Antonio VIVALDI
Concerti e
cantate da camera
volume II
* Concerto in la minore RV 108
per flauto diritto, 2 violini
e continuo
* Amor, hai vinto
Cantata RV 651, per soprano e
basso continuo
* Concerto in re maggiore RV
92
per flauto diritto, fagotto,
violino e continuo
* Fonti del pianto
Cantata RV 656, per soprano e
basso continuo
* Concerto in fa maggiore RV
100
per flauto traverso, fagotto,
violino e continuo
* Geme l'onda che parte dal
fonte
Cantata RV 657, per soprano
e basso continuo
Gemma Bertagnolli (Soprano)
L'Astrée
direction : Giorgio Tabacco
1 CD Opus 111 30 404
En ce nouveau volume, Opus 111 poursuit son entreprise de découverte
de l'oeuvre vivaldien. Le choix de mêler concertos et cantates, opéré
déjà dans le précédent volume, se révèle
toujours aussi judicieux : c'est en somme une manière de donner
à la philologie et au souci archéologique les séductions
du concert.
On a puisé ici dans les vingt-deux concertos à plusieurs
instruments (RV 108, 92, 100) et parmi les trente-six cantates authentifiées
(RV 651, 656, 657). Il faut, d'emblée, avouer notre éblouissement
devant ces oeuvres où bouillonnent le drame et la vie, où
la géométrie se laisse déranger par la pure ivresse
d'envolées généreuses et virevoltantes. Le concerto
RV 108 en particulier nourrit ce qu'il faut bien appeler un lyrisme à
partir d'un matériau instrumental restreint (trois instruments et
continuo)
- écoutez le chant enveloppant de la flûte dans le largo !
Brillantissime, le concerto RV 92 trouve moins aisément les voies
de l'émotion : il privilégie d'évidence les arabesques
virtuoses et l'excitation trépidante de dialogues en cascades. Le
RV100 enfin, confiant un rôle majeur au basson, sait tirer de cette
instrument toutes ses vertus comiques, bouffonnes ou simplement patelines
: le vif-argent du RV 92 trouve là un contrepoint attendri et familier.
Moins inspirées nous semblent les cantates. D'abord, elles sont
d'une facture moins variée. Les déchaînements de passion
et leur palpitation proche de l'apoplexie sont finalement un peu monotones
à force de tension. Il y a là quelque chose d'artificiel,
comme si Vivaldi avait voulu tenir en haleine un public distrait, ou flatter
un goût primaire pour la nervosité exacerbée. Il mise
dès lors sur la vigueur de la pulsation rythmique et l'exaspération
des affetti, mais cela ne convainc pas toujours. Demeurent bien
entendu de pures merveilles (Fonte del pianto, RV 656 ; Passo
di pena in pena, RV 651) qui font pâlir dans la profusion même
de leur inspiration nombre d'oeuvres similaires de ce temps.
Si le fond de l'entreprise est musicologique et philologique, on admire
l'originalité et la liberté de ces oeuvres, leur invention
de tous les instants. Dira-t-on alors ce qui nous frustre à l'écoute
de ce disque ? C'est que face à un tel matériau, les interprètes
choisissent, eux, la voie étroite d'une lecture scrupuleuse et attentive
qui se révèle désespérément scolaire.
Cette carrure impeccable (imprimée par un Giorgio Tabacco bien gris),
ces timbres sages, ces traits bien dosés (le basson, se créant
des limites indues) rendent justice aux manuscrits, mais où est
l'esprit ? Sans cesse, l'oreille doit chercher derrière tant de
triste probité les couleurs sanguines de Vivaldi. De même
pour la soprano Gemma Bertagnolli : voix pure, mais lisse ; affects sensibles,
mais tenus ; chant artiste, mais point virtuose. On rêve de ce qu'eussent
pu faire, face à de telles partitions, des ensembles et des interprètes
rompus aux audaces de l'improvisation, et capables de faire rayonner les
charmes de cette musique.
Sylvain FORT
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