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Rolando VILLAZON

ARIAS
Gounod - Massenet

Ah ! Tout est bien fini... O souverain - Massenet (Le Cid)
Enfin Manon nous voilà seuls ensemble... - Massenet (Manon)
Oui, ce qu'elle m'ordonne.... - Massenet (Werther)
L'amour, l'amour... - Gounod (Roméo et Juliette)
Source délicieuse - Gounod (Polyeucte)
Faiblesse de la race humaine - Gounod (La Reine de Saba)
Voix qui me remplissez d'une ineffable ivresse - Massenet (Le Roi de Lahore)
Je suis l'oiseau que le frisson d'hiver - Massenet (Grisélidis)
Traduire ! Ah ! Bien souvent mon rêve s'envole... - Massenet (Werther)
Anges du paradis - Gounod (Mireille)
C'est là... Salut, tombeau sombre et silencieux - Gounod (Roméo et Juliette)
Salut, demeure chaste et pure - Gounod (Faust)
Je suis seule ! Seul enfin... - Massenet (Manon)
Je vais la voir ! - Massenet (Roma)
Ah ! Parais ! Parais, astre de mon ciel - Massenet (Le Mage)

Orchestre Philharmonique de Radio France
Evelino Pido

Virgin Classics 7243 5 45719 2 3
Durée : 67'18
Enregistré au Studio 103,
Maison de Radio France, Paris, du 8 au 15 mars 2004


Rolando Villazon enflamme la planète lyrique. Le public applaudit à tout rompre, les critiques font assaut de superlatifs, Placido Domingo, à qui il est souvent comparé, lui tresse des lauriers (lire la brève du 7 mars dernier). A un point tel que le lyricomane qui ne succombe pas à son charme, inquiet, se remet en question. Est-ce grave Docteur ? Avant de consulter un spécialiste, on lui conseillera de jeter une oreille sur son dernier récital, paru chez Virgin Classics il y a quelques semaines.

Après un premier enregistrement entièrement consacré à l'Italie, le ténor mexicain s'attaque cette fois à un répertoire moins populaire et plus délicat : l'opéra français, représenté par deux de ses plus grand maîtres, Gounod et Massenet, l'un mystique, l'autre sensuel, voire érotique, d'après Rolando Villazon qui se dit attiré depuis toujours par la tension entre ces deux extrêmes. On n'est pas surpris quand on sait qu'il fut séminariste avant de monter sur les planches.

Le mélomane curieux appréciera d'abord la présence d'ouvrages moins rebattus parmi les grands airs d'opéras proposés. Mireille, Manon, Werther, Le Cid, Faust, Romeo et Juliette accueillent dans leurs rangs Polyeucte, La Reine de Saba, Le roi de Lahore, Griselidis et, plus rares encore, Le mage et Roma. 

Il pourra alors, s'il est francophone, tenter une première expérience : sélectionner l'un des titres qu'il ne connaît pas et, l'écoutant les yeux fermés, essayer d'en comprendre les paroles. Le résultat, hélas, est sans appel (en ce qui me concerne, choisissant l'air de Lentulus dans Roma comme laboratoire, j'entendis par exemple "sois la lumière" au lieu de "soir admirable"). La lecture du livret s'avère indispensable pour suivre le texte. Ce défaut majeur suffirait à disqualifier tout autre chanteur, au disque pour le moins, mais le succès de notre ténor l'obligera à ne pas émettre trop vite un jugement définitif.

En reprenant le disque dès le début et en faisant abstraction de la prononciation, notre dilettante reconnaîtra alors la sincérité, la spontanéité, la générosité de l'interprète. Il sera sûrement conquis par le timbre sombre dont l'étain habille ces héros d'un romantisme, d'une fougue et d'une jeunesse appropriés (excepté Vincent de Mireille et, dans une moindre mesure, Roméo qui nécessitent moins d'âpreté). Il notera le contrôle du souffle, exemplaire, et la bonne tenue de l'ensemble.

Cependant, une fois passé l'état de grâce, il s'agacera aussi des sanglots qui entachent la noblesse du chant (l'air de Rodrigue dans Le Cid par exemple), de l'engorgement de la voix au détriment de la clarté. L'interprétation finira même par lui sembler forcée avec des contrastes un peu systématiques entre piano et forte. Ce répertoire est sentimental, ses détracteurs le lui reprochent suffisamment, il ne faut surtout pas en rajouter. 

Soulagé, il reposera alors l'annuaire dont il s'était emparé tout à l'heure pour rechercher le nom d'un médecin, rangera le disque dans son boîtier et, à la place, savourera en boucle toute la soirée le même programme, ou presque, mais mieux servi par Georges Thill, Alain Vanzo et Roberto Alagna.
 
 

Christophe RIZOUD


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