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Anniversaire Garnier : 150 ans de merveille(s)

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Actualité
5 janvier 2025
Le Palais Garnier était inauguré le 5 janvier 1875.

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Au commencement fut un attentat.

La tentative d’assassinat, par Orsini et ses complices le 14 janvier 1858, de Napoléon III et d’Eugénie qui se rendaient à la Salle Le Peletier a deux conséquences majeures : décider l’empereur à intervenir en Italie pour aider la péninsule dans sa marche à l’unification et en finir avec cette salle supposée être provisoire et qui accueille alors depuis plus de 35 ans l’Académie impériale de musique. Etroite, propice aux attaques comme autrefois la rue Saint-Nicaise pour l’oncle du souverain, la rue Le Peletier n’est pas assez sûre pour garantir la sécurité du couple impérial. Il faut donc un autre endroit qui, par la même occasion, permettrait de donner à la capitale une salle digne du prestige que Napoléon III veut lui donner, comme une sorte de vitrine de sa propre gloire.

Un décret d’utilité publique sera donc bientôt pris et le concours d’architectes lancé à la fin de l’année 1860. C’est peut-être une compétition plus ou moins hypothétique entre crocodiles des milieux artistiques qui permettra l’émergence d’un outsider pour construire le nouveau temple lyrique. On peut en effet penser que c’est d’abord la rivalité entre Viollet-le-Duc – qui a presque achevé sa restauration de la cathédrale Notre-Dame entreprise en 1845 – et l’architecte normalement dévolu aux opéras, Rohault de Fleury, aboutira au résultat que l’on sait.

En attendant, la compétition fait rage pour trouver un projet qui puisse se loger dans l’espace très exigu que le préfet Haussmann propose de lui consacrer au milieu de ses chantiers urbains. Les projets doivent être anonymes et simplement accompagnés d’une devise. Le jury est présidé par le prince Walewski -fils naturel de Napoléon Ier et de Marie Walewska – et il doit choisir entre 171 candidats, par moins. Le vainqueur est désigné à l’unanimité et sans le moindre doute. Il se cache derrière la devise restée fameuse, en italien : « Bramo assai. Spero poco. (J’aspire à beaucoup, j’attends peu) », tirée du Tasse; et sous le numéro 38.

Surprise, l’auteur du projet a 35 ans et, bien que Premier grand prix de Rome d’architecture en 1848, n’est guère connu pour un projet d’une telle envergure. Et pourtant, ce qu’il propose, aidé d’autres architectes et d’une foule de soutiens, malgré son caractère imposant ou peut-être à cause de lui, séduit les membres du jury. Et l’on découvre ce visage de boxeur, au regard déterminé qui garde quelque chose de mélancolique, et cette fameuse tignasse bouclée. Charles Garnier.

Tout a été dit ou écrit sur la construction de ce monument unique, considéré bien au-delà de la France, comme l’un des plus beaux opéras du monde et qui est devenu l’un des symboles de la capitale. Reportez-vous pour approfondir votre connaissance de ces lieux à l’admirable ouvrage de Gérard Fontaine, « Palais Garnier, le fantasme de l’Opéra » paru voici un quart de siècle aux éditions Noésis.

Après bien des péripéties – la moindre n’ayant pas été la guerre de 1870 – et l’incendie fatal de la Salle Le Peletier, comme une sorte de symbole de l’effacement de la construction provisoire au profit de la nouvelle, le nouveau temple lyrique, dont l’achèvement est accéléré par ce drame, est inauguré voici tout juste 150 ans ce 5 janvier. Il avait été livré officiellement aux autorités à peine une semaine auparavant. Pendant toute la durée du chantier, les critiques n’avaient pas manqué, raillant tour à tour le style et l’absence de style, les choix, ce qui manquait comme ce qui était en trop, le faste et la lourdeur. Chacun connait l’anecdote selon laquelle, lors d’une première inauguration en 1867, l’impératrice Eugénie – dont on dit qu’elle aurait préféré confier le chantier à Viollet-le-Duc – avait remarqué non sans acidité : « Qu’est-ce que ce style-là ? Ce n’est pas un style !… Ce n’est ni du grec, ni du Louis XV, pas même du Louis XVI ! », ce à quoi Charles Garnier aurait répondu : « Non, ces styles-là ont fait leur temps… C’est du Napoléon III ! ».

C’est cependant un Président de la République, par ailleurs monarchiste et militaire au service de Napoléon III, qui inaugure officiellement le nouvel opéra le 5 janvier 1875. Patrice de Mac-Mahon accueille pour l’occasion un parterre considérable de têtes couronnées et d’officiels tous invités à l’événement. Tout comme l’est Charles Garnier, mais qui doit, lui, payer sa place dans une loge de deuxième catégorie pour assister à son triomphe presque comme s’il en était absent.

Au programme ce soir-là, les convives entendent l’ouverture de La Muette de Portici, les deux premiers actes de La Juive, l’ouverture de Guillaume Tell, La bénédiction des poignards des Huguenots et un ballet, La Source de Delibes. Voici la première (par l’orchestre de l’Opéra de Paris comme il se doit), comme pour nous plonger dans cette soirée, avant de nous retrouver, à notre tour, dans l’imposant temple de celui qui disait : « Il n’y a pas à choisir dans les arts. Il faut être Dieu ou architecte ».

L’inauguration du Palais Garnier, le 5 janvier 1875 (anonyme)

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