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Giacomo PUCCINI
TOSCA
Opera en trois actes
Livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica
Floria Tosca: Catherine Malfitano
Mario Cavaradossi : Richard Margison
Le baron Scarpia: Bryn Terfel
Cesare Angelotti : Mario Luperi
Le sacristain : Enrico Fissore
Spoletta: John Graham-Hall
Sciarrone: Jef Van Wersch
Le geôlier : Tom Kemperman
Un berger : Andreas Burkhart
Mise en scène : Nikolaus Lehnhoff
Décors : Raimund Bauer
Costumes : Falk Bauer
Lumières : Wolfgang Göbbel
Réalisation : Misjel Vermeiren
Orchestre du Royal Concertgebouw
Direction : Riccardo Chailly
Enregistré en 1998 à Amsterdam
1 DVD DECCA 0743201
121 minutes – 16 minute de bonus (documentaire)
Sexy Lady !
Nikolaus Lenhoff le dit crânement dans les bonus du DVD : Tosca
est une histoire de sexe et de mort et au fond, on se fiche pas mal que
le livret soit tiré d’une pièce de Victorien Sardou
(selon le metteur en scène, c’est Sarah Bernhard qui a
impressionné Puccini, grand amateur de femmes, et non la
pièce !) ou que la scène se passe à Rome. De
fait, le metteur en scène et ses complices ne
s’embarrassent pas de détails historico-touristiques (San
Andrea della Valle, le Palais Farnèse ou le Château
Saint-Ange ressemblent ici à différents étages
d’un spacieux blockhaus).
Cela pourrait être agaçant, notamment à cause de la
laideur des décors et certaines idées à la limite
du grotesque (les piliers de l’église s’enflamment
au rythme du Te Deum). Mais
au final, le metteur en scène réussit à concentrer
l’attention sur le théâtre et sur les trois
rôles principaux. En particulier, les deux bêtes de
scène que sont Bryn Terfel et Catherine Malfitano brûlent
les planches. La réalisation du DVD permet aussi de relever tel
ou tel détail pertinent de la mise en scène (Tosca se
déchausse juste avant de poignarder Scarpia et oublie ses
chaussures rouges à côté de sa victime ; le chat
que le chef de la police brandit au début du II, tel Dr No avant
d’affronter James Bond ; l’escalier rétractable
qui laisse Tosca toute seule dans le bureau de Scarpia devenu prison
dans la prison…).
Il faut surtout dire que ce DVD mérite les trois étoiles
grâce à la qualité musicale de la production.
Riccardo Chailly tire le maximum du Concertgebouw. Cela faisait
longtemps que je n’avais pas entendu un orchestre ciseler avec
autant de soin la partition de Puccini, sans perdre en dynamisme et en
force.
Le cast est surtout marqué par l’affrontement de Terfel et
de Malfitano, de 17 ans son aînée. Bryn Terfel, pour sa
prise de rôle, frappe un grand coup. Son Scarpia est un policer
vulgaire, sadique, décomplexé. Une force de la nature qui
aime la chair fraîche et qui, avant de signer le laisser-passer
pour Civitavecchia, commence voluptueusement à caresser Tosca du
dos de la plume. Vocalement, Terfel fait une démonstration et le
rôle lui va comme un gant. Chaque phrase est riche de sens, ou de
sous-entendus, et le plaisir de chanter paraît immense. Reste que
les partisans d’un chef de la police plus stylé, plus
machiavélique resteront sur leur faim. Tant pis pour eux !
En face de lui, la Malfitano, habituée du rôle,
n’est pas en reste. Vocalement, la fatigue transparaît ici
ou là, car il s’agit d’une Tosca
expérimentée. Mais l’actrice adhère
complètement à la vision du metteur en scène et
joue à fond le jeu de la femme fatale, robe longue fendue sur le
côté.
Mario est incarné, de manière bien classique, par le
ténor canadien Richard Margison. Le timbre est séduisant
mais le chanteur trahit ici ou là des faiblesses, par
delà un léger incident sur le si bémol de
« Vittoria » du II : la prononciation de
l’italien laisse franchement à désirer et la ligne
de chant est souvent surprenante (son « Oh dolci
mani » est digne d’un chanteur asiatique ne sachant
pas grand chose du maître de Torre del Lago !).
Les comprimari sont excellents, à commencer par le sacristain
d’Enrico Fissore ou l’Angelotti de Mario Luperi.
Le DVD est complété par un court documentaire
centré sur Lehnhoff et Malfitano (dommage de ne pas avoir mis
Terfel dans le coup !).
Jean-Philippe THIELLAY
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