Wolfgang Amadeus MOZART
(1756-1791)
La Flûte
Enchantée
Sarastro, Kurt Moll
Reine de la Nuit, Edita Gruberova
Pamina, Lucia Popp
Tamino, Francisco Araiza
Papageno, Wolfgang Brendel
Papagena, Gudrun Sieber
Orateur, Jan-Hendrik Rootering
Monostatos, Norbert Orth
Première Dame, Pamela
Coburn
Deuxième Dame Daphne Evangelatos
Troisième Dame, Cornelia
Wulkopf
Enfants, Solistes du Tölzer
Knabenchor
Premier Homme en armes, Hermann
Winkler
Deuxième Homme en armes,
Karl Helm
Choeur de l'Opéra d'Etat
de Bavière
Orchestre d'Etat de Bavière
Wolfgang Sawallisch
Mise en scène &
réalisation, August Everding
Décors et costumes,
Jürgen Rose
1 DVD Deutsche Grammophon, 00440
073 4106
Munich sous les étoiles
Repêchage du vieux fonds Unitel, suite. Retour dans les bacs,
à cette occasion, d'une Flûte déjà connue
par la vidéo. Guère de suspense donc. D'autant moins même,
pourrait-on dire, que chacun ici (ou presque) a laissé, au disque,
son souvenir dans l'oeuvre. C'est le cas de Gruberova bien sûr (et
même pas qu'une fois) ; c'est celui de Popp aussi, d'Araiza, de Moll...
bref, arrêtons là !
Que la surprise ne soit pas franchement au rendez-vous n'empêche
pourtant pas le plaisir. Bien au contraire même. Nous sommes ici
en live, à Munich par une soirée... de relative routine
! Mais à Munich comme à Vienne à une certaine époque
(voir les Noces de Böhm en
DVD), cette dernière avait d'authentiques airs de vertu... une autre
forme de flirt avec le génie en fait. Prenons l'exemple de la direction
de Sawallisch: travail solide, "teuton" diront certains, à l'exacte
intersection du marbre de Furtwängler et de la flamme vive du jeune
Karajan. Kapellmeister dramaturge, le chef scande une ouverture grandiloquente,
un portique grandiose, autant qu'il relaie finement l'humanisme fervent
de chacune des pages de l'oeuvre, emportant le premier air de la Reine
de la Nuit (superbe contre-chant du basson), ciselant le duo Pamina/Papageno
jusqu'à la plainte ascétique de cette dernière au
II et à une scène des épreuves presque intangible,
hors du temps.
Et comme l'affiche est excellente, on applaudit des deux mains. Pas
tellement les trois Dames, seulement bonnes et un peu jusqu'au-boutistes
de santé outrageusement déployée. Pas tellement les
comprimarii en fait ! Mais comme Araiza est plus libre que chez Karajan,
libéré même, on accroche sans réserve à
son Tamino lyrico-héroïque, baigné des souvenirs conjugués
de Gedda et Roswaenge, limpide de phrasé, superbement projeté...
magnifique (et son port, sa présence n'y sont sans doute pas non
plus pour peu). Son aimée vaut encore mieux ; c'est Lucia Popp émue
jusqu'à la déchirure, sensible, mordorée de timbre
dans le plus beau mûrissement, le plus magique scintillement de sa
belle voix. Simplement incontournable. Brendel a, lui, la rugosité
bavaroise qui va à l'oiseleur, chant épais (mais c'est un
compliment), terrien, épicurien, personnage veule mais attachant...
sans pourtant la petite once de sourire baigné de larmes qui le
placerait au coude à coude avec les Hüsch, Kunz ou Prey du
passé. Un peu trop de premier degré peut-être ! Mais
Gruberova, elle, est encore une fois diaboliquement en voix, et juste (il
faut bien le reconnaître, n'en déplaise à certains),
et dardée... et même très bonne comédienne,
furieuse, emportée comme aussi Kurt Moll, juste magnifique (on croit
rêver !).
Bref autant de paillons, de pépites, même, réunies
et si bien mises en lumière, en condition, par Sawallisch. Et comme
par ailleurs la mise en scène d'Everding se regarde sans déplaisir
(sans vrai coup de coeur non plus... mais bon!) avec son imagerie naïve
(le dragon et les Dames "walkyriennes", le kitchissime mais adorable duo
Papageno/Papagena) et l'épure des scènes maçonniques
et initiatiques, cette version sera autant celle du néophyte (qui
y apprendra son "petit Wolfgang illustré" au contact des meilleurs)
que du mélomane averti. Une très belle version en tout cas,
qui ne déparera aucune discothèque.
Benoît
BERGER
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