1. Quelques
faits
2. Candeur virginale
3. La légende
du riz
4. Histoire d'une fin
5. Patriotisme
italien
6. Conservatisme
et innovation
(Tancredi au Théâtre
San Carlo)
1. Quelques
faits
Tancredi, melodramma eroico en deux
actes, sur une musique de Gioacchino Rossini et un livret de Gaetano Rossi,
inspiré d'une tragédie de Voltaire, fut créé
au Teatro La Fenice de Venise, le 6 février 1813, avec Adelaïde
Malanotte dans le rôle-titre.
L'enjeu était d'importance,
il s'agissait du premier grand opera seria de Rossini, et du prestigieux
théâtre de la Fenice de Venise. L'ouvrage fit l'effet d'une
révolution dans le monde de l'opéra italien et assura à
son compositeur qui n'avait pas encore vingt et un ans, mais déjà
composé neuf autres opéras, une célébrité
mondiale.
La première représentation
fut interrompue au milieu du deuxième acte, la Malanotte ayant été
victime d'un malaise. Malgré ce contretemps, l'oeuvre connut un
succès triomphal et fit le tour de l'Europe en quelques années,
interprétée par les plus adulées des cantatrices :
Giuditta Pasta, Maria Malibran, Rosmunda Pisaroni... La cavatine d'entrée
de Tancredi, Di tanti palpiti, bénéficia immédiatement
d'une popularité considérable.
Rossi et Rossini collaborèrent
de nouveau dix ans plus tard, dans ce même théâtre,
s'inspirant encore d'une tragédie de Voltaire, pour l'oeuvre qui
clôtura définitivement le chapitre de l'opera seria,
Semiramide.
2. Candeur
virginale
"À cette époque, l'Italie
déjeunait, dînait et probablement faisait l'amour en musique
; l'air en vibrait ; la mer à Venise et à Naples portait
une note sur chacune de ses vagues" Lord Derwent (Rossini, 1937).
En ces années, le tout jeune
Rossini courait d'un bout à l'autre de l'Italie, de Venise à
Bologne, de Rome à Milan, pour faire jouer sa musique. Pauvre d'argent,
il était avide de gloire, richissime d'espoir et d'amour : amant
de la belle cantatrice Marietta Marcolini et de quelques autres dames de
la haute société, il abandonnera bientôt cette heureuse
insouciance en s'établissant à Naples.
"Candeur virginale"... Le mot est de
Stendhal qui écrivit aussi : "Ce qui me frappe dans la musique de
Tancrède,
c'est la jeunesse (...) Tout y est simple et pur (...) C'est le génie
dans toute sa naïveté, et si l'on me permet cette expression,
c'est le génie vierge encore (...)".
En fait, Tancredi est à
Rossini ce que L'Enlèvement au Sérail fut pour Mozart.
On trouvera peut-être des opéras de l'un comme de l'autre
plus aboutis, mais aucun sur lequel passent ainsi le souffle et l'enthousiasme
de la jeunesse. Nulle part les héros n'auront l'éclat de
Tancredi et Amenaïde ou de Belmonte et Konstanze. Même le héros
meurt dans une émotion douce-amère, celle d'une génération
qui ne sait pas encore ce que c'est que la vieillesse et la mort.
Le charme de cet opéra repose
essentiellement sur la fraîcheur de l'inspiration, sur l'économie
des moyens, sur des mélodies simples qui se retiennent et se fredonnent
facilement.
3. La légende
du riz
L'anecdote est célèbre
: Adelaïde Malanotte, créatrice du rôle-titre, refusa
l'air d'entrée qu'avait concocté le maestro. Contrarié,
le compositeur entra dans une auberge de Venise, commanda un risotto
et, en attendant que le plat soit servi, composa la cavatine Di tanti
palpiti sur un coin de table. Merveille du génie et de la prolixité
de Rossini, l'air fut terminé au moment où le plat arriva
sur la table, d'où son nom d'"aria dei risi".
Très exactement, Stendhal la
raconte de la façon suivante, dans sa fameuse Vie de Rossini
:
"À Venise, Rossini avait fait
pour l'arrivée de Tancrède un grand air dont la Malanotte
ne voulut pas ; et comme cette excellente cantatrice était alors
dans la fleur de la beauté, du talent et des caprices, elle ne lui
déclara son antipathie pour cet air que l'avant-veille de la première
représentation.
Qu'on juge du désespoir du
maestro ! (...) Le jeune homme rentre pensif à sa petite auberge.
Une idée lui vient (...)
En Lombardie, tous les dîners
(...) commencent invariablement par un plat de riz ; et comme on aime le
riz fort peu cuit, quatre minutes avant de servir, le cuisinier fait toujours
faire cette question importante : "bisogna mettere i risi ?" Comme Rossini
rentrait chez lui désespéré, la cameriere lui fit
la question ordinaire ; on mit le riz au feu, et avant qu'il fut prêt,
Rossini avait fini l'air Di tanti palpiti.
Le nom d'"aria dei risi" rappelle
qu'il a été fait en un instant."
Cette anecdote est très probablement
vraie. En effet, le manuscrit autographe de Tancredi, conservé
au Museo Teatrale alla Scala, contient deux cavatines d'entrée en
scène pour le héros, toutes les deux de la main de Rossini
: à coté de Di tanti palpiti se trouve une autre pièce,
Dolci
d'amor parole.
Mais il est plus probable encore que
Stendhal raconte l'histoire à l'envers.
L'auditeur moderne connaît maintenant
l'air Dolci d'amor parole, enregistré en bonus de l'intégrale
de Roberto Abbado. Il est de facture plus classique, et surtout plus orné
que Di tanti palpiti. Et quelle cantatrice refuserait un air dans
lequel elle a l'occasion de briller en multipliant roulades et ornements,
au bénéfice d'un air plus simple ?
D'autre part, un examen minutieux du
manuscrit autographe révèle que Di tanti palpiti fut
écrit sur le même papier que les numéros précédents
et suivants de l'opéra ; Dolci d'amor parole est noté
sur une variété de papier différente et apparaît
donc comme un ajout postérieur au manuscrit.
La Malanotte, qui ne pouvait pas se
douter que la cavatine d'origine allait devenir si célèbre
et estimait probablement que Di tanti palpiti ne la mettait pas
assez en valeur, a vraisemblablement chanté tantôt l'un tantôt
l'autre air pendant la saison vénitienne, jusqu'à ce que
rapidement la popularité de Di tanti palpiti bannisse Dolci
d'amor parole de l'opéra.
En effet, s'il faut en croire Stendhal
"depuis le gondolier jusqu'au plus grand seigneur, tout le monde répétait
: "ti rivedro, mi rivedrai". Au tribunal où l'on plaide, les juges
furent obligés d'imposer silence à l'auditoire, qui chantait
"ti rivedro !". ("Ti rivedro, mi rivedrai" : tu me reverras, je te reverrai,
mots d'amour de cette cavatine. Des pages entières ont été
écrites pour expliquer pourquoi le "tu me reverras" se trouve avant
le "je te reverrai"... Innocente fatuité de l'amour insouciant !).
L'air allait devenir un des plus populaires
de la première moitié du XIXe siècle. Si populaire
que Wagner en fit une parodie dans le choeur burlesque des tailleurs des
Maîtres
Chanteurs, un demi-siècle plus tard, et que lors de la première
de la Neuvième Symphonie, Beethoven le fit chanter afin d'attirer
le public.
(Tancredi au Théâtre
San Carlo)
4. Histoire
d'une fin
Créé à Venise
en février 1813, Tancredi fut repris le mois suivant à
Ferrare, pour la saison de Carême. Rossini et Adelaïde Malanotte
s'y rendirent donc. Or la cantatrice était accompagnée de
son amant, Luigi Lechi.
Pour la petite histoire, ce n'est pas
la première fois que le destin de Rossini était lié
à un membre de la famille Lechi. Le 22 décembre 1797, la
légion lombarde que commandait le comte Giuseppe Lechi, frère
aîné du précédent, pénétra à
Pesaro, qui faisait alors partie des Etats du pape, sous les acclamations
de Rossini père, républicain farouche. Giuseppe Rossini et
quelques autres décrétèrent le ralliement de Pesaro
à la République. Mais les soldats du pape reprirent rapidement
possession de la ville, Giuseppe Rossini fut jeté en prison, et
sa femme partit pour Bologne, où elle se fit engager comme chanteuse
"seconda donna" pour subvenir à ses besoins et à ceux de
son fils, âgé de cinq ans. Après dix mois de prison,
le père les rejoignit, l'aventure lui avait fait perdre son emploi
d'inspecteur des boucheries, il tint désormais le cor dans les orchestres
des théâtres dans lesquels sa femme se produisait. Rossini
dira : "Sans l'invasion des Français en Italie, j'aurais été
probablement pharmacien ou marchand d'huile."
Luigi Lechi, le frère cadet,
écrivain et patricien libéral, appartenait à une des
plus nobles familles de Brescia. Il faisait partie d'un groupe de poètes
regroupés autour de Ugo Foscolo, par l'intermédiaire duquel
il avait rencontré la Malanotte. On ne sait pas qui, de Rossini
ou de Lechi, suggéra de modifier le final pour le rendre conforme
à la pièce de Voltaire en faisant mourir Tancredi. Mais c'est
Lechi qui écrivit le texte du dénouement tragique.
Il était encore top tôt
: faire mourir un personnage sur scène était tout simplement
inconvenant, même si l'agonie de Tancredi est toute de sobriété
et d'émotion. Ce dénouement était toutefois moins
dramatique que celui de la pièce de Voltaire, puisque Amenaïde
y meurt également. Ce 20 mars 1813, le public, déconcerté,
bouda cette fin inhabituelle ; on en revint donc au livret originel. Pourtant,
les fins tragiques devinrent bientôt la norme de l'opéra romantique,
dont Rossini fut le précurseur : Tancredi marque un tournant
dans l'histoire de l'opéra.
Paradoxalement, c'est grâce à
cette fin qui déplut tant que l'oeuvre fut tirée de l'oubli.
En 1862, Tancredi, passé
de mode, connut une dernière reprise à Paris et disparut
des scènes lyriques. La première reprise du XXe siècle
eut lieu au Mai Musical Florentin en 1952 sur l'initiative de Tullio Serafin
avec Giulietta Simionato dans le rôle-titre, la seconde en 1968 à
l'auditorium Pedrotti de Pesaro, sans parvenir à s'imposer autrement
que comme curiosité. Ces deux productions donnaient la fin heureuse,
car on pensait que le manuscrit du final tragique était perdu, que
seul le livret imprimé avait survécu.
C'est en 1974 que le comte Lechi, lointain
héritier du librettiste rossinien, informa la fondation Rossini
de Pesaro qu'un manuscrit avait été découvert dans
les archives familiales. Ce fut l'une des découvertes les plus importantes
de la Rossini-renaissance : on identifia bientôt la partition autographe
du final tragique, dont la première résurrection eut lieu
à Martina Franca en 1976, avec Viorica Cortez, Lella Cuberli et
Eduardo Gimenez, puis au théâtre municipal d'Angers sous la
direction de John Perras, déjà au pupitre de Martina Franca.
C'est alors que Marilyn Horne tomba
amoureuse du rôle-titre et de sa mort douce-amère, et qu'elle
l'interpréta partout : au Jones Hall de Houston le 13 octobre 1977,
deux mois après à Rome, à Carnegie Hall en 1978, à
San Francisco en 1979, au festival d'Aix-en-Provence en 1981 et à
la Fenice de Venise en 1981 et 1983. Elle réalisa aussi un enregistrement
qui, s'il n'est pas l'aîné de la discographie, est le premier
qui fasse réellement honneur à Rossini. De son coté,
Lucia Valentini-Terrani aborda le rôle en 1982 au festival de Pesaro.
De nos jours, le final tragique a pris
le pas sur la conclusion heureuse, sur scène aussi bien que dans
les enregistrements. Il nous est cependant permis, après plus d'un
siècle d'agonies donizettiennes et de morts violentes verdiennes,
d'aimer tout autant la fin heureuse, tellement plus proche du Rossini jeune
et solaire des années pré-napolitaines.
5. Patriotisme
italien
Les premiers mots, d'une simplicité
sublime, du Tancredi rossinien sont "o ! patria". Ces deux mots
suffirent à réveiller l'ardeur dans le coeur d'un peuple
qui, dans le sillage napoléonien, retrouvait le sens patriotique.
Comme le note Damien Colas dans Rossini,
l'opéra de lumière, "Tancrède n'est autre qu'un soldat
de Bonaparte, symbole de gloire, d'aventure, de justice et de liberté,
transposé dans la Sicile du XIe siècle". Ou encore, comme
le dit Dominique Fernandez dans Le Promeneur amoureux, "le récitatif
o
! patria et l'air Di tanti palpiti permet au compositeur d'épancher
sa tendresse amoureuse non moins que ses impatiences nationalistes".
L'opéra qui suivra cette oeuvre
à la fois belliqueuse, chevaleresque et patriotique dans la production
rossinienne sera, la même année et dans la même ville,
L'Italienne à Alger, à la fin duquel l'héroïne
entonne le fracassant rondo Pensa alla patria.
Quelle mouche piquait donc Rossini
? il semble que les tribulations paternelles rapportées dans le
paragraphe précédent lui aient servi de leçon de prudence.
Il sortit une seule autre fois de sa réserve, en 1815, après
le retour de Napoléon de l'île d'Elbe. L'Italie se souleva
et Murat chassa les Autrichiens. Aussitôt Rossini, qui se trouvait
à Bologne, composa un hymne à l'indépendance italienne.
Mais la légende, invérifiable, et que le maestro récusa,
raconte que les Autrichiens ayant repris Bologne et procédant à
d'impitoyables répressions, le compositeur demanda un beau matin
à être reçu au quartier général autrichien
et proposa de composer un hymne en l'honneur de l'empereur François
Ier en échange d'un sauf-conduit. L'hymne était le même
que le précédent, mais avec d'autres paroles ! Quand la supercherie
fut découverte, Rossini était déjà loin...
Par la suite, à Naples comme
à Paris, l'ascension sociale de Rossini fut liée aux Bourbons.
Pourtant, quand il quitta la capitale française en 1836 pour s'installer
à Bologne, il ne cacha pas son admiration pour le risorgimento.
Mais face à ces jeunes patriotes, il faisait figure de réactionnaire.
Effrayé par les insultes qu'il reçut, il quitta Bologne en
1848 et s'installa à Florence.
Quoi qu'il en soit, Rossini avait,
semble-t-il, des opinions dans sa jeunesse, qu'il osa timidement faire
entendre. D'autres seront moins timorés et, un jour, les allusions
patriotiques au sein d'un opéra feront la renommée de Verdi...
6. Conservatisme
et innovation
Si l'on feuillette le dictionnaire
chronologique de l'opéra à l'année 1813, n'y figurent
que trois opéras : Il signor Bruschino, Tancredi, L'Italienne
à Alger. Trois opéras de Rossini. Pourtant, à
cette époque, toute l'Italie bruissait de musique, et les compositeurs
étaient nombreux. Qui de nos jours peut fredonner la moindre mélodie
de Pavesi, Mosca, Generali, Manfroce, Coccia, Fioravanti, Nicolini, Portogallo
ou Guglielmi ? Et que possédaient les opéras de Rossini qui
en firent le compositeur adulé de toute l'Europe et qui précipitèrent
ses contemporains dans l'oubli ?
Encore une fois, c'est Stendhal qui
fournit une partie de l'explication : "Avant Rossini, il y avait bien souvent
de la langueur et de la lenteur dans les opera seria ; les morceaux
admirables étaient clairsemés, souvent ils se trouvaient
séparés par quinze ou vingt minutes de récitatif et
d'ennui : Rossini venait de porter dans ce genre de composition le feu,
la vivacité, la perfection de l'opera buffa (...)
il entreprit la besogne de porter la vie dans l'opera seria."
Avec Tancredi, Rossini commençait
à secouer tous les poncifs de l'opera seria : il conserva
la trame de l'opéra métastasien, mais si les récitatifs
sont toujours secs, ils sont raccourcis au minimum. De la même façon,
il s'agit encore d'un opéra à numéros fermés
bien distincts, mais les scènes d'ensemble, dans lesquelles progresse
l'action, sont privilégiées par rapport aux arias
solistes, qui décrivent les sentiments intérieurs des personnages
: duos et ensembles impriment un rythme à l'oeuvre.
À l'intérieur de chaque
morceau, la tonicité est également assurée par des
contrastes de tensions et de détentes, évitant la monotonie
qui pourrait surgir de la succession de numéros. On remarque en
particulier une dynamique interne, une montée en puissance menant
graduellement au point culminant que constitue la cabalette. On peut prendre
pour exemple le deuxième air, splendide, d'Argirio. Il commence
mélancoliquement par les hésitations d'un père à
signer la condamnation à mort de sa fille : Ah ! segnar invano
io tento, puis, après une intervention du choeur, l'atmosphère
change, Argirio, résolu, demande pardon de ses larmes : Perdonate
questo pianto sur un rythme enlevé et énergique. Cette
organisation bipartite des morceaux aura une influence considérable
sur le théâtre lyrique italien de tout le restant du XIXe
siècle.
Mais revenons à Stendhal : "Ce
qui excita des transports si vifs à Venise, ce fut la nouveauté
de ce style, ce fut des chants délicieux garnis, si j'ose m'exprimer
ainsi, d'accompagnements singuliers, imprévus, nouveaux, qui réveillaient
sans cesse l'oreille et jetaient du piquant dans les choses les plus communes
en apparence ; et cependant les accompagnements produisaient des effets
si séduisants sans jamais nuire à la voix."
L'orchestration de Tancredi paraît
donc novatrice à l'oreille de ses contemporains. Celle de l'auditeur
du XXIe siècle, habituée à des harmonies plus nourries,
plus épicées, ne s'en rend malheureusement plus compte. Il
fut cependant longtemps reproché à Rossini, y compris dans
ses petits opéras en un acte, une opulence et une difficulté
d'orchestration inhabituelle pour son temps. On parlait, le concernant,
"d'harmonie allemande" ! Les ressources expressives de l'orchestre sont
ici mobilisées comme rarement dans l'opéra italien du début
du XIXe siècle. Qu'on écoute attentivement le prélude
de l'air de la prison d'Amenaïde...
Mais son immense succès tient
tout autant à la beauté et à la simplicité
des mélodies, encore complètement dans la tradition belcantiste,
cherchant par-dessus tout à mettre la voix en valeur, mais sans
excès gratuit. De plus, le choix pour le rôle-titre d'une
voix de contralto, en remplacement de la voix de castrat déjà
moribonde, montre à quel point Rossini était attaché
à la tradition.
Rossini fut ainsi un conservateur-rénovateur,
un prodigieux précurseur en même temps qu'un pur produit de
la tradition lyrique italienne du XVIIIe siècle qui mourra avec
lui, car tout en collant cette tradition au plus près, il la renouvela
totalement, préfigurant par le resserrement dramatique, une orchestration
éloquente et intense, les premiers accents de la sensibilité
romantique naissante.
Catherine Scholler