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A foszerepben Simandy Jozsef
Jozsef Simandy (1916-1997)
Gaetano Donizetti (1797-1848) : Lucia di Lammermoor
Lucia, bocsáss meg… (Lucia, perdona…)
Jozsef Simandy, ténor (Edgardo) - Karola Ágay, soprano (Lucia)
Orchestre Philharmonique de Budapest - Direction András Kórodi
(Enregistré en 1962)
Richard Wagner (1813-1883) : Lohengrin
Nagy messze táj… (In fernem Land…)
Jozsef Simandy, ténor (Lohengrin)
Orchestre de l'Opéra d'État de Hongrie - Direction Miklós Lukács
(Enregistré en 1954)
Ferenc (Franz) Erkel (1810–1893) : Bánk bán
Hívtál, Petúr bán...
Jozsef Simandy, ténor (Bánk) - János Fodor, baryton (Petúr) - György Melis, baryton (Biberach)
Orchestre de l'Opéra d'État de Hongrie - Direction Vilmos Komor
(Enregistré en 1954)
Giuseppe Verdi (1813-1901) : Aïda
Pur ti riveggo, mia dolce Aida...
Jozsef Simandy, ténor (Radamès) - Paula Takács,
soprano (Aïda) - Rózsi Delly, mezzo-soprano
(Amnéris) - Sándor Svéd, baryton (Amonasrto) -
György Litassy, basse (Ramfis)
Orchestre de l'Opéra d'État de Hongrie - Direction Francesco Molinari-Pradelli
(Enregistré en 1956)
Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893) : Eugène Onéguine
Hová, hová tûnt el a tavasz napja… (Kuda, kuda, kuda vi udalilis…)
Jozsef Simandy, ténor (Lenski)
Orchestre de l'Opéra d'État de Hongrie - Direction Pál Varga
(Enregistré en 1956)
Pietro Mascagni (1863-1945) : Cavalleria Rusticana
Anyám ! Az óbor nagyon erôs volt ! (Mamma, quel vino è generoso…)
Jozsef Simandy, ténor (Turiddu)
Orchestre de l'Opéra d'État de Hongrie - Direction Miklós Lukács
(Enregistré en 1953)
Ruggero Leoncavallo (1857-1919) : I Pagliacci
No, menjünk be, öltözni kell, siessünk ! -
Játszani, midôn elfog a téboly (Andiamo, via,
vestitevi padrone - Recitar ! Mentre presso dal delirio)
Jozsef Simandy, ténor (Canio) - József Réti, ténor (Beppo)
Orchestre Philharmonique de Budapest - Direction Vilmos Komor
(Enregistré en 1964)
Giacomo Puccini (1858-1924) : La Bohème
Kocsiban ült ? (In un coupé ?)
Jozsef Simandy, ténor (Rodolfo) - György Melis, baryton (Marcello)
Orchestre de l'Opéra d'État de Hongrie - Direction János Kerekes
(Enregistré en 1959)
Giacomo Puccini (1858-1924) : Tosca
Tiszta csillagos éj volt... (E lucevan le stelle...)
Jozsef Simandy, ténor (Cavaradossi)
Orchestre de l'Opéra d'État de Hongrie - Direction Miklós Erdélyi
(Enregistré en 1963)
Giacomo Puccini (1858-1924) : Tosca
Ah ! Útlevél Floria Toscának... (Franchigia a Floria Tosca...)
Jozsef Simandy, ténor (Cavaradossi) - Mária Mátyás, soprano (Tosca)
Orchestre de l'Opéra d'État de Hongrie - Direction Miklós Erdélyi
(Enregistré en 1963)
Hungaroton Classic HCD 32463
Durée : 68’58

Un Georges Thill hongrois
Seuls les plus anciens ou les plus érudits connaissent aujourd’hui le nom de Jozsef Simandy,
ténor hongrois né en 1916 et mort en 1997, dont le label
compatriote Hungaraton tente d’entretenir la mémoire
à travers une compilation de dix titres piochés dans un
large répertoire : La Bohème, Lohengrin, Lucia,
Aida, Eugene Oneguine… En même temps que d’un
certain art, le produit témoigne sans le vouloir d’une
époque révolue où un chanteur pouvait aborder sans
férir toutes les écoles. Jozsef Simandy se montrait aussi
à l’aise dans l’opéra italien du XIXe
siècle (Il Trovatore, Don Carlo, Cavalleria rusticana,
Rigoletto, Otello, Tosca) que dans La flûte enchantée ou
Fidelio tout en étant considéré comme l’un
des ténors wagnériens les plus prometteurs de sa
génération. De nos jours, on ne brouille plus ainsi les
cartes. La disparition des troupes, la mise en place progressive du
système de stagione, la taille des théâtres, la
multiplication des déplacements, la mondialisation tout
simplement, ont eu raison de ce joyeux éclectisme.
Autre temps, autre mœurs : à l’époque
aussi, on n’interprétait pas les œuvres dans leur
langue originale ; on préférait les traduire.
C’est pourquoi nos grands-pères parlent de
« Comme la plume au vent » plutôt que de
« La donna é mobile ». Jozsef Simandy
appartient à cet âge là. Sur les dix extraits
proposés, seuls deux n’ont pas été mis
à la sauce magyare : Aida et Bánk bán (le
premier reste chanté en italien ; quant à
l’autre, il est déjà tout bonnement hongrois).
Difficile, dans ces conditions, à moins d’être
épris d’exotisme, de trouver la même
éloquence à « Tiszta csillagos éj
volt... » qu’à « E lucevan le
stelle », fût-il interprété par la plus
belle voix du monde.
Sans prétendre au titre, celle de Jozsef Simandy ne manque
évidemment pas d’atout : un grain poli, un
éclat mat, une émission naturelle et puissante qui
donnent à ces héros d’opéras une vigueur
à toute épreuve. Rien ne semble résister à
une pareille santé : ni les serments que Radames
profère à l’Aida saumâtre de Paula
Takács (une autre gloire locale), ni le vague à
l’âme de Rodolfo dans le duo du dernier acte de La Bohème
(György Melis qui lui donne la réplique ne semble
guère plus ébranlé), ni le désespoir
sauvage de Canio dans Paillasse. Rien si ce n’est dans les
enregistrements plus récents un vibrato parfois un peu large (I
Pagliacci en 1964) et une assise moins stable (Tosca en 1963).
Même Edgardo, face à la Lucia au petit pied de Karola
Ágay (dont la musicalité et l’essence
légère rappellent curieusement Natalie Dessay), se
présente avec la même assurance. On doit avouer
qu’on aimerait parfois moins de solidité, sentir la
lézarde courir le long du granit, qu’« In
fernem Land » s’exprime avec plus de schizothymie et
l’air de Lenski avec plus de douleur.
Passés le folklore et l’intérêt de la
rencontre, il y a donc pour chacun des numéros
présentés d’autres versions auxquelles on
préfèrera continuer de se référer, à
une exception près : le large extrait de Bank Ban
(plus de 7 minutes) qui permet de découvrir un musicien inconnu
à l’ouest de l’Europe, Ferenc Erkel,
considéré pourtant en Hongrie comme une figure
emblématique, compositeur de l’hymne national et
père de l’opéra, une espèce de Glinka magyar
qui aurait puisé son inspiration dans les élans
patriotiques du jeune Verdi. Le morceau proposé,
« Hívtál, Petúr
bán... », confronte d’ailleurs dans la grande
tradition italienne ténor et barytons héroïques. Il
ne manque ni d’inspiration mélodique, ni de
théâtralité, même si en l’absence de
résumé de l’action et de traduction des paroles, on
ignore pourquoi ces rudes gaillards se mesurent avec autant
d’ardeur.
Il aide surtout à réaliser le rayonnement de
József Simándy en son pays, comment et pourquoi le
chanteur, après avoir tardivement découvert sa voix
– il fut mécanicien automobile jusqu’à
l’âge de 22 ans – occupa le premier plan de la
scène locale de 1947 à 1980. Que l’on songe au
plaisir que l’on éprouve à écouter Roberto
Alagna ou Georges Thill chanter l’opéra français et
l’on aura compris.
Christophe RIZOUD
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