Hommage à Vincenzo Bellini
A l'occasion du bicentenaire de sa naissance : 1801-2001
Première époque
Les débuts - Les deux premiers opéras : 1801-1826

Naissance du génie

Yonel Buldrini

 

Catane, ville la plus chaude d'Italie, sertie dans la confusion de deux bleus : " l'orizzonte bacia l'onda.... " (l'horizon baise l'onde) dit Enzo Grimaldo dans la célèbre romance de La Gioconda : " Cielo e mar.... ", Catania, comme on dit en italien, a déjà vu la naissance en 1796, de Giovanni Pacini, l'une des " ombres " les plus importantes de Bellini et Donizetti. Un musicien du nom de Vincenzo Tobia Bellini, né dans les Abruzzes (le 12 mai 1744) mais formé dans l'un des conservatoires de Naples, décida de se fixer à Catane où il fut maître de chapelle, organiste et compositeur de musique sacrée pour les cérémonies religieuses. En 1769, il épousa une Catanaise qui lui donna cinq enfants dont l'aîné, Rosario, naquit en 1776. Celui-ci reçut l'éducation musicale de son père, qu'il aida ensuite dans sa tâche. Rosario Bellini épousa le 17 janvier 1801, Agata Ferlito, jeune fille blonde aux yeux bleus, appartenant à une famille aisée.
Dans la nuit du 2 au 3 octobre, naquit leur premier enfant : Vincenzo Salvatore Carmelo Francesco, (portant les prénoms respectifs de son grand-père paternel, du prêtre effectuant la cérémonie du baptême, du grand-père maternel et du parrain). Le petit Vincenzo ressemblait à sa mère et il était si vif et si éveillé qu'il posa, paraît-il, les mains sur un piano dès l'âge de trois ans ! Même si ce détail appartient aux nombreuses légendes qui entourèrent l'homme infortuné, on sait en revanche qu'il jouait fort bien du piano à peine plus âgé de cinq ans... et sa première composition, un " Gallus cantavit " de l'Évangile , date de l'année suivante. Il progresse rapidement sous l'enseignement de son Grand-père Vincenzo Tobia et compose à neuf ans sa première messe. D'autres morceaux religieux suivent, encore une messe -il avait treize ans- puis des " ariette " en italien et en sicilien. D'autre part, le jeune Vincenzo courait les rues de Catane où fleurissaient alors les orgues de Barbarie et retranscrivait sur papier tous les motifs qu'il entendait ! Cet attrait pour des musiques profanes, peut donc être retenu comme un signe préfigurant la voie musicale attirant notre compositeur, pour le plus grand bonheur futur des passionnés d'opéra !
Alors qu'il était adolescent, il alla habiter chez son grand-père pour profiter plus encore de son enseignement... et alléger peut-être les charges d'une famille s'étant agrandie de six autres enfants. On pense que Vincenzo Tobia le fit connaître dans les milieux aristocratiques qu'il fréquentait et que Vincenzo composa en ces occasions diverses : la Sinfonia in re maggiore, la Scena ed aria di Cerere, l'Allegro a guisa di Cabaletta " E nello stringerti a questo core " et la cavatine " Sì, per te, Gran Nume eterno ", trois morceaux pour soprano et orchestre. Vincenzo a désormais dix-sept ans et il commence à diriger ses regards vers le conservatoire... en accord avec son grand-père Tobia, conscient de n'avoir plus rien à lui enseigner. Vincenzo compose encore un Tantum ergo en l'honneur du nouvel évêque de Catane, ainsi que deux messes (en ré majeur et en sol majeur). Le duc di Sammartino, connu probablement dans les salons fréquentés par Vincenzo, appuya une demande de subvention et la ville l'accorda pour quatre années d'études à Vincenzo, en considération des mérites de son grand-père et du labeur de son père. Il fallait donc quitter la baroque Catane... mais même pas pour Palerme... les conservatoires prestigieux se trouvaient dans la capitale du royaume des Deux-Siciles : Naples !
Vincenzo monte donc dans la diligence qui l'amène à Messine, où il séjourne une semaine chez la soeur de son père, Anna. Il embarque le 14 juin 1819 et arrive quatre longs jours plus tard à Naples.

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