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10 reprises de Noël qui nous foutent les boules…

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Actualité
25 décembre 2020
10 reprises de Noël qui nous foutent les boules…

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Noël, c’est la fête, les retrouvailles et la communion familiales, les repas copieux et les cadeaux. Mais pour d’autres, impatients de montrer qu’ils sont trop malins pour se laisser prendre au piège de cette joie sur commande et qu’ils ne deviendront pas les dindons de la farce de ces fêtes si commerciales, Noël, c’est plutôt l’enfer… Le Grinch qui sommeille en chacun de nous – surtout à l’issue de cette année 2020 impossible – verra son mauvais esprit comblé de joie face aux errances de nos plus grands artistes qui ont, rarement pour le meilleur, parfois pour le pire, cédé aux sirènes des chants de Noël revisités. Joyeux Noël à tous : la migraine est au pied du sapin… 


1. Roberto Alagna, Gentil Père Noël

En 2000 à Londres, en prévision d’un album de chants de Noël, Roberto Alagna enregistrait, entre deux Christmas carols de circonstance, « Gentil Père Noël », une chanson dont il signait paroles et musique, inspiré sans doute par le succès planétaire de Tino Rossi. Inspiré… ?

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2. Peter Hofmann, Adeste Fideles

Etonnante carrière que celle de Peter Hofmann. D’abord chanteur dans un groupe rock (sans formation musicale classique), il sert sept ans dans l’armée ouest-allemande et commence à prendre des cours de musique privés. Il poursuit une formation lyrique  au Conservatoire de musique de Karlsruhe et fait ses débuts en Tamino en 1972. Devenu un ténor wagnérien recherché (d’abord parce que lesdits ténors wagnériens sont toujours rares, ensuite parce que sa crinière blonde affolait les érotomanes bayreuthiens), il garda toujours un pied dans la musique populaire, interprétant Elvis Presley par exemple. A la fin des années 80, il abandonne l’opéra. Enfin, pas tout à fait puisqu’il interprète le rôle-titre de la comédie musicale Phantom of the Opera, en version allemande, qu’il chanta 300 fois à Hambourg !

 


3. Edita Gruberova, O du fröhliche

« O du fröhliche » est un chant que l’on entonne outre-Rhin au moment de Noël, une larme à l’œil. Son auteur Johannes Daniel Falk dédia cette comptine aux orphelins de l’hospice qu’il avait fondé après la mort de quatre de ses sept enfants, foudroyés par la fièvre typhoïde. Chantée par un rossignol slovaque dans sa langue maternelle, cette scie musicale est de celles avec lesquelles on aimerait débiter en tranches le tronc du sapin pour rompre au plus vite la trêve des confiseurs. 


4. Robert Merrill, Joy to the world

Robert Merrill, c’est l’un des grands barytons du siècle dernier, un pilier du Met, un infatigable laboureur des terres verdiennes qui a su tout faire tout de suite. Plus de 900 représentations à New York jusqu’à ses 58 ans en 1975, et pas un brin de fatigue. La classe américaine avec les plus grands rôles au compteur, Germont père, Rigoletto, Posa, Amonasro et j’en passe. En 1974, en pré-retraite lyrique, voilà pourtant qu’il il jette ses forces dans un disque de Noël dont le titre est un vieux chant populaire anglais qui ne se félicite pas qu’un peu de la naissance du Divin Enfant, « Hark ! The Herald Angels sing ». Dans ce disque, le baryton Merrill chante sans doute dans une citerne car même la cathédrale de Reims n’a pas une telle réverbération. Et puis il est accompagné, si l’on en croit la pochette à peine dorée au toc fin, par l’Orchestre Philharmonique Royal, dans le même halo brouillardeux propice à l’arrivée du Père Noël. On le sent très concerné, mais de loin. Comme le remarque l’internaute qui a posté cet extrait sur You Tube, on ne s’explique pas l’absence du nom du chef d’orchestre. On s’en voudrait de penser que Merrill ait pu vouloir tirer toute la couverture apportée par les Rois mages à lui… 


5. Montserrat Caballé et Montserrat Marti, White Christmas

Dans un subtil et délicat récital à deux voix intitulé « Unsere Weihnachtslieder », sorti en 1996, Montserrat et Montserrat mère et fille, ont fondu à gorges déployées sur les plus grands tubes de Noël. Le pauvre Irving Berlin et son incontournable White Christmas ne pouvait y échapper, dans une reprise légèrement moins sotto voce, mais encore plus suave, que celles de Frank Sinatra ou de Bing Crosby. Il y a plus du sucre que de fruit : en fin de soirée, sur un Sauterne, ça envoie tout le monde au lit avec une redoutable efficacité ! 


6. Jonas Kaufmann, All I want for Christmas

Immense artiste, dont le Lohengrin, le Werther, le Florestan, l’Otello ou la Belle Meunière sont de ces interprétations qui marquent à vie nos mémoires de mélomanes, Jonas Kaufmann ne saurait nous en vouloir de relever que le répertoire de Mariah Carey lui sied légèrement moins que celui de Mahler, de Wagner ou de Schubert. Un peu comme si Isabelle Huppert reprenait le rôle de Zézette dans le Père Noël est une ordure. 


7. Renata Tebaldi, O holy night

En anglais, « Minuit Chrétiens » devient « O Holy Night ». Qui mieux que la « voix d’ange » pour chanter la venue du Rédempteur ? Hélas, Renata Tebaldi, aveuglée par la lumière de Noël sans doute, confond Adolphe Adam et Giacomo Puccini tandis que l’orchestre, ivre de Champomy, enroule autour du sapin un ruban poisseux de crème au beurre. Vraiment, vous ne reprendrez pas un peu de bûche ?


8. Renée Fleming, Have yourself a Merry little Christmas

Le feu dans la cheminée, la dinde aux marrons, une bûche à la (double) crème et la voix suave de Renée Fleming :  la formule d’un réveillon presque parfait ? Oui, à condition qu’un invité surprise ne joue pas les trouble-fêtes, tel Gregory Porter dans « Have Yourself a Merry Little Christmas » une chanson de Noël interprétée pour la première fois par Judy Garland dans le film Meet Me in St. Louis, reprise par Renée Fleming en 2014 dans son album Christmas in New York. Tout fêtard en fait un jour la migraineuse expérience : à l’exemple des mélanges d’alcools, certaines associations sont vivement déconseillées si l’on veut le lendemain éviter la gueule de bois. 


9. Ivan Rebrof, Docteur Jivago

Fausse basse russe, Ivan Rebroff était un authentique chanteur lyrique allemand qui débuta dans les années 60 en Don Basilio du Barbiere di Siviglia.   Il passe à la variété par accident, au sens propre du terme : victime d’une rupture du tendon d’Achille alors qu’il interprétait Jupiter dans Orphée et Eurydice (La Belle Hélène aurait été plus indiquée), il profite de son repos forcé pour enregistrer un premier disque qui est un grand succès, notamment en France. C’est à Paris qu’il connait son premier triomphe international, avec Un violon sur le toit, à Marigny (plus de 650 représentations à Paris). S’il passe le plus clair de son temps à chanter des mélodies folkloriques russes déguisé en boyard, Ivan Rebroff a toutefois enregistré un album lyrique intéressant où Boris Godounov côtoie Philippe II et Sarastro. Ivan Rebroff fut toujours le tsar (ou le kaiser) du bon goût. Il nous le prouve avec cet extrait du Docteur Jivago, particulièrement hivernal.

 


10. Les Trois Ténors, Silent night

Champions toutes catégories du cross-over, il ne faut pas oublier que les 3 ténors ont uni leurs forces très lucratives pour soutenir la fondation créée par Carreras à la suite de sa grave maladie. Le succès planétaire rencontré après le premier concert donné à l’occasion de la coupe du monde de football en Italie en 1990 a donc conduit à multiplier les exercices, devenus bientôt une tarte à la crème insupportable pour les uns et un moyen plus facile d’accéder à la musique classique et à l’opéra pour les autres. Deux camps à peu près irréconciliables, même pour Noël. Car évidemment, les 3 ténors n’ont pas pu s’empêcher (sans doute avec l’amicale pression de leurs agents et maisons de disques) de chanter Noël ensemble ou séparément. Les voici donc en 1999 au Konzerthaus de Vienne, décoré avec des avatars de sabres laser, pour un concert avec l’orchestre symphonique de Vienne aux cordes doublées avec du sucre et le choeur d’enfants Gumpoldskirchner Spatzen, pour promouvoir leur nouvel album. En est issu de Silent night à la fois sirupeux et sépulcral, à voir la mine crispée des héros de la soirée. Le tout en 4 langues : allemand (Carreras), espagnol (Domingo), italien (Pavarotti) et anglais (les 3). Peut-on croire encore au Père Noël après ça ? 


Bonus furieusement post-moderne : Alfred Schnittke (arrang.), Stille Nacht

Petit bonus sans voix : un remix du trop célèbre Stille Nacht de Franz Xaver Gruber, passé au crible du langage fait de citations, de collages et de d’humour pince-sans-rire du compositeur russe Alfred Schnittke. C’est sans regret que l’on abandonne le cadre soporifique d’un chant de Noël trop longtemps rabâché par des chorales paroissiales de troisième catégorie pour plonger dans un univers qui anticipe Tim Burton. La mélodie est éclatée aux différents modes de jeu du violon, tandis que résonnent d’inquiétantes cloches qui tiennent plus du glas que du joyeux carillon niais sauce Messiaen. Si Noël 2020 devait être résumé en une chanson, il s’agirait sans doute de celle-ci.

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