Andreas
Scholl, contre-ténor
Academia Bizantina
Ottavio Dantone, clavecin
& direction
Francesco Gasparini Destati,
Lidia mia
Benedetto Marcello Quando
penso agl'affanni
Bernardo Pasquini Sinfonia
a quattro
Francesco Gasparini Ecco,
che alfin ritorno
Arcangelo Corelli Concertino
a 7
Bernardo Pasquini Navicella,
ove ten vai
Pietro Paolo Bencini Introduzione
a quattro
Alessandro Scarlatti Ferma
omai, fugace e bella
Enregistré en février
2003
Durée 78 min
1 SACD (Super Audio CD) DECCA
470 630-2
L'Arcadie n'en a pas fini de révéler
ses richesses et ses beautés. Si certains n'ont vu dans cette contrée
antique qui fascina l'art musical, littéraire et pictural des XVIIème
et XVIIIème siècles, qu'un prétexte à des galanteries
pastorales, l'Arcadie est en fait un microcosme de la société,
théâtre de tous les sentiments et des rapports humains. Emmanuelle
Haïm avec son disque de duos haendeliens et Bernarda Fink avec ses
cantates de Conti avaient récemment apporté leur contribution
dans la découverte de cette vaste littérature musicale.
Andreas Scholl explore un versant moins doloriste et plus virtuose avec
des cantates inédites de Gasparini, Marcello, Pasquini et Scarlatti.
Si la forme reste généralement conventionnelle - alternance
de récitatifs et airs da capo - l'invention mélodique
est d'une richesse et d'une inspiration non négligeables. Les oeuvres
choisies exploitent toute la thématique arcadienne : arie di paragone,
arie di tempesta, airs de sommeil et airs sylvestres se succèdent
en même temps que l'on rencontre Lydia, Amaryllis, Tirsis, les incontournables
bergères qui peuplent ces lieux.
Après s'être longtemps cantonné à la musique
sacrée, Andreas Scholl aborde depuis quelques années l'opéra
avec précaution, conscient de ses limites. Or, la cantate atteint
à cette époque la force dramatique et la richesse de véritables
opéras de chambre. Dans ce cadre, privé de la scène
et d'un personnage, le chant du contre-ténor se trouve à
nu et manque souvent d'impact. Manque également un sens du mot,
de l'italianità qui prive l'interprète d'une totale
liberté : l'effort pour faire croire au texte se fait aux dépens
d'un naturel et d'une palette d'émotions réellement nuancée.
Mis à part ces réserves, on ne peut que se laisser séduire
par un timbre toujours aussi enivrant. La voix ne cesse de s'étoffer,
prenant de la rondeur, s'homogénéisant sur toute la tessiture.
Des graves sonores se sont maintenant ajoutés à des aigus
toujours aussi purs et cristallins. Si la technique reste admirable et
la vocalise d'une précision remarquable, les da capo ne sont
pas vraiment inspirés et décevraient chez un interprète
rompu à ce genre.
L'Accademia Bizantina soutient quant à elle le chanteur avec
beaucoup d'attention et d'intérêt : phrasés incisifs
et dynamiques qui évoquent souvent l'Europa Galante, virtuosité
sans faille quoiqu'un peu raide. Les oeuvres orchestrales de Corelli et
Bencini, par leurs dissonances et chromatismes, apportent une touche doloriste
qui fait défaut à cette Arcadie au final peu théâtrale,
mais d'une indéniable beauté musicale.
Sévag TACHDJIAN
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