Francis
Poulenc
La Voix Humaine
La Dame de Monte-Carlo
Felicity Lott,
soprano
Orchestre de la Suisse Romande
Armin Jordan
CD Harmonia Mundi
A l'écoute
de ce disque, un seul mot nous viens : ENFIN ! Voilà LA version
que l'on attendait depuis la parution en 59 du témoignage de la
création avec Duval et Prêtre. Cette version, qui restera
un jalon incontournable de l'histoire du disque, souffrait malheureusement
de pas mal de petits handicaps : une prise de son calamiteuse, sans aucun
relief (avec un écho artificiel pour la première réédition
en CD !), le timbre attachant mais ingrat et la technique pas toujours
très catholique de la grande Denise. Mais malheureusement, en 40
ans pas une des illustres sopranos qui se sont frottées au célèbre
monologue n'avait la diction, l'intelligence théâtrale, le
naturel de Duval.(1)
C'est donc vraiment
un tour de force qu'accomplit le tandem Lott-Jordan. la soprano anglaise
n'est pas à son coup d'essai : plusieurs disques de mélodies
(dont un "Hommage à Francis Poulenc" chez Forlane, sommet incontesté
de la discographie) et surtout une exceptionnelle Blanche de la Force dans
" Les dialogues de carmélites " chez INA (là encore, seule
véritable alternative à Duval) nous avait déjà
démontré une affinité naturelle entre la voix pure
et claire de Lott et la musique touchante et humaine du moine-voyou.
En fait la cantatrice
a l'intelligence de ne pas tomber dans les nombreuses chausse-trappes de
cette partition : être théâtrale mais sans jamais dénaturer
la musique, ne pas " trop chanter " le merveilleux texte, très quotidien,
de Cocteau et toujours dialoguer avec l'orchestre. Dès la première
minute de chant, on sent que la cantatrice a retenu les leçons de
Duval : chaque respiration est intégrée au drame, pas un
mot n'est pensé autrement qu'un moment de ce drame, chaque réponse
de l'interlocuteur est ressentie, imaginée et induit une réponse
ou une réaction (ça a l'air facile mais n'oublions pas ...
qu'il n'y a personne au bout du fil !). Par contre à l'instar de
Duval, Felicity Lott peut se permettre une infinité de nuances techniques,
du murmure aux grandes envolées lyriques, là où la
technique très " parlée " (on a envie de dire très
française) limitait beaucoup la créatrice du rôle.
Côté
orchestre, Jordan est à l'écoute du moindre frémissement
de sa chanteuse, c'est un plaisir. Moins théâtral que Prêtre,
cela nous donne un accompagnement plus " opéra ", la version 59
étant plus "opéra-comique". La prise de son Harmonia Mundi,
comme d'habitude excellente, nous permet d'apprécier les merveilleuses
couleurs de l'Orchestre de la Suisse Romande.
En complément
de programme le duo Lott-Jordan nous offre enfin une bonne version de La
Dame de Monte-Carlo, petit monologue pour soprano et orchestre, également
sur un texte de Cocteau. Pour qui ne connaîtrait pas ce petit bijou
d'humour noir, tinté de mélancolie très années
trente (ou qui ne le connaîtrait que par le truchement des gloussements
hystériques de Mme Mesplé que nous impose EMI depuis 30 ans
!), jetez-vous sur cette leçon de diction, d'humour... et de chant
que nous donne Mme Lott.
En conclusion :
Incontournable.
(1) Pour une discographie complète de La Voix humaine, cf. le dossier
correspondant dans notre revue, à paraître en 2002.
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