dans un son tout à fait correct est-il le support
idéal pour découvrir ce chanteur exceptionnel. Les plus
téméraires écouteront, comme moi, les impossibles
mélodies de Meyer-Helmund, Lewinnek, Niederberger, von Mory,
Goetze, May et Serrano en se frappant les cuisses d’enthousiasme
tout en chantant à tue-tête l’immortel
« Hei-di hei-do hei-da ».
Camille De Rijck
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