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Un jour, une création : 11 mars 1830, recyclage à tous les étages.

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11 mars 2020
Un jour, une création : 11 mars 1830, recyclage à tous les étages.

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Cette fois, Bellini n’a pas le temps d’inventer des airs nouveaux. Tout comme son librettiste, Felice Romani, n’a pas pu faire un autre livret. Comme Bellini, après l’échec de son Zaira à Parme, s’est engagé par contrat avec Venise à faire un nouvel opéra en 7 petites semaines, il faut bien faire avec les moyens du bord. Alors Romani recycle son livret rédigé pour un autre compositeur, Vaccai, quelques années plus tôt et intitulé Giulietta e Romeo. Histoire que cela ne se voie pas trop quand même, il rebaptise le texte Giulietta Capellio. Et Bellini reprend quant à lui sans sourciller des pages entières de ce Zaira déjà oublié, mais aussi quelques mesures de son Adelson e Salvini, notamment pour le fameux air « O quante volte ». Vitesse et précipitation donc, jusqu’à la création à la Fenice d’ I Capuletti e i Montecchi, voici 190 ans, qui casse la baraque…Même si, du fait de la clôture de la saison vénitienne, l’œuvre n’est jouée que 8 fois, elle remporte en effet un vif succès. Bellini écrit peu après, non sans un soupçon de cette vanité qui constitue l’un de ses traits de caractère : « Mon style résonne à présent dans les plus grands théâtres du monde, et avec le plus grand enthousiasme ». 

Il y a bien peu de Shakespeare dans cette adaptation et pour cause : ça n’en est pas une. Le livret revient plutôt aux véritables sources de cette légende, qui est italienne et dont Skakespeare s’est lui-même inspiré pour dire le moins, vraisemblablement de la nouvelle de Bandello, au XV° siècle, et peut-être même de sources plus anciennes. Donc, ici, l’essentiel de ce qu’on connaît chez Shakespeare (le balcon, pas frère Laurent qui est ici médecin, Roméo a déjà tué un Capulet etc) a déjà eu lieu avant que l’opéra de Bellini ne commence ! Mais il y a quand même le tombeau final, le filtre de Laurent etc.

Cet extrait du finale de l’acte I, dont l’ensemble conclusif est très caractéristique des ouvrages de Bellni, a précisément été puisé dans ce Zaira oublié. On y entend un chœur de voix graves syncopé autour duquel oscille une superbe mélodie typiquement bellinienne des deux amants, puisque le rôle de Roméo est travesti et généralement chanté par un mezzo (c’est la légendaire Grisi qui a créé le rôle en 1830). Ici tiré d’une intégrale un peu oubliée qui réunissait un cast impressionnant (Beverley Sills, Janet Baker, Nicolai Gedda, Robert Lloyd…) sous la baguette d’un maestro qui était un excellent chef lyrique, Giuseppe Patanè.

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