Le Tombeau
d'Anacréon
Choix de lieder d'Hugo
Wolf (1860-1903)
Goethe :
1. Anakreons Grab
Mörike
:
2. Erstes Liebeslied
eines Mädchens
3. Der Knabe und
das Immlein
4. Ein Stündlein
Wohl vor Tag
5. Nimmersatte
Liebe
6. Das verlassene
Mägdlein
7. Begegnung
Goethe : Vier Lieder
der Mignon
8. Heisst mich
nicht reden
9. Nur wer die
Sehnsucht kennt
10. So lasst mich
scheinen
11. Kennst du das
Land
Eichendorff
:
12. Die Zigeunerin
13. Unfall
14. Nachtzauber
Byron :
15. Sonne der Schlummerlosen
16. Kleine gleicht
von allen Schönen
Mörike
:
17. Verborgenheit
18. Im Frühling
19. Lebe wohl
20. Denk es, o
Seele
21 Auf einer Wanderung
Keller :
22. Tretet ein,
hoher Krieger
23. Singt mein
Schatz wie ein Fink
24. Du milchjunger
Knabe
25. Wand! Ich in
dem Morgentau
26. Das Köhlerweib
ist trunken
27. Wie glänzt
der helle Mond
Angelika Kirchschlager,
mezzo-soprano
Helmut Deutsch,
piano
Un livre-disque
paru aux éditions La Dogana
Aimez-vous Wolf ?
Le moins que l'on puisse dire c'est que le centenaire de la mort de
Hugo Wolf est passé pratiquement inaperçu, occulté
sans doute par les célébrations consacrées à
Berlioz, mais pas seulement. Le compositeur allemand traîne encore
derrière lui une réputation -totalement injustifiée
- de musicien "difficile ", contrairement à Schubert ou Schumann,
régulièrement programmés au concert, dont il est pourtant
l'héritier. Même si des personnalités telles que Dietrich
Fischer-Dieskau ou Elisabeth Schwartzkopf ont mis, par le passé,
un point d'honneur à faire connaître l'oeuvre de Wolf, sa
discographie demeure étique. C'est pourquoi un album entièrement
consacré à ses lieder est un événement suffisamment
rare pour être remarqué surtout quand les interprètes
ne sont rien moins qu'Angelika Kirchschlager et Helmut Deutsch.
L'enregistrement qui nous occupe ici est en fait l'illustration sonore
d'un livre élégant et sobre conçu et publié
par les édition La Dogana de Genève. On y trouvera, en regard
des textes originaux, une traduction inédite et personnelle de tous
les lieder gravés sur le CD, due à la plume du poète
suisse Frédéric Wandelère qui signe également
un essai pertinent : "Hugo Wolf et la poésie : l'unité retrouvée".
On y découvre aussi une interview des deux artistes à propos
de l'interprétation et du choix des oeuvres, réalisée
par Florian Rodary qui signe au début de l'ouvrage un chapitre consacré
à la voix et au lied. L'ensemble est enrichi de nombreuses
notes et extraits de la correspondance du musicien qui nous éclairent
sur la composition de chaque pièce. Enfin, quelques photos des séances
d'enregistrement illustrent ces textes qui se lisent avec intérêt.
Le CD qui accompagne ce livre a été spécialement
enregistré pour l'occasion. Laissant de côté les deux
grands cycles Spanisches et Italienisches Liederbuch, le
programme, extrêmement judicieux, donne une idée assez précise
de l'oeuvre de Wolf à travers les différents poètes
qui l'ont inspiré. La plupart des lieder présents
ici (Eichendorff, Mörike, Goethe) datent des années 1887. 88,
période extrêmement féconde où l'art du compositeur
atteint sa pleine maturité. Les Keller (1890) et les plus
tardifs Byron (1896) complètent idéalement cette sélection.
Angelika Kirchschlager aborde toutes ces pages avec le naturel et la
fraîcheur qu'on lui connaît. Son timbre de mezzo-soprano clair,
aux inflexions juvéniles, convient particulièrement bien
aux Vier Lieder der Mignon dont elle donne une lecture sobre et sensible,
dépourvue de toute afféteries. Ces qualités se retrouvent
tout au long des vingt-sept plages du disque. Pourtant, si la cantatrice
parvient à restituer les affects propres à chaque lied,
on aurait souhaité, ici, davantage de fantaisie (Die Zigeunerin,
un rien appliqué, plage 10), là, davantage d'humour (Das
Köhlerweib ist trunken, plage 26), mais aussi de pathétique
(Lebe wohl, plage 19). Péchés véniels au regard
d'une interprétation sans faute de goût où transparaît
en filigrane le charme délicat d'une voix dont la nature même
et la palette des coloris s'avèrent plus aptes à exprimer
la mélancolie rêveuse (Nachtzauber, plage 14, Im
Frühling, plage 18) ou la mutinerie enfantine (Unfall,
plage 13).
Au piano, Helmut Deutsch est un partenaire idéal et inspiré
pour la cantatrice autrichienne et la complicité jubilatoire qui
unit les deux artistes, perceptible durant tout le récital, contribue
à sa réussite.
Ce n'est pas chez votre disquaire mais bien chez votre libraire favori
que vous trouverez cet ouvrage qui séduira tout autant le mélomane
exigeant que le néophyte désireux de s'initier à l'univers
musical d'Hugo Wolf. Réjouissons-nous, ce n'est que le premier d'une
série que nous espérons longue et qui, n'en doutons pas,
permettra d'appréhender d'une façon originale l'univers exaltant
du lied.
Christian PETER
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