C  R  I  T  I  Q  U  E  S
 
...
[ Historique des critiques CD, DVD]  [ Index des critiques CD, DVD ]
....
......
Soile ISOKOSKI

Richard STRAUSS
Lieder avec orchestre

Das Rosenband
Ich wollt ein Sträusslein binden
Säusle, liebe Myrte
Als mir dein Lied erklang
Befreit
Ruhe, meine Seele !
Wiegenlied
Meinem Kinde
Zueignung
Morgen !
Die heiligen drei Könige aus Morgenland
Vier Letzte Lieder
Frühling
September
Beim Schlafengehen
Im Abendrot

Soile ISOKOSKI, soprano

Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin
Direction : Marek JANOWSKI

1 CD ONDINE ODE 982-2 (64'24'')
Textes allemands et traduction anglaise


Soile Isokoski a déjà une belle carrière derrière elle. Après des débuts en 1986, elle gagne de nombreux concours, puis chante sous la direction de maîtres tels que Mehta, Haitink ou Abbado, pour lequel elle enregistra Donna Elvira. La voix est moins crémeuse que celles de Kiri Te Kanawa ou Renée Fleming, plus pure encore et lumineuse, rejoignant la radiance d'une Gundula Janowitz, ou la naïveté désarmante de Lucia Popp. Cette dernière qualité se révèle par exemple dans Ich wollt ein Sträusslein binden ou dans le célèbre Wiegenlied, bien moins maniéré que celui, tant vanté, de Jessye Norman. Quant à l'articulation, les premiers mots de Ruhe, meine Seele ! ou de Morgen ! satisferont les plus sourcilleux nostalgiques d'Elisabeth Schwartzkopf. Il y a dans l'interprétation de ces lieder une simplicité souveraine qui, mêlée à l'intelligence profonde des poèmes, aboutit à un sentiment d'évidence miraculeuse, perceptible dès l'initial Das Rosenband ou dans le bref, mais illustre Zueignung. Même l'imposant et méconnu Die heiligen drei Könige aus Morgenland bénéficie de cet état de grâce, enjolivé par un orchestre de la radio berlinoise en totale adéquation avec la musique de Strauss, et dirigé par un Janowski tout épanoui. Ces deux talents réunis nous offrent dès lors probablement la plus merveilleuse interprétation des Vier Letzte Lieder depuis celle, mythique, de Gundula Janowitz avec Karajan (1974), une interprétation également très supérieure à la récente version de Mattila avec Abbado, qui n'a pas tenu ses promesses. Après un Frühling enlevé et enchanteur, la soprano finlandaise détaille superbement l'admirable texte de September et son "sterbenden Gartentraum", à l'émotion si retenue. Au fabuleux solo de cor final s'enchaîne celui du violon de Rainer Wolters dans Beim Schlafengehen, tout aussi voilé et poétique, nous entraînant sur les cimes de l'inspiration straussienne. Isokoski nous ravit, tant dans le grave de "die gestirne Nacht" que dans l'immense envolée de "Und die Seele unbewacht". Quant à l'ultime Im Abendrot d'Eichendorff, à l'introduction moins flamboyante que d'habitude, mais parfaitement dessinée, il est calme, recueilli, et sa coda, funèbre et cérémonieuse, comme hésitante mais respectueuse devant le mystère de la mort annoncée, nous étreint profondément. Et le timbre d'Isokoski se fond ineffablement dans la nuit glorieuse... Programme regroupant les plus beaux lieder de Strauss, interprétation sublime, ce CD est en quelque sorte idéal et recommandé à tous, straussiens, amateurs de belles voix ou simples mélomanes cherchant le bonheur. La perfection existe donc dans ce monde que Strauss a quitté si merveilleusement, au-delà de quelques flûtes scintillantes...
 
 
Bruno Peeters



Commander ce CD sur  Amazon.fr
R.%20Strauss:%20Orchestral%20Songs<" target="_blank">
[ Sommaire de la Revue ] [ haut de page ]