Catane,
ville la plus chaude d'Italie, sertie dans la confusion de deux bleus
: " l'orizzonte bacia l'onda.... " (l'horizon baise l'onde)
dit Enzo Grimaldo dans la célèbre romance de La Gioconda
: " Cielo e mar.... ", Catania, comme on dit en italien, a déjà
vu la naissance en 1796, de Giovanni Pacini, l'une des " ombres "
les plus importantes de Bellini et Donizetti. Un musicien du nom de Vincenzo
Tobia Bellini, né dans les Abruzzes (le 12 mai 1744) mais formé
dans l'un des conservatoires de Naples, décida de se fixer à
Catane où il fut maître de chapelle, organiste et compositeur
de musique sacrée pour les cérémonies religieuses.
En 1769, il épousa une Catanaise qui lui donna cinq enfants dont
l'aîné, Rosario, naquit en 1776. Celui-ci reçut l'éducation
musicale de son père, qu'il aida ensuite dans sa tâche. Rosario
Bellini épousa le 17 janvier 1801, Agata Ferlito, jeune fille blonde
aux yeux bleus, appartenant à une famille aisée.
Dans la nuit du 2 au 3 octobre, naquit leur premier enfant : Vincenzo
Salvatore Carmelo Francesco, (portant les prénoms respectifs de
son grand-père paternel, du prêtre effectuant la cérémonie
du baptême, du grand-père maternel et du parrain). Le petit
Vincenzo ressemblait à sa mère et il était si vif
et si éveillé qu'il posa, paraît-il, les mains sur
un piano dès l'âge de trois ans ! Même si ce détail
appartient aux nombreuses légendes qui entourèrent l'homme
infortuné, on sait en revanche qu'il jouait fort bien du piano
à peine plus âgé de cinq ans... et sa première
composition, un " Gallus cantavit " de l'Évangile , date
de l'année suivante. Il progresse rapidement sous l'enseignement
de son Grand-père Vincenzo Tobia et compose à neuf ans sa
première messe. D'autres morceaux religieux suivent, encore une
messe -il avait treize ans- puis des " ariette " en italien
et en sicilien. D'autre part, le jeune Vincenzo courait les rues de Catane
où fleurissaient alors les orgues de Barbarie et retranscrivait
sur papier tous les motifs qu'il entendait ! Cet attrait pour des musiques
profanes, peut donc être retenu comme un signe préfigurant
la voie musicale attirant notre compositeur, pour le plus grand bonheur
futur des passionnés d'opéra !
Alors qu'il était adolescent, il alla habiter chez son grand-père
pour profiter plus encore de son enseignement... et alléger peut-être
les charges d'une famille s'étant agrandie de six autres enfants.
On pense que Vincenzo Tobia le fit connaître dans les milieux aristocratiques
qu'il fréquentait et que Vincenzo composa en ces occasions diverses
: la Sinfonia in re maggiore, la Scena ed aria di Cerere, l'Allegro a
guisa di Cabaletta " E nello stringerti a questo core " et la
cavatine " Sì, per te, Gran Nume eterno ", trois morceaux
pour soprano et orchestre. Vincenzo a désormais dix-sept ans et
il commence à diriger ses regards vers le conservatoire... en accord
avec son grand-père Tobia, conscient de n'avoir plus rien à
lui enseigner. Vincenzo compose encore un Tantum ergo en l'honneur du
nouvel évêque de Catane, ainsi que deux messes (en ré
majeur et en sol majeur). Le duc di Sammartino, connu probablement dans
les salons fréquentés par Vincenzo, appuya une demande de
subvention et la ville l'accorda pour quatre années d'études
à Vincenzo, en considération des mérites de son grand-père
et du labeur de son père. Il fallait donc quitter la baroque Catane...
mais même pas pour Palerme... les conservatoires prestigieux se
trouvaient dans la capitale du royaume des Deux-Siciles : Naples !
Vincenzo monte donc dans la diligence qui l'amène à Messine,
où il séjourne une semaine chez la soeur de son père,
Anna. Il embarque le 14 juin 1819 et arrive quatre longs jours plus tard
à Naples.
|