Giuseppe VERDI (1813-1901)
La Traviata
Opéra en 3 actes
Livret de Francesco Maria Piave,
d'après la pièce
d'Alexandre Dumas fils, "la Dame aux Camélias"
Violetta Valery: Anna Netrebko
Alfredo Germont: Rolando Villazon
Giorgio Germont: Thomas Hampson
Flora Bervoix: Helene Schneiderman
Annina: Diane Pilcher
Gaston: Salvatore Cordella
Barone Douphol: Paul Gay
Marchese d'Obigny: Herman Wallén
Dottore Grenvil: Luigi Roni
Giuseppe: Dritan Luca
Domestico di Flora: Wolfram Igor
Derntl
Commissionario: Friedrich Springer
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Chef de choeurs: Rupert Huber
Orchestre du Mozarteum (musique
de scène)
Orchestre Philharmonique de
Vienne
Direction Musicale : Carlo
Rizzi
2 CD Deutsche Grammophon 00289
477 5936
Le CD est aveugle, au grand dam du mélomane qui achètera
celui-ci, car il ne sera qu'auditeur. Ce qui, au premier acte, est bien
insuffisant. Aucune des personnes constituant le public des représentations
salzbourgeoises, dont le présent enregistrement est le témoignage,
n'avait pourtant remarqué la vulgarité de Netrebko, son timbre
qu'elle enfle artificiellement pour "faire sensuelle", ses intonations
imprécises et ses vocalises parfois hasardeuses, personne n'avait
été agacé par les coups de glotte de Villazon, et
sa surenchère expressive qui rappelle parfois Shicoff, à
la différence qu'ici elle n'émeut même pas.
Personne en somme n'avait été choqué par l'absence
de spontanéité, de verve, de poésie, lors de ce premier
acte. Pourquoi cela ? Sans doute parce que ces chanteurs étaient
surtout acteurs à ce moment-là du spectacle. Certes, les
photos qui parsèment le livret nous permettent de constater que
Netrebko a effectivement les hanches et les jambes de Violetta, mais l'abattage
de l'actrice que tout le monde avait encensé, félicitant
au passage Villazon pour sa présence incendiaire, nous est ici étranger.
Si la soprano russe comme le ténor mexicain sont de beaux artistes,
force est de constater que l'expression et l'émotion dépend
chez eux toujours du corps, beaucoup moins souvent de la culture, de la
sobriété, de la voix.
C'est donc déçus et inquiets que nous commençons
l'écoute du second acte. Et là - Ô miracle ! - Villazon
soigne enfin le chant et sa ligne dans un "De'miei bollenti spiriti" rêveur,
qui nous laisse apprécier toute l'étendue de ses moyens vocaux,
et Netrebko caresse les phrases avec tendresse et sincérité.
Elle aime enfin, elle n'est plus celle dont le travail est d'allumer les
mondains Parisiens.
Puis arrive Germont. Et avec lui Thomas Hampson. Et c'est le baryton
américain que nous saluerons avec le plus de chaleur, tant le personnage
est campé avec la justesse et l'intelligence sans qui Hampson ne
serait plus Hampson. Sans doute impressionnée et motivée
par un tel art, Netrebko donne tout ce qu'elle a, et plonge au plus profond
de la détresse, puis de la résignation de son personnage,
en bref s'élève d'un seul coup et ne redescend plus du nuage
qui est l'une des marches de l'escalier permettant d'accéder au
Panthéon où trône les grandes Violetta. Mais Germont
senior ne s'arrête pas là ; il épaule aussi avec une
bienveillante autorité son fils, lequel sera idéalement aimant
et passionné au cours du troisième acte. Pendant ce temps,
on peut regretter que Carlo Rizzi ne sache que faire des splendeurs du
Philharmonique de Vienne (minute de silence : rappelons-nous que c'est
le regretté Marcello Viotti qui aurait dû officier au pupitre
de cette Traviata).
Dans ce couple Violetta/Alfredo, personne ne fut ici pleinement convaincant,
donc. Gageons cependant que Netrebko comme Villazon sauront au fil des
ans approfondir leurs personnages, mûrir avec eux, et finalement
devenir de grands titulaires de leurs rôles. Et espérons la
sortie d'un DVD de cette production, qui rendrait mieux justice aux moyens
actuels des deux jeunes stars pubères de la scène lyrique.
Clément TAILLIA
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