Forum Opéra
LE MAGAZINE DE L'OPÉRA ET DU MONDE LYRIQUE

 

L'édito...
Sylvain FORT
Juillet - Août 2005

 
Donc, voici l'été
 

Un bon rédacteur en chef, accostant aux rivages riants de l'été, est confronté à une alternative simple, classique, de bon goût : se montrer prospectif, ou rétrospectif.

Prospectif, il détaillera les petits miracles pressentis de l'été festivalier, glissera quelques nouvelles privilégiées sur qui chante quoi et où (vous apprenant par exemple que Rolando Villazon donnera un concert gratuit sur la place du village de Grouatch le 14 juillet cependant qu'il sera loisible d'apercevoir les seins dénudés de Cecilia Bartoli sur la plage de San Pidrolo entre le 12 et le 18 août), vous donnera sur le ton de la confidence ses préférences personnelles (ce petit festival où il ira entendre une Tebaldi en herbe, un Ramey en devenir ignorés de tous) vous laissant espérer la chance rare de le croiser au hasard des rues sonores, dans son costume en lin blanc d'estivant anonyme. Et puis, il donnera son opinion sur la saison à venir ; les succulences attendues ; les ratages prévisibles ; les "foncez", les "pourquoi pas ?" et les "attention !" attendus de la part de tout expert luiront sous sa plume tel un feu tricolore à son carrefour.

Rétrospectif, il dressera avec un sens aigu de la justice le bilan de la saison passée, des disques marquants, des DVD inoubliables, des récitals mémorables, des échecs et des succès. Il décernera, bon père et bon pédagogue, les lauriers et les prix, avec le sourire bénin de qui donne sa chance à l'avenir. 

Forum Opéra ne se donne pas les airs importants de l'expert et de l'augure. Notre message est simple : allez, et profitez. L'été n'appelle plus la contrainte des ceintures, des cravates et des lingeries trop serrées ; de même, il ne requiert plus l'étouffement des salles de concert, la faune des maisons d'opéra, la tourbe des récitals. Laissez chanter les paysages, laissez danser les vagues ; que les mouettes soient vos divas, les dauphins vos ténors. L'air s'assèche, les sons se font mats et vibrants : il est une musicalité de l'été qui vaut tous les festivals. Au fronton des églises, dans le secret pierreux d'un vieux mas, se nichent des arpèges mystérieux - colombes, cigales, abeilles - et les fleurs même frémissent leurs octaves. Seul l'été donne cela. Ne le manquez pas. Faites silence. Ecoutez la voix du monde.
 

Sylvain FORT
 
[ Mai 2005 ]
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