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En commémoration du bicentenaire de sa disparition «
Cimarosa met toujours sa statue sur la scène et le piédestal dans l’orchestre,
Introduzione... Le destin fit naître Domenico Cimarosa le 17 décembre 1749 à Aversa, petite ville aux portes de Naples dans laquelle avait déjà vu le jour en 1714, un autre compositeur estimé : Niccolò Jommelli (1714-74). On n’est pas certain de la date du transfert de la famille Cimarosa à Naples, mais une chose est sûre, Domenico était encore enfant. Naples était la capitale du « Royaume des Deux-Siciles », devenue florissante sous le règne de Carlo Settimo di Borbone, fils de Philippe V d’Espagne. Carlo VII° redonne à Naples une splendeur architecturale avec les palais royaux de Caserte et de Capodimonte, et l’inauguration en 1737, du prestigieux Teatro San Carlo, érigé en sept mois et ainsi nommé en l’honneur du roi Carlo VII° di Borbone. Ses vastes loges étaient autant de salons pouvant accueillir commodément une douzaine de personnes ! On lit avec émerveillement le récit du musicographe Charles Burney qui commence par avertir : « Il n’est pas facile de donner une idée du caractère imposant et de la magnificence de ce spectacle ». On comprend vite qu’il ne parle pas que de l’opéra, Demofoonte de Jommelli, présenté pour l’inauguration, le soir de la Saint Charles, mais du spectacle que donnait la salle elle-même ! « la cour était présente, “in gran gala” [en grande toilette] et le théâtre était fastueusement illuminé et incroyablement rempli d’un élégant public. Dans chaque loge il y a un miroir de trois ou quatre pieds de long, et large de deux ou trois, et devant lequel se trouvent deux grandes chandelles de cire ; leur flamme se reflétant dans le miroir se multiplie et s’ajoutant aux lumières de la scène et à celles des loges, produit une splendeur trop éblouissante pour les yeux. Le Roi et la Reine étaient présents ; à leurs Majestés est réservé une grande loge face à la scène et qui occupe en hauteur et en largeur la place de quatre loges. La scène est immense, les décors et les costumes sont d’une extraordinaire magnificence, je pense que ce théâtre est supérieur, pour les installations scéniques comme pour la musique, au grand théâtre d’opéra de Paris... » Complétant le climat culturel, les premières fouilles à Pompéi et à Herculanum avaient préludé en 1748, un an avant naissance de Cimarosa, à l’engouement pour les civilisations antiques et à sa consécutive satire en opéra : Socrate immaginario (1775) de Paisiello ou l’éloquent titre de notre Cimarosa lui-même : Il Fanatico per gli antichi Romani (1777). Lorsque le malheureux Gennaro Cimarosa meurt, en tombant d’un échafaudage du palais royal où il travaille, il laisse son épouse et Domenico dans une situation précaire. La mère est la blanchisseuse d’un couvent et le petit Domenico peut ainsi fréquenter l’école gratuite des pères. C’est l’un deux qui découvre les dispositions du jeune garçon pour la musique et le fait inscrire gratuitement au Conservatorio Santa Maria di Loreto en 1761. Habile violoniste, il joue également bien du clavecin ou de l’orgue mais chante encore mieux, paraît-il. Ses premières compositions, de musique sacrée, remontent à ces années d’études. D’autre part ses manières courtoises, avenantes et élégantes faisaient l’admiration de tous. Lorsqu’il quitte le conservatoire, dix ans plus tard, le roi Don Carlo est parti succéder à son père sur le trône d’Espagne, laissant celui de Naples à son troisième fils, Ferdinando. Quant à l’opéra, il est dominé par la stature de Giovanni Paisiello qui avait obtenu avec L’Idolo cinese en 1767, la consécration officielle de compositeur le plus prestigieux de l‘école napolitaine. D’autres grands noms comme Pietro Guglielmi (1728-1804) ou Pasquale Anfossi (1827-97) sont absents de Naples, tandis que Jommelli y est revenu depuis 1770. |