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Giacomo Puccini (1858-1924)
TOSCA
Drame musical en trois actes
Livret de Giuseppe Giacosa et Luigi Illica,
d’après Victorien Sardou
Floria Tosca Hildegard Behrens
Mario Cavaradossi Placido Domingo
Scarpia Cornell MacNeil
Sagrestano Italo Tajo
Angelotti James Courtney
Spoletta Anthony Laciura
Sciarrone Russell Christopher
Orchestre et chœur du Metropolitan Opera de New York
Giuseppe Sinopoli
Metropolitan Opera de New York 1985
DVD Deutsche Grammophon 004400734100
La Tosca que Pucci nie ?….
Véritable institution au Met depuis sa création in loco
le 4 février 1901, soit un an après la première
qui eut lieu à Rome le 14 janvier 1900, au
Théâtre Costanzi, la Tosca
de Puccini n’a jamais quitté l’affiche et a permis
à une quantité de grands noms d’y briller avec des
bonheurs divers, de Geraldine Farrar à Claudia Muzio, en passant
par Maria Jeritza, Lotte Lehmann, Renata Tebaldi, sans oublier Leontine
Price, Magda Olivero, Régine Crespin, Grace Bumbry et plus
près de nous Maria Guleghina, Carol Vaness et Deborah Voigt.
Opéra de diva tout spécialement conçu pour des
cantatrices chevronnées, Tosca offre également deux
rôles en or, un ténor soyeux et engagé pour
Cavaradossi, le peintre révolutionnaire et un baryton libidineux
pour le baron Scarpia, l’odieux chef de la police. La
première salle américaine détient d’ailleurs
presque un record, puisque l’œuvre de Puccini occupe la
5ème place après Bohème, Aida, Carmen et Traviata,
avec près de 880 représentations à ce jour.
La gravure qui nous revient en DVD après avoir été
publiée en laser-disc, captée en 1985, est une
représentation de « routine », qui compte
tout de même une star, Placido Domingo, doublure de Franco
Corelli déjà en 1968, dans la mise en scène
d’Otto Schenk, une gloire peu accoutumée au
rôle-titre qu’elle venait d’aborder à Paris,
Hildegard Behrens et un monolithe quelque peu émoussé,
Cornell MacNeil. La production signée Franco Zeffirelli qui date
de 1964, est celle (enfin ce qu’il en reste !) que tous les
callassiens connaissent grâce au second acte
préservé par la BBC (Covent Garden 9 février 1964,
EMI), réalisée pour le retour sur scène de la
cantatrice et qui fut transportée à Paris et à New
York en 1965. Responsable des décors et des costumes, Zeffirelli
respecte à la lettre la moindre didascalie, donnant au public
l’impression de se trouver dans les lieux, aux heures et à
l’époque du drame. C’est efficace, sans être
renversant (pas un accessoire ne manque à l’appel, du
pinceau, au panier garni, du verre de vin, au sauf-conduit…),
les interprètes ayant suffisamment de métier pour faire
de leur personnage ce que l’on attend d’eux avec tact et
sobriété et, dans le cas de Behrens, un vrai talent de
comédienne toujours dans l’action et en situation.
Comme avec Birgit Nilsson, Leonie Rysanek ou Gwyneth Jones, qui
n’ont pas su résister à Tosca, Behrens ne
possède pas exactement la vocalita italienne qui convient
à l’héroïne. Sa prononciation n’est pas
parfaite, le bas du registre très souvent sollicité au
deuxième acte, l’oblige à forcer la ligne, ce qui
finit par dénaturer son timbre et à effilocher certains
accents ; exercice purement vocal son « Vissi
d’arte » est contrôlé, mais privé
de couleur et d’onctuosité. Pour résumer,
très honnête au premier acte, de loin le plus
approprié à ses moyens, insuffisante au second et moyenne
au troisième. Reste une présence racée,
féminine et une « scenica scienza » qui
sauvent les apparences et lui permettent de rester intègre,
même dans un opéra qui a peu compté dans sa
carrière.
Domingo ne fait qu’une bouchée du séduisant Mario,
dans lequel il s’est illustré sur toutes les scènes
du monde, qu’il a déjà enregistré et
joué pour les besoins d’un film mis en scène par
Gianfrano de Bosio avec Raina Kabaivanska en 1977 et conservera de
nombreuses années encore à son répertoire. La
voix sonne ce soir-là libre et ensoleillée, au
service d’une lecture emprunte de juvénilité,
où l’investissement vocal appartient toujours à un
artiste qui chante comme il respire.
Le Scarpia de MacNeil ne fait pas dans la dentelle et l’on a
peine à croire qu’une jolie femme amoureuse d’un
fougueux « voltérien », éprouve une
quelconque attirance pour ce policier bedonnant et perruqué. De
plus, son timbre n’est plus de la première fraîcheur
et la justesse est trop souvent compromise. A signaler dans le
rôle du Sacristain, un autre vétéran, Italo Tajo,
le Banco du Macbeth de Verdi donné à Milan en 1952, avec
Callas, dans un numéro très (trop ?)
rôdé, qui à l’air de satisfaire le public,
ravi d’être pris à témoin à chaque jeu
de scène, même le plus éculé. Giuseppe
Sinopoli fait ronfler les cuivres, donne dans le volume, le nerf et
parfois l’emphase, sans pour autant omettre de faire chanter les
cordes dans les rares passages qui s’y prêtent, avec une
conscience musicale, toute à son honneur.
En complément, deux bonus comme on en fait plus, une interview
à trois où l’on glose sur la conception de chaque
personnage et une promenade romaine, guidée par Franco
Zeffirelli himself.
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