Gioacchino
Rossini
TANCREDI
Tancredi: Daniela Barcellona
Amenaïde: Darina Takova
Argirio: Giuseppe Filianoti
Orbazzano : Simone Alberghini
Isaura : Laura Polverelli
Roggiero : Giuseppina Piunti
Coro da camera di Praga
ORT-Orchestra della Toscana
Direction : Gianluigi Gelmetti
3 CD Rossini Opéra Festival
Cet enregistrement
de Tancredi est l'écho des représentations du festival de
Pesaro, qui avaient fortement impressionné le public en 1999. Effectivement,
l'écoute du disque confirme la qualité de la production.
Gianluigi Gelmetti
n'est certes pas Alberto Zedda, mais, en habitué du festival de
Pesaro, il connaît son Rossini sur le bout des doigts, et nous propose
une lecture solide et efficace de l'oeuvre.
Darina Takova est
une belle Amenaïde, plus virtuose que touchante, il lui manque simplement
un peu plus de personnalité, un petit supplément d'âme
pour se hausser au niveau des grandes interprètes du rôle.
Giuseppe Filianoti
en Argirio, se fourvoie dans une vocalité rossinienne qui n'est
pas la sienne : certes le timbre est beau et les aigus faciles, et certaines
ornementations séduisent, mais les vocalises sont scolaires, et
ne sont proprement exécutées que parce que Gelmetti ralentit
le tempo, pour lui permettre de placer toutes les notes ! Est-ce pour cette
raison qu'on a coupé son air « ah ! segnar invano io tento
», péché impardonnable, quand il s'agit du temple rossinien
qu'est Pesaro !
Laura Polverelli
est un régal en Isaura, et n'ignore aucune règle du bel canto.
Mais l'intérêt
majeur de cette version réside dans le formidable Tancredi de Daniela
Barcellona, toute d'élégance et de sobriété.
Elle privilégie à chaque moment l'émotion sur la virtuosité
pure, même si elle en maîtrise la technique. Ornementations
délicates, messe di voce (à traduire en français par
le disgracieux terme « soufflets »), elle cisèle tous
les raffinements imaginables, nous offrant ainsi un « di tanti palpiti
» plein de grâce, sans les vocalises exubérantes que
d'autres y ajoutent, mais toute de tendresse retenue. Grâce à
ce parti pris de privilégier l'élégiaque, le final
tragique de Ferrare lui convient bien mieux que ne l'aurait fait le lieto
fine de Venise. Son Tancredi meurt en nous donnant le grand frisson !
Cet enregistrement
plein de qualités mais un peu trop sage, ne bouleverse pas la discographie
pourtant pas si pléthorique de l'oeuvre rossinienne, mais elle constitue
une excellente deuxième version dans toute discothèque respectable,
celle de référence demeurant bien sûr l'enregistrement
dirigé par Ralph Weikert, avec Marilyn Horne et Lella Cuberli.
Catherine
Scholler