La
musique et l'intrigue de I CAPULETI E I MONTECCHI
Le titre qui précède
inverse l'ordre habituel entre intrigue et musique pour la simple raison
que I Capuleti e i Montecchi sont plus connus du public, par l'histoire
certes, mais aussi par les diverses éditions discographiques, dont
bon nombre présentent une traduction en français du livret.
Il n'est donc pas besoin de présenter en détail l'action
comme il nous a semblé utile de le faire pour La Straniera
ou Zaira.
De nos jours, on exécute couramment l'opéra en deux actes
et six tableaux mais la subdivision originale était en " Quatre
Parties ", comme l'explique Felice Romani dans son Avvertimento
dell'Autore : " Le Maestro autant que moi étant contraints
par le manque de temps à une "estrema brevità"
[!!] et persuadés d'omettre plusieurs scènes de récitatifs
qui auraient justifié le cours du drame, nous avons divisé
l'Action en quatre parties, pour que dans les intervalles passant entre
l'une et l'autre, l'esprit du spectateur supplée à ce qui
n'apparaît pas : néanmoins, les deux premières parties
sont exécutées à la suite, selon l'usage actuel et,
pour la troisième seulement, on ferme le rideau afin de faciliter
l'agencement des décors. ".
Cette division en quatre parties explique notamment la confusion assez
répandue consistant à dire que la Malibran substitua le
Finale de l'opéra de Vaccaj au quatrième acte de
Bellini. On devrait plutôt dire : à la quatrième
partie (ou à la rigueur : au dernier tableau ).
D'autre part, une publication aussi récente que : Bellini Tutti
i libretti d'opera, (Newton, Rome 1997) présente le livret
en quatre parties, ignorant même la notion d'acte !
L'action
se déroule à Vérone, au XIIIe siècle.
(Les durées indiquées sont celles de l'enregistrement
du Maestro Riccardo Muti, effectué à
l'Opéra royal Covent Garden de Londres et d'une durée totale
de 2h.10mn.12'.)
SINFONIA [4mn. 45']
Quelques accords tumultueux
nous rappellent que l'opéra ne s'intitule pas Giulietta e Romeo
mais bien I CAPULETI E I MONTECCHI, du nom de ces deux familles
" turbulentes ", selon le mot du grand poète Dante Alighieri.
Une sorte de crescendo introduit ensuite les thèmes du vigoureux
chur d'Introduction, dans lequel les partisans des Capuleti vont
déchaîner l'expression de leur haine des Montecchi.
Bellini signe ensuite sa partition : la flûte propose délicatement
la ravissante mélodie de la Cabaletta de Giulietta au début
du second acte : " Ah! non poss'io partire... ", moment poignant
où elle doit plier, désespérée, sous l'inflexible
autorité de son père Capellio. Les thèmes du chur
de ralliement des Capuleti reviennent de manière éclatante
et concluent la sympathique Sinfonia.
[ACTE PREMIER (1h. 13mn. 22')]
" Parte Prima " [53mn.70']
Premier tableau
: [26mn.22'] Une galerie dans le palais de Capellio.
Coro d'Introduzione.
Les Capulets guelfes se rallient, forts de leur haine des Montaigus gibelins.
Leur détermination apparaît clairement dans leurs paroles
: avant que les portes de la ville ne s'ouvrent, Vérone croulera
plutôt sur les Capulets, invaincus ! La musique est guerrière
mais néanmoins charmante (ô romantisme !), et a déjà
été entendue dans l'ouverture.
Scena e Cavatina Tebaldo. (Nous avons respecté les appellations
originales des "Numéros musicaux", utilisant "Cavatina"
dans le sens premier d'Air d'entrée, même si une Cabaletta
devait suivre). Tebaldo (ténor) -fameux cousin de Giulietta !-
annonce que l'heure est grave car Ezzelino da Romano, un puissant seigneur,
vient de rallier la cause des Montecchi... ces Montecchi qui, dans la
personne de leur chef Romeo, osent parler de paix ! Lorenzo (basse), médecin
des Capulets, les exhorte à écouter les messages de paix...
mais Capellio (basse) rappelle que Romeo a tué son fils, et que
personne ne le connaît puisqu'il a quitté la ville alors
qu'il était enfant. Tebaldo annonce qu'il a fait le serment de
venger Capellio, serment renforcé par la ferveur de devenir bientôt
son gendre (!) : sa Cavatina est le premier bijou bellinien de
la partition, fière mais gracieuse, déjà pleine de
charme !... La brève Scena qui suit nous montre Capellio parlant
de mariage pour... le jour même ! Lorenzo déclare que Giulietta
est malade, d'une " fièvre ardente, / triste, affligée
"...
Magnifique de noblesse et de fierté (comme son air qui va suivre
!), Tebaldo déclare respecter Giulietta : la flûte introduit
l'irrésistible Cabaletta débordant de romantisme
bellinien, de charme, de chaleur élégante !
" L'amo, ah! l'amo, e m'è più cara, / più del
sol che mi rischiara " : il l'aime plus que le soleil qui l'éclaire
de ses rayons, et si son propre bonheur devait coûter à Giulietta
une seule plainte, il préférerait " mille giorni di
dolor " !
Ah ! cette montée des violoncelles sur : " Ma se avesse il
mio contento ", traduisant la pointe de mélancolie à
l'évocation de la douleur de Giulietta, que pourrait provoquer
son bonheur. ...Il fait pourtant, lui Tebaldo, le bonheur de l'auditeur,
surtout lorsqu'il possède la vibrante et lumineuse chaleur d'un
Luciano Pavarotti (dans la fameuse version de la Scala), faisant presque
oublier les " rabotages " d'Abbado, qui coupe, par-ci, par-là...
Recitativo, Coro e
Cavatina Romeo. Capellio signifie à Lorenzo de faire en sorte que
Giulietta soit prête pour la cérémonie... avant le
coucher du soleil ! Il fait taire ensuite les scrupules de Tebaldo : quel
autre choix que le sien, pourrait faire sa fille ?!! La trompette annonce
l'arrivée du représentant des Montecchi. L'émissaire
s'avance, c'est bien sûr Romeo (mezzo-sop./parfois ténor),
que personne ne reconnaît, puisqu'il est inconnu de tous. Fort respectueux
des " Nobili Guelfi " (nobles guelfes), il parle de paix avec
une tranquillité, que Bellini traduit par un tel abandon Moderato
qu'on est obligé de le croire ! Il parle même de sceller
cette paix par l'union de Giulietta Capellio à... Romeo Montecchio
! ! Mais le vieux Capellio s'insurge, entre eux s'élève
désormais, " di sangue / fatal barriera ", cette triste
annonce provoque la mélancolique Cavatina introduite par
la clarinette mollement ondoyante, comme dit G. Cataldo, " Se Romeo
t'uccise un figlio ", si Romeo a tué un fils de Capellio,
ce fut dans une bataille "régulière", pour ainsi
dire... Et Capellio retrouvera un autre fils dans son seigneur ! Capellio
le charge de dire à Romeo qu'il a déjà trouvé
un fils : Tebaldo ! L'aveugle obstination des Capuleti exaspère
Romeo, qui se lance dans la martiale Cabaletta " La tremenda
ultrice spada ", cette " terrible épée vengeresse
" de Romeo s'abattra sur eux par la faute de leur obstination ! Il
est intéressant de comparer cette version de la Cabaletta à
celle, originale, de Zaira (avant-dernier tableau) qui avait quelque chose
de gênant : elle était en mineur, la voilà, superbe,
transposée en majeur !
On notera les impressionnantes cadences finales exploitant les beaux graves
du mezzo-soprano : " ma su voi, ricada il sangue " (mais que
sur vous retombe le sang) montrant que la responsabilité des futures
effusions de sang retombe sur les Capuleti. La conclusion orchestrale
s'éteint peu à peu, curieusement en contraste avec le ton
martial du passage, mais opérant une harmonieuse transition vers
la douceur du tableau suivant.
Deuxième
tableau : [27mn.48'] Une petite pièce dans l'appartement de
Giulietta.
Recitativo e Romanza Giulietta. Un superbe Prélude au cor obbligato
pose l'atmosphère, tendre et mélancolique, de l'entrée
de Giulietta. Elle se découvre toute parée, " comme
une victime devant l'autel " du sacrifice ! Au moment le plus intense
de sa douleur, le beau thème du prélude revient, et d'ailleurs
l'intitulé " Recitativo " devrait plutôt être
nommé Scena car le passage est fort expressif malgré son
dépouillement. Quelques accords de harpe préparent l'arrivée
de la sublime Romanza qui vogue complètement au-dessus de
tout, de l'histoire même, morceau de Romantisme, mélancolie
à l'état pur !
Avec un parfum difficile à définir de médiéval,
de forme épurée, comme ces chants portés par les
troubadours...
Ralentie, mûrie, ciselée, distillée est cette Romanza
di Nelly de Adelson e Salvini, devenue la définition de
Giulietta ! " Oh! quante volte, oh! quante " : combien, oui
combien de fois a-t-elle pu invoquer le nom de son bien aimé !
Ah! , même l'air qui flotte autour d'elle lui semble être
le souffle de Romeo !
Scena e Duetto Giulietta-Romeo. Lorenzo qui sait bien dans quel état
frémit la pauvre Giulietta, tente de la préparer à
une joie imprévue... Romeo est à Vérone ! Il ouvre
alors le passage secret connu d'eux seuls (ne brisons pas le charme,
mais il est tout de même curieux qu'un tel passage puisse être
inconnu du maître de maison !!) et Romeo en surgit ! (Lorenzo sort).
Ils se confient leur lassitude de vivre sans consolation... mais l'invitation
de Romeo : " fuggire " (fuir) déclenche un vif Arioso
a). Il tente de la convaincre mais Giulietta répète
la phrase d'Arioso, déclarant qu'un pouvoir plus fort que l'amour
l'enchaîne ici... Romeo s'en étonne fortement mais Giulietta
lance ces mots : devoir, loi et honneur, appuyant ce dernier d'une impressionnante
monté dans l'aigu... L'orchestre soupire et la clarinette décrit
avec mélancolie la consternation de Romeo. b) Chacun reste
sur ses positions dans le magnifique Andante un poco sostenuto,
touchant au sublime par son abandon, sa mélancolie si intense...
puis, moment d'extase, les voix s'unissent !... alors que les sentiments
divergent : ô merveilleuses conventions de la musique !
On entend au loin la joyeuse marche nuptiale qui augmente la tension...
c) Stretta finale Più moderato : Romeo supplie une
dernière fois Giulietta de le suivre, mais elle refuse et Romeo,
vaincu, disparaît par le passage secret - le rideau tombe. Morceau
passionné et prenant, jusque dans ses cadences finales, augmentant
l'urgence déjà forte de la musique !
Troisième tableau et " Parte
Seconda " [19mn.12']
Un atrium interne
du palais de Capellio ; de face, un escalier conduit à des galeries
praticables. De grands balcons sur les galeries conduisent dans les salles
du palais, illuminées pour une fête magnifique. Il fait nuit.
Coro. Sur une musique fort sympathique, car elle est enjouée
mais avec cette pointe de naïveté dont le XIXe avait le secret,
le chur des invités se réjouit de cette saine pause
nuptiale au milieu des combats. " dame " et " cavalieri
" se retirent dans les galeries.
Finale. Lorenzo, éperdu, ne sait comment retenir ce chevalier
"guelfe" dont l'habit guelfe cache en fait... Romeo ! un Romeo
décidé à interrompre les noces, à l'aide des
nombreux gibelins introduits (sous habits guelfes) dans Vérone.
Un tumulte interne révèle l'arrivée des Montecchi...
tous les invités des Capuleti fuient dans les galeries, l'orchestre
attaque les crescendi et thèmes vifs de l'ouverture... la scène
reste vide... Une musique tourmentée à l'orchestre accompagne
l'entrée de Giulietta et nous révèle ses angoisses...
elle imagine son Romeo blessé... mort peut-être ! elle a
ici une brève mais intense prière. Romeo paraît et
tente encore de la convaincre de le suivre -exaspération des violons
!-. Il a alors une magnifique phrase, dans laquelle est contenue toute
la couleur du style romantique de Bellini, élégiaque et
"mesurément passionnée", pour ainsi dire ! et
citer les paroles de Romeo vaudra à l'auditeur-lecteur de mieux
saisir le passage, miraculeux d'essence bellinienne :
" Io te lo chiedo in nome / della giurata fè. " (je te
le demande, au nom de la foi jurée).
On entend le cri de " Mort aux Montecchi ! ", il veut l'entraîner
mais Capellio fait son entrée et l'arrête. Tebaldo reconnaît
le " perfido / nemico ambasciator ! ". Le fait que Romeo soit
armé et déguisé ne joue pas en sa faveur... Tebaldo
appelle les hommes d'armes... Giulietta s'interpose... mais lorsqu'on
lui demande ce que peut lui faire le sort d'un "traître",
celui-ci se dévoile comme rival de Tebaldo ! L'ensemble concertant
est un véritable bijou de retenue et pourtant d'expressivité
: tous commentent le coup de théâtre avec consternation puis
une tendre phrase s'élève, presque chuchotée par
Giulietta et Romeo à l'unisson : on touche encore au sublime !
Les Montecchi accourent et appellent leur chef avec affection... ce qui
le découvre aux yeux des ennemis Capuleti ! Alors que Capellio
et Tebaldo regrettent de n'avoir pas versé son sang, Romeo se dresse,
terrible : " Vous voulez du sang, o barbares, / et le sang coulera.
" ! plusieurs chocs forte de l'orchestre soulignent sa noble
fermeté. La Stretta explose simultanément à
l'orchestre et dans la bouche de tous les personnages, tant la fureur
est arrivée à son comble ! Romeo voudrait courir vers Giulietta
et la serrer dans ses bras mais il est séparé d'elle...
La Stretta fait alors entendre le morceau le plus apprécié
de l'infortunée Zaira, superbe phrase sans fin dans laquelle
les deux voix s'unissent désespérément, idéalement,
comme pour compenser la séparation physique, tandis que les autres
personnages scandent simultanément leur animosité : "
Se ogni speme è a noi rapita...
Si
tout espoir nous est enlevé,
de nous revoir jamais en vie,
que cet adieu ne soit pas l'ultime,
nous nous reverrons au moins au ciel. "
Le rideau tombe sur
une retentissante charge orchestrale, comme les aimait le romantisme italien,
compromis idéal de "bruit un peu naïf" et de drame
passionné, mais fort impressionnant et efficace pour le spectateur
qui retient son souffle !
[ACTE SECOND (52mn.05')]
Parte Terza [29mn.24']
Premier tableau
: [15mn.09'] Appartements dans le palais de Capellio. La nuit se poursuit.
Introduzione, Scena ed Aria Giulietta. " La musique exprime un bruit
lointain qui cesse, peu à peu. ", précise encore la
didascalie. Le violoncelle commence ensuite une belle mélodie mélancolique
nous donnant le contenu des pensées de Giulietta qui attend anxieusement...
Lorenzo survient et annonce que Romeo est vivant ! il s'est réfugié
dans une voisine forteresse, aidé par son allié Ezzelino
da Romano. Lorenzo se préoccupe à présent pour elle
car elle va être conduite au château de Tebaldo... Il lui
présente le fameux philtre qui donne l'apparence de la mort ! La
Cavatina " Morte io non temo " (je ne crains pas la mort),
première partie de l'Aria, exprime son angoisse tout humaine,
à la pensée que le philtre puisse faillir, la laissant endormie
pour l'éternité ! Que dire sinon que le sublime bellinien
fait encore son uvre ! ! La flûte crée déjà
ce fameux climat d'extase, en nous suggérant la mélodie,
les violons ondoient délicatement, la voix créant l'essentiel
de la magie... et Renata Scotto est reine dans le contrôle du phrasé,
de la nuance. La menace de l'arrivée de son père, aide Giulietta
à prendre sa décision, elle accepte. Capellio entre avec
le chur et s'étonne de la voir encore éveillée
alors qu'elle doit suivre son époux de bonne heure le lendemain.
Les dures paroles de Capellio sont soutenues par la même figure
orchestrale tourmentée, tellement répétée
qu'on serait presque tenté de le reprocher à Bellini. Il
faut alors écouter ce qu'en fait un chef comme le Maestro Muti
: une étroite traduction musicale du caractère inflexible
de l'égoïste Capellio ! ...D'ailleurs le chur s'aperçoit
de l'état fébrile de la pauvre Giulietta et prie son père
de lui parler plus gentiment. Il ne veut rien entendre et lui fait signe
de partir, alors que Lorenzo entraîne Giulietta, celle-ci se retourne
" "con somma passione" : au comble de la douleur , se rapproche
de son père " précise la didascalie. Bellini frappe
fort ici, dépassant le sublime, pour ainsi dire ! ! Pas d'introduction
à la flûte ou à la clarinette du thème de la
Cabaletta, Giulietta, éperdue, implore directement : "
Ah! non poss'io partire / priva del tuo perdono... " (ah! je ne puis
partir,/ privée de ton pardon / je suis près de la tombe,/
donne-moi au moins une étreinte).
Comment varier après une Cavatina déjà "planante",
lorqu'on ne fait pas une Cabaletta "ronronnante" ??... Bellini
propose une réponse à la Cavatine, ondoyante prière-cantilène,
bercée par les traditionnels arpèges romantiques des violons.
Il donne une Cabaletta languissante, se déployant lentement, péniblement,
avec un accompagnement tout aussi languissant, traduisant toute la douleur
de l'héroïne, qui sent ses forces l'abandonner !
A la fin du Da Capo -miraculeusement non coupé !- il faut entendre
Renata Scotto implorer : " Perdono ad un cuor che muor !!... "
(pardon à un cur qui meurt), et comme si cela n'était
déjà pas suffisamment impressionnant, la masse chorale ajoute
sa fervente prière à celle de Giulietta, qui surmonte tout
le monde d'un magnifique suraigu à la "redescente" un
peu dure, mais pardonnons... -c'est le cas de le dire !- avec le public
qu'on entend la rappeler devant le rideau !
(Une brève Scena, après le départ de Giulietta et
de Lorenzo, nous montre le bouleversement qui s'est tout de même
opéré en Capellio. On pourrait donc croire que le personnage
évolue, mais il a tôt fait de se ressaisir : " Tais-toi,
ô pitié : / tu serais vilenie. ". Il donne ensuite les
ordres de faire rechercher Tebaldo et de suivre Lorenzo, qui lui est devenu
suspect !... On comprend que les théâtres respectant les
tableaux et choisissant l'impressionnante chute du rideau, coupent cette
Scena n'ayant rien de particulier, ni dramatiquement, on vient de le voir,
ni musicalement).
Deuxième
tableau : [14mn.15'] Un lieu écarté du palais de Capellio.
Au fond, à travers une grande arcade, on voit une galerie conduisant
à l'intérieur du palais.
Scena e Duetto Romeo-Tebaldo. Un Preludio pour la clarinette soliste,
débordant de mélancolie romantique, nous donne le ton !
Romeo est à la recherche de Lorenzo auquel il reproche de l'abandonner,
au milieu de tant d'adversité et de souffrance... Bellini résiste
à la tentation de donner peut-être un air à Romeo,
et se contente d'une superbe Scena déclamée et reprenant
le beau thème du prélude, suffisant amplement à nous
donner son état d'âme. Il veut partir mais se heurte à
Tebaldo : c'est la rencontre des rivaux, s'exprimant par un vigoureux
duo -un brin conventionnel- de provocation brillante et fière,
se résumant au dialogue de sourds. Le duo est brusquement interrompu
par une musique lointaine, la poignante marche funèbre de Zaira
! Le cortège de l'infortunée Giulietta passe d'ailleurs
au fond de la scène...
La Stretta du Duetto est plus inspirée, avec son élan
plus bellinien, et c'est une bonne chose car les personnages ont dramatiquement
évolué. Au lieu d'une vaine rivalité de douleur (que
chacun commence par dire plus forte que celle de l'autre !), leur désespoir
mutuel s'exprime. Romeo jette son épée et se précipite
devant Tebaldo, se présentant à ses coups, mais Tebaldo
est accablé à la pensée que son amour pour Giulietta
est responsable de sa mort : " Vis, ah vis, ô malheureux, /
toi qui au moins n'as pas de remords, / si tu ne tronques pas le cours
de mes jours, / la douleur me tuera. ". Une évolution donc,
toute romantique de sens de la faute, de noblesse de cur, de sensibilité
et de revirement magnanime.
Troisième tableau et " Parte Quarta " [22mn.41']
Un lieu clos où
sont érigées les tombes des Capuleti. Près des spectateurs
se trouve celle de Giulietta.
Finale. Tentons de décrire les étapes de cette conclusion,
génériquement appelée : " Finale ". [a)
Coro] Une discrète introduction orchestrale débouche
sur l'annonce, par la flûte, du thème, "tristissimo"
! et délicieusement bellinien, du chur des Montecchi... Bellini
est en état de grâce... pour tant de délicatesse et
de chaleur contenue !
[b) Scena] Romeo s'émeut de trouver la tombe couverte de
fleurs " encore mouillées de larmes "!... Il va ajouter
les siennes, " plus douloureuses, plus amères... ". Il
demande à ses compagnons d'ouvrir la tombe... cette miraculeuse
Scena ne s'anime délicatement qu'à deux occasions, la déclamation
se faisant Arioso : lorsqu'il dit ajouter ses larmes et quand il aperçoit
Giulietta et s'imagine qu'elle dort, attendant que les soupirs de son
Romeo l'éveillent ! Les autres croient qu'il délire et veulent
l'entraîner mais il leur demande de rester seul un instant : "
La douleur a des secrets devant être confiés / seulement
au tombeau " ! les Montecchi se retirent donc : " Ah! tu nous
brises le cur ", accompagnés par les violoncelles, amers.
Seul avec Giulietta, il veut lui parler... mais sait trop qu'elle n'entend
pas !...
[c) Romanza Romeo]. Son immense solitude va le pousser à
tout de même lui confier cette prière "sublimissime",
le lecteur nous concède l'invention de ce terme, inspiré
de l'italien, tant nous avons de fois employé " sublime "
dans le commentaire de cet opéra, car cette fois, c'est encore
supérieur... cela dépasse tout ! Glauco Cataldo écrivait,
à propos du Finale I : " Là, il y a tout Bellini, suprême
et immaculé ! Que celui qui ne le comprend pas, ferme la partition
et se consacre à d'autres distractions... ". Eh bien, loin
d'être aussi exclusif, on peut dire que TOUT Bellini est contenu
dans les moindres inflexions, les moindres ondulations, les plus délicates
couleurs de cette Romanza !
(Les passages en gras signalent un moment particulièrement investi
et révélateur de l'essence du génie bellinien : (ah
! la tendresse mélancolique de la clarinette soulignant ces deux
vers !...).
Qui douterait encore de la validité de la réadaptation d'un
air venant d'un autre opéra, n'aurait qu'à aller chercher
la Cabaletta que Zaira chante au premier acte, et constater ce qu'en a
fait Bellini, en la transformant en cette magnifique Romance !
Deh ! tu bell'anima, (Ah ! toi, belle âme,
che al ciel ascendi, qui monte au ciel,
a me rivolgiti, tourne-toi vers moi,
con te mi prendi : emporte-moi avec toi :
così scordarmi, m'oublier ainsi,
così, così lasciarmi, ainsi, me laisser,
non puoi, bell'anima, tu ne peux, belle âme,
nel mio, nel mio dolor, dans ma douleur,
non puoi scordarmi. tu ne peux m'oublier.)
[d) Scena-Duettino]
Romeo s'empoisonne -roulements de timbales en sourdine !- en dédiant
son dernier soupir aux tombes de ses ennemis !
Un soupir se fait entendre... Giulietta s'éveille ! explications
et désespoir -sur une grande économie d'orchestre- lorsque
Giulietta comprend enfin, l'orchestre s'anime, la Scena devient un Arioso
tourmenté, désespéré... Giulietta veut un
poignard, du poison... puis, la tendresse domine tout, une dernière
fois ! Tout Bellini est encore contenu dans cette phrase musicale accompagnant
les mots de Romeo : " "Vivi, ah ! vivi," : Vis, ah! vis
et vient quelquefois pleurer sur mon tombeau ". Pas de duo, quelques
phrases dites à l'unisson, union, précisément de
leur deux désespoirs ! Romeo s'éteint doucement...
Giulietta pousse un cri et s'effondre sur le corps de Romeo, l'orchestre
explose, accompagnant l'entrée de Capellio, de Lorenzo... des Capuleti...
et des Montecchi !...
Lorenzo constate la mort des deux amants, à la grande stupéfaction
de Capellio, demandant qui les a tués. Lorenzo et le chur
des Montecchi s'écrient : " C'est toi, impitoyable ! "
- sombre et lourde charge orchestrale, Fortissimo !
- Le
rideau tombe -
...sur ce merveilleux
Finale dont la pauvre Malibran n'a su saisir le génie... puisse
la douce âme de Vincenzo le lui pardonner !
* *
*
Épilogue
Un
curieux parallèle d'histoire et de style
Amours contrariées
ou amants infortunés abondent dans l'histoire de l'Italie et l'opéra
romantique s'en est régalé ! Outre ces fameux Capuleti et
Montecchi, il y avait à Florence, les Buondelmonti s'opposant aux
Amidei et à Bologne, les Lambertazzi et les Geremei... Giovanni
Pacini composa, sur un texte du grand librettiste romantique Salvatore
Cammarano, un Bondelmonte créé le 18 juin 1845, précisément
à Florence, au fameux Teatro della Pergola (qui avait vu la création
des donizettiennes Parisina et Rosmonda d'Inghilterra et
connaîtra deux ans plus tard, celle de Macbeth). Un an auparavant,
le pauvre Gaetano Donizetti connut la folle situation de voir sa Maria
Stuarda interdite seulement lors de la répétition générale
! Pour que la création puisse avoir lieu, l'histoire de l'infortunée
reine écossaise dut être travestie à toute allure
en haines de familles rivales, et l'on choisit Buondelmonte !
Curieusement très proche de I Capuleti e i Montecchi, la
donizettienne Imelda de' Lambertazzi est créée moins
de six mois plus tard, le 5 septembre 1830 au Teatro San Carlo de Naples.
Plusieurs spécialistes ont remarqué et étudié
l'aubaine que représente une telle proximité, à la
fois de sujet, mais également de composition musicale !
Bellini met l'amour et l'individualité des personnages en relief,
quitte à utiliser des solutions peu imaginatives et peu variées
comme ces trois airs de présentation de personnages qui se suivent
: Tebaldo-Romeo-Giulietta.
Gaetano Donizetti, quant à lui, privilégie les luttes de
clans dans lesquelles, plus que les Lambertazzi et les Geremei, ce sont
les Gibelins et les guelfes qui se haïssent et se trucident. B. Zappa
parlera d'ailleurs de " drames intérieurs " pour I
Capuleti et de " drames sociaux " pour Donizetti.
Ainsi, dans Imelda de' Lambertazzi, les airs sont-ils peu nombreux
: un pour l'héroïne Imelda dans le premier acte et un autre,
dans le second et dernier acte, pour son amoureux Bonifacio Geremei. Pour
être honnête, il faut préciser que le Finale de l'opéra
est encore un air (pour Imelda) mais il s'agit d'une brève et saisissante
Cabaletta de désespoir en une seule strophe, donc sans répétition
ou Da capo ! Autour de ces trois entités, s'organisent duos,
trios et Ensembles concertants. Imelda de' Lambertazzi est donc
est plus "moderne" et tournée vers le futur de l'opéra
italien. Bellini utilise cinq airs (!) mais innove, on l'a vu, dans le
Finale à la sobriété remarquablement efficace...
quant à ses airs qui se suivent, nul ne s'en plaindra, tant
le génie transfigure ces morceaux formels, leur succession n'existe
plus, seul demeure le plaisir de l'auditeur souhaitant passionnément
que mille airs aussi sublimes se suivent ainsi !
Il y avait de la place pour deux génies dans le paysage de l'opéra
romantique italien... et nous les retrouveront bientôt, côte
à côte - ou plutôt face à face ! - chacun délicieusement
établi sur une rive de l'enchanteur Lac de Côme !...
* *
*
* *
Les enregistrements de I Capuleti e i Montecchi
Le bref commentaire qui suit ne concerne évidemment que les interprétations
que j'ai pu trouver et que je connais... et l'on n'en connaît jamais
assez !
La version Teatro alla Scala est une petite merveille... et à tous
les points de vue ! La splendide Renata Scotto, le plus rayonnant des
Tebaldo : L. Pavarotti, un noble et à la fois chaleureux Romeo
: Giacomo Aragall... bien sûr, ce n'est pas le mezzo original, mais
Romeo-mezzo se trouve dans tellement d'autres versions ! Les sonorités
chaudes, rondes, cuivrées à souhait de l'orchestre du plus
prestigieux théâtre d'opéra du monde, les excellents
churs du même théâtre et un chef -Claudio Abbado-
qui suscita des perplexités en descendant dans la fosse car il
venait, à l'époque, du symphonique... mais sut fort bien
laisser l'espace, " l'expansion " indispensable à la
musique de Bellini, et en souligner, d'autre part, la charge passionnelle
et dramatique.
Le plus beau travail orchestral revient pourtant à Riccardo Muti,
qui fait merveille de l'orchestre de l'Opéra Covent Garden, dont
on retrouve toujours avec plaisir la sympathique sonorité. Sa Giulietta
est la sensible et impeccable Edita Gruberova, formant une très
beau couple avec le Romeo aux inflexions cuivrées de Agnes Baltsa.
Lumineux et chaleureux est Dano Raffanti que l'on retrouvera souvent en
Tebaldo.
La version du Gran Teatro La Fenice est l'exemple même de ces interprétations
dont les passionnés -que nous sommes- parlent en usant d'une comparaison
pas très jolie mais claire : " la sauce prend ". L'expression
concerne ces soirées parfois sans interprètes sortant de
l'ordinaire, mais qui " fonctionnent ", vivent d'un souffle
particulier et mystérieux ! Bruno Campanella brusque un peu la
musique, selon sa déplorable habitude, mais donne un certain souffle,
précisément, à son plateau qui devrait être
dominé par la Giulietta angélique de Katia Ricciarelli...
hélas, tout aigu est arraché à la gorge... mais comme
elle est bien entourée et vit tout de même son personnage,
" la sauce prend ", comme l'on dit !...
Les aigus sont également le problème de Vesselina Kasarova
(qui paraît-il est extraordinaire sur le vif), son Romeo est toujours
strident, dur et c'est fort pénible... l'incolore Eva Mei "tombe"
à côté d'une Gruberova par exemple, un timbre rond
et égal ne suffit pas, il faut habiter son personnage ! Ramòn
Vargas est correct, comme toujours... et on se demande encore ce qui lui
manque pour convaincre, pour séduire... Roberto Abbado se hisse
à un niveau bien supérieur à ses interprètes.
L'intérêt de présenter le Finale de Giulietta e
Romeo de Nicola Vaccaj est relatif, car la Malibran ne conservait
précisément pas le Finale !... mais de cela il a déjà
été question plus haut...
La dernière version studio coupe le souffle à certains égards,
comme la charge orchestrale finale où le chef arrive à une
intensité "léoncavallienne" : on est saisi et
on pense à I Pagliacci ! mais cette impression remontant
à une écoute rapide et globale (lors de la parution) il
nous aurait été utile de pouvoir retrouver cette version
dans le commerce !...
Précisément,
hors du commerce, circulent des enregistrements que les passionnés
s'échangent et qui présentent des interprètes incontournables
mais dédaignés par les maisons de disques. Le premier d'entre
eux est le Romeo Montecchio de Martine Dupuy, noble, passionné,
splendide, et se doublant d'un exécutant scrupuleux et imaginatif
: dans son Romeo de Reggio Emilia, sous la direction de Alberto Zedda,
on peut l'entendre se lancer avec sa Giulietta, Lella Cuberli, dans des
variations jamais exécutées ailleurs !
Le CD d'extraits enregistrés au Théâtre du Casino
de Vichy et distribués aux seuls membres de la Société
ELF Aquitaine, présente une Giulietta Capellio insolite, se démarquant
des tendres, douces Giulietta... de sa voix coupante, callassienne...
on aura reconnu Lucia Aliberti sous cette description ! On dépasse
quelques petites approximations par rapport à la justesse et on
se laisse prendre par l'intensité de son chant, dramatique au possible...
Ah ! son suraigu couronnant la Cabaletta du premier tableau du second
acte ! c'est le frisson assuré... augmenté par le public
qui déborde d'enthousiasme, alors que la charge orchestrale, lancée
par un Arturo Tamayo survolté, tente désespérément
de se faire entendre pour accompagner la chute du rideau, moment ô
combien magique ! Anna Holroyd a des graves impressionnants même
si la justesse vacille aussi, un peu, parfois. (Inutile de préciser
que la " sauce prend " également à Vichy... forçant
la main même à R. Vargas !).
Comme Lucia Aliberti,
même si elle est dotée d'un timbre fort différent,
Maureen O'Flynn retient l'attention dès qu'elle ouvre la bouche.
Son vibrato, qu'il soit naturel ou une modulation voulue, fait merveille
dans l'expressivité de son chant. Luca Canonici est un Tebaldo
intéressant... Le chef étant accouru en catastrophe pour
remplacer Evelino Pidò, je crois, fait ce qu'il peut... et l'orchestre
devrait être le seul au monde à ne pas écorcher
Bellini... car c'est celui du " TEATRO BELLINI di Catania ",
précisément !
On pourrait dire "
ETC. ... " car Beverly Sills, Maria Chiara, Olivia Stapp (!), Nelly
Miricioiu, Mariella Devia, Cecilia Gasdia, Luciana Serra, Laura Claycombe...
Tatiana Troyanos, Jennifer Larmore... ont probablement quelque chose à
dire... à ceux qui possèdent ces enregistrements de poursuivre
virtuellement cette analyse !...
Enregistrements
officiels, en public ou en studio
Giulietta Capuleti : Laurel Hurley
Romeo Montecchio : Giulietta Simionato
Tebaldo : Richard Cassily
Cappellio : Ezio Flagello
Lorenzo : David Smith
Direction : Arnold Gamson
New York, Carnegie Hall, 14-10-1958
Giulietta Capuleti
: Antonietta Pastori
Romeo Montecchio : Fiorenza Cossotto
Tebaldo : Renato Gavarini
Cappellio : Vittorio Tatozzi
Lorenzo : Ivo Vinco
Coro e Orchestra di Roma, della Radiotelevisione Italiana
Maestro Concertatore e Direttore : Lorin Maazel
Roma, 23 Ottobre 1958.
Intégrale : LP Melodram 003 (3)
Extraits : Longanesi Periodici, " I Gioielli della lirica "
vol. 41.
Giulietta Capuleti
: Margherita Rinaldi
Romeo Montecchio : Giacomo Aragall
Tebaldo : Luciano Pavarotti
Cappellio : Nicola Zaccaria
Lorenzo : Walter Monachesi
Orchestra del Teatro Comunale di Bologna ? / Resident Orchestra of The
Hague ?
Maestro Concertatore e Direttore : Claudio Abbado
The Hague [La Haye], 30-06-1966
Melodram CD 27001
Opera d'Oro OPD-1171 (CD)
Giulietta Capuleti
: Renata Scotto
Romeo Montecchio : Giacomo Aragall
Tebaldo : Luciano Pavarotti
Cappellio : Agostino Ferrin
Lorenzo : Alfredo Giacomotti
Dir. Claudio Abbado
Montréal, Salle Wilfried Pelletier, 07-10-1967
Mizar 00L 103
Giulietta Capuleti
: Renata Scotto
Romeo Montecchio : Giacomo Aragall
Tebaldo : Luciano Pavarotti
Cappellio : Agostino Ferrin
Lorenzo : Alfredo Giacomotti
Orchestra e Coro del Teatro alla Scala
Maestro del Coro : Roberto Benaglio
Maestro Concertatore e Direttore : Claudio Abbado
Milano, Teatro alla Scala, 08-01-1968
CD HUNT 550.2
CD Arkadia CDHP 550.2
GALA 100.517
Giulietta Capuleti
: Katia Ricciarelli
Romeo Montecchio : Veriano Luchetti
Tebaldo : Giorgio Merighi
Cappellio : Francesco Signor
Lorenzo : Walter Monachesi
Orchestra e Coro del Gran Teatro La Fenice
Maestro Concertatore e Direttore : Piero Bellugi
Venezia, Gran Teatro La Fenice, 13-05-1973
LP Morgan 3 Mor 7301 (3LP)
**Les CD Mondo Musica proposent cette même soirée ou celle
du 5 mai qui existe également (voir ci-dessous), mais autant le
son des LP Morgan était bon, autant celui des CD Mondo Musica est
une catastrophe de saturation quasi permanente !
Giulietta Capuleti
: Beverly Sills
Romeo Montecchio : Janet Baker
Tebaldo : Nicolai Gedda
Cappellio : Robert Llyod
Lorenzo : Raimund Herincx
John Alldis Choir, New Philharmonia Orchestra, Direction : Giuseppe Patanè
Studios EMI, Abbey Road, 06-1975
EMI 165-02713/15 QX
Giulietta Capuleti
: Edita Gruberova
Romeo Montecchio : Agnes Baltsa
Tebaldo : Dano Raffanti
Cappellio : Gwynne Howell
Lorenzo : John Tomlinson
The Royal Opera Chorus, Chorus Master : Rainer Steubing
The Orchestra of the Royal Opera House, Covent Garden
Direction : Riccardo Muti
London, Royal Opera House Covent Garden, 03-1984
EMI 7473888 (2CD)
Giulietta Capuleti
: Lucia Aliberti
Romeo Montecchio : Anna Holroyd
Tebaldo : Ramon Vargas
Cappellio : Luigi Roni
Lorenzo : Antoine Garcin
Orchestre de l'Opéra national de Varsovie
Chef des Choeurs [du Théâtre du Casino de Vichy ?] Dominique
Trottein
Direction : Arturo Tamayo
Vichy, Théâtre du Casino, 24-07-1990
Fondation ELF JPG 17 1912 (1 CD d'extraits)
(Enregistrement officiel mais en diffusion privée et réservée
aux membres de Elf Aquitaine)
Giulietta Capuleti
: Katia Ricciarelli
Romeo Montecchio : Diana Montague
Tebaldo : Dano Raffanti
Cappellio : Marcello Lippi
Lorenzo : Antonio Salvadori
Orchestra e Coro del Gran Teatro La Fenice
Maestro del Coro : Stefano Adabbo
Maestro Concertatore e Direttore : Bruno Campanella
Venezia, Gran Teatro La Fenice, 30 Aprile - 07 Maggio 1991
Nuova Era Records 7020/21 (2CD)
Giulietta Capuleti
: Giusy Devinu
Romeo Montecchio : ???
Tebaldo : Luca Canonici
Cappellio : Giacomo Prestia
Lorenzo : Francesco Musini
Orchestra e Coro del Teatro di San Carlo di Napoli
Maestro Concertatore e Direttore : Angelo Campori
Napoli, Teatro di San Carlo, 199?
Cetra NFCD 2023 CD
Giulietta Capuleti
: Eva Mei
Romeo Montecchio : Vesselina Kasarova
Tebaldo : Ramón Vargas
Cappellio : Umberto Chiummo
Lorenzo : Simone Alberghini
Chor des Bayerischen Rundfunks - Chorus Master : Udo Mehrpohl
Münchner Rundfunkorchester
Direction : Roberto Abbado
München, Studio 1 of the Bavarian Radio, 23-30 - 06 - 1997
RCA Red Seal 09026 68899 2 (3CD)
(Rappelons que ce coffret comporte trois CD car il propose ce fameux dernier
tableau du Giulietta e Romeo de Nicola Vaccai que le caprice de
la Malibran avait substitué à l'original du pauvre Bellini.
A titre indicatif, voici la distribution de la seule intégrale
de l'opéra de Vaccai :
________________________
Giulietta e Romeo ____________________
Giulietta Capelletti
: Paula Almerares
Romeo Montecchio : Maria José Trullu
Capellio Capelletti : Dano Raffanti
Adele Capelletti : Elena Marinangeli
Tebaldo : Armando Ariostini
Lorenzo : Enrico Turco
Orchestra Filarmonica Marchigiana
Coro Lirico Marchigiano " Vincenzo Bellini "
Maestro del Coro : Alessandro Zuppardo
Maestro Concertatore e Direttore : Tiziano Severini
Jesi, Teatro Pergolesi, 4 e 6 Ottobre 1996 ).
_______________________________________________________________
Giulietta Capuleti : Hei-Kyung Hong
Romeo Montecchio : Jennifer Larmore
Tebaldo : ??
Cappellio : Raymond Aceto
Lorenzo : Robert Lloyd
Scottish Chamber Orchestra, direction : Donald Runnicles
Studio 1998
Firme ??
Enregistrements
privés
Il est évident
qu'une liste exhaustive est quasi impossible, toute production de l'opéra
pouvant devenir " enregistrement privé ", du moment qu'un
amateur ou une radio, ou le théâtre même, réalise
un enregistrement durant une représentation !...
L'intérêt de cette liste est donc de donner une idée
de qui a pu chanter l'uvre, en étonnant peut-être le
lecteur, qui pourra se montrer surpris de découvrir que tel ou
tel interprète a participé à une exécution
de I Capuleti e i Montecchi.
Un autre intérêt majeur est de signaler une interprétation
intéressante, que le disque officiel (" live " ou studio)
n'aurait pas conservée.
Giulietta Capuleti
: Beverly Sills
Romeo Montecchio : Tatiana Troyanos
Tebaldo : ?
Cappellio : ?
Lorenzo : ?
Direction : Sarah Caldwell
Boston Lyric Opera, ?-?-1975
Giulietta Capuleti
: Maria Chiara
Romeo Montecchio : Maria Luisa Nave
Tebaldo : ?
Cappellio : ?
Lorenzo : ?
Direction : Gaetano Delogù
Palermo, Teatro Massimo ? / Teatro Politeama Garibaldi ? 1976
Giulietta Capuleti
: Linda Zoghby
Romeo Montecchio : Marilyn Horne
Tebaldo : Antonio Savastano
Cappellio : Richard West
Lorenzo : Nicola Zaccaria
Dallas Civic Opera House Chorus and Orchestra
Direction : Nicola Rescigno
Dallas, Dallas Civic Opera, 22-11-1977
**Finale de la Malibran d'après Vaccai**
Giulietta Capuleti
: Olivia Stapp ? / Margherita Guglielmi ?
Romeo Montecchio : Salvatore Fisichella
Tebaldo : Umberto Grilli
Cappellio : Mario Bertolino
Lorenzo : ?
Coro del Teatro Bellini, Maestro del Coro : Rolando Maselli
Orchestra del Teatro Bellini di Catania
Maestro Concertatore e Direttore : Armando Gatto
Catania, Teatro Massimo Bellini, ?-05-1978 (6 représentations à
partir du 15)
Giulietta Capuleti
: Maria Chiara
Romeo Montecchio : Martine Dupuy
Tebaldo : Umberto Grilli
Cappellio : ?
Lorenzo : ?
Orchestra e Coro del Teatro di San Carlo di Napoli
Maestro Concertatore e Direttore : Carlo Franci
Napoli, Teatro di San Carlo, ?-?-1979
Giulietta Capuleti
: Luciana Serra
Romeo Montecchio : Martine Dupuy
Tebaldo : Dano Raffanti
Cappellio : Carlo De Bortoli
Lorenzo : Luigi De Corato
Orchestra e Coro ?
Maestro Concertatore e Direttore : Alberto Zedda
Martina Franca, Cortile di Palazzo Ducale, 24-07-1980
Giulietta Capuleti
: Lella Cuberli
Romeo Montecchio : Martine Dupuy
Tebaldo : Dano Raffanti
Cappellio : Enrico Fissore
Lorenzo : Luigi De Corato
Coro del Teatro Valli di Reggio Emilia ?
Orchestra "Arturo Toscanini" dell'Emilia-Romagna ?
Maestro Concertatore e Direttore : Alberto Zedda
Reggio nell'Emilia, Teatro Municipale Romolo Valli, 06-01-1981
Giulietta Capuleti
: Anastasia Tomaceska
Romeo Montecchio : Martine Dupuy
Tebaldo : Salvatore Fisichella
Cappellio : ?
Lorenzo : ?
Orchestra e Coro del Teatro Massimo di Palermo
Maestro Concertatore e Direttore : ? Stahl
Palermo, Teatro Politeama Garibaldi, ?-?-1982
Giulietta Capuleti
: Cecilia Gasdia
Romeo Montecchio : Agnes Baltsa
Tebaldo : Vincenzo Bello
Cappellio : Agostino Ferrin
Lorenzo : Giorgio Giorgetti
Orchestra e Coro del Maggio Musicale Fiorentino
Maestro del Coro : Roberto Gabbiani
Maestro Concertatore e Direttore : Pinkas Steinberg
Firenze, Teatro Comunale, 02-01-1982
Giulietta Capuleti
: Christine Weidinger
Romeo Montecchio : Martine Dupuy
Tebaldo : Antonio Savastano
Cappellio : Simone Alaimo
Lorenzo : ? Daniele
Orchestra e Coro ?
Maestro Concertatore e Direttore : Carlos Riazuelo
Caracas, Teatro Municipal, 31-01-1982
Giulietta Capuleti
: Cecilia Gasdia
Romeo Montecchio : Martine Dupuy
Tebaldo : Antonio Bevacqua
Cappellio : Mario Rinaudo
Lorenzo : Angelo Nosotti
Orchestra e Coro dell'Arena di Verona
Maestro Concertatore e Direttore : Janos Acs
Verona (!!!), Teatro Filarmonico, 10-04-1983
Giulietta Capuleti
: Lella Cuberli
Romeo Montecchio : Martine Dupuy
Tebaldo : Vincenzo La Scola
Cappellio : ? Dimitrov
Lorenzo : Lazlo polgar
Orchestre et Choeurs ? ...du Théâtre Royal de la Monnaie
?
Direction : John Pritchard
Bruxelles, Palais des Beaux-Arts, 14-01-1986
(également Utrecht, 12-01-1986)
Giulietta Capuleti
: Nelly Miricioiu
Romeo Montecchio : Helga Müller-Molinari
Tebaldo : Dano Raffanti
Cappellio : Carlo Cava
Lorenzo : Nino Carta
Coro del Teatro Bellini, Maestro del Coro : Rolando Maselli
Orchestra del Teatro Bellini di Catania
Maestro Concertatore e Direttore : Bruno Aprea
Catania, Teatro Bellini, 14-03-1986
Giulietta Capuleti
: June Anderson
Romeo Montecchio : Agnes Baltsa
Tebaldo : Dano Raffanti
Cappellio : Mario Rinaudo
Lorenzo : Giorgio Surjan
Orchestra e Coro del Teatro alla Scala di Milano
Maestro Concertatore e Direttore : Riccardo Muti
Milano, Teatro alla Scala, 23-04-1987
Giulietta Capuleti
: Lucia Aliberti
Romeo Montecchio : Jennifer Larmore
Tebaldo : Luca Canonici
Cappellio : ?
Lorenzo : ?
Orch. ? Choeur ?
Direction : Arturo Tamayo
Vaison La Romaine, Théâtre Romain, 17-07-1989
Giulietta Capuleti
: Mariella Devia
Romeo Montecchio : Martine Dupuy
Tebaldo : Dano Raffanti
Cappellio : Michele Pertusi
Lorenzo : Ferruccio Furlanetto
Orchestra e Coro del Teatro Comunale di Bologna
Maestro Concertatore e Direttore : Daniele Gatti
Bologna, Teatro Comunale, 27-12-1989
Giulietta Capuleti
: Mariella Devia
Romeo Montecchio : Jennifer Larmore
Tebaldo : Ramón Vargas
Cappellio : Luigi Roni
Lorenzo : Antoine Garcin
Orchestre et Choeurs ?
Direction : Arturo Tamayo
Paris, Théâtre des Champs-Élysées,15-12-1990
(Répétition générale)
Giulietta Capuleti
: Laura Claycombe
Romeo Montecchio : ?
Tebaldo : ?
Cappellio : ?
Lorenzo : ?
Choeur du Grand-Théâtre
Orchestre de la Suisse Romande
Direction : Bruno Campanella
Genêve, Grand-Théâtre, 1994?
(Fort peu de renseignements sur cet enregistrement, mais je le cite car
l'un des deux petits extraits que j'en possède propose une Giulietta
offrant un suraigu final en couronnement du 1er acte ! du jamais entendu
!)
Giulietta Capuleti
: Maureen O'Flynn
Romeo Montecchio : Monica Bacelli
Tebaldo : Luca Canonici
Cappellio : Aurio Tomicich
Lorenzo : Andrea Concetti
Orchestra e Coro del Teatro Bellini di Catania
Maestro Concertatore e Direttore : Maurizio Barbacini
Maestro del Coro : Tiziana Carlini
Catania, Teatro Massimo Bellini, 7-11-2000
Soirée enregistrée par la R.A.I. - (Radiotelevisione italiana),
transposée sur CD, et radiodiffusée le 28 avril 2001.
Autres
interprètes de l'uvre, ne figurant pas dans des catalogues
d'enregistrements privés.
Cette petite liste
-fort brève- vise à surprendre peut-être le lecteur
en indiquant que tel ou tel chanteur a interprété I Capuleti
e i Montecchi.
Rosanna Carteri, Irene
Companez et Gastone Limarilli furent Giulietta, Romeo et Tebaldo au Teatro
Bellini de Catane en 1959.
Adriana Maliponte,
Renzo Casellato et Veriano Luchetti également, toujours au Teatro
Bellini, mais en 1970. ...Petite curiosité nous révélant
que Veriano Luchetti, qui sera Romeo Montecchio au Gran Teatro La Fenice
en 1973, est donc probablement le seul ténor ayant chanté
les deux rôles. Ceci ne risque plus d'arriver, puisque l'on ne donne
plus aujourd'hui, la version " traficotée " par Claudio
Abbado, transposant Romeo Montecchio de mezzo-soprano à ténor.
* *
*
QUATRIEME ÉPOQUE
DE
LA VIE
DE
VINCENZO BELLINI
Un mal prémonitoire ?
*
Ernani, Ernani !...
*
O romantique Lac de Côme :
Une rive pour La Sonnambula, une rive pour Anna Bolena
ou
Vincenzo (Bellini) face à Gaetano (Donizetti)
*
Norma entre ombre et lumière
* *
*
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