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5 questions à Marco Spotti

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Interview
27 novembre 2008

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Avec son physique de « latin lover », Marco Spotti semble mieux fait pour jouer les amoureux de service que les barbons. Et pourtant, sa voix de basse fait merveille dans le grand répertoire italien. Son nom vous est inconnu ? Normal ; ignoré des théâtres lyriques français, il faut traverser les Alpes pour avoir une chance de l’applaudir à Vérone ou à Parme dans les coulisses du festival Verdi par exemple…

Pourquoi êtes-vous absent des scènes françaises ?

Je ne sais pas. Une question d’agent sans doute… Ce n’est pas qu’il soit difficile pour un chanteur italien d’avoir des contrats en dehors de l’Italie mais tout dépend des circuits empruntés. Je travaille en Italie, en Espagne ; j’ai des contacts à New-York. Je suis jeune, ma carrière n’est pas finie. Il faut attendre un peu.

Vous chantez depuis dix ans maintenant. Comment est née votre vocation ?

D’une manière un peu particulière. Mon père était passionné d’opéra. Les premiers disques que j’ai entendus devaient être la Traviata avec Callas ou le Trouvère avec Del Monaco. L’idée de chanter m’a toujours plu sans que j’envisage d’en faire mon métier. Adolescent, j’étais attiré par le monde de la pop ; l’univers lyrique m’était étranger. Je considérais plutôt le chant comme libérateur d’un point de vue psychologique. C’est pourquoi je me suis inscrit au conservatoire, un peu par jeu, un peu pour voir jusqu’où je pouvais arriver. J’ai été surpris du résultat. Mes professeurs m’ont incité à continuer. Mais à cette époque, je n’étais plus un enfant ; j’avais besoin de gagner ma vie. Je chantais à droite à gauche dans les chœurs, ceux du Teatro Regio de Parme notamment quand, en 1997, lors d’une audition, j’ai eu la chance d’être remarqué par Carlo Bergonzi. C’est grâce à lui que j’ai pu débuter en 1998 à Parme dans Un ballo in maschera.

Avez-vous des modèles ?

Oui, quand j’étudie un nouveau rôle, il y a des chanteurs que j’écoute et auxquels je me réfère tout en essayant de garder ma propre personnalité. Siepi, Ramey, Ghiaurov sont incontournables pour une basse.

En dix années, vous chantez déjà les plus grands rôles du répertoire. Quelles cordes vous reste-t-il à ajouter à votre arc ?

C’est vrai, je chante beaucoup dans des répertoires différents, de Mozart à Tchaïkovski et Rimski-Korsakov. Avec la maturité, ma vocalité a évolué et aujourd’hui je peux dire que je me sens bien dans les rôles verdiens. Ce sont vers les plus grands d’entre eux que je me dirige. J’ai en prévision Silva d’Ernani que je n’ai pas encore interprété. Je prépare Simon Boccanegra, La forza del destino, Attila bien sûr. En dehors de Verdi, il y a quelques grandes partitions que je suis en train d’étudier comme le Faust de Gounod, le rôle de mes rêves restant Boris Godounov. Ce n’est d’ailleurs pas forcément le plus difficile, le problème vient essentiellement de la langue. Zaccaria dans Nabucco me semble plus ardu d’un point de vue technique. Philippe II par exemple est complexe mais la difficulté de « Ella giammai m’amo » réside avant tout dans l’interprétation. Parvenir à exprimer et faire ressentir l’immense solitude de l’empereur… Zaccharia n’a pas autant de nuances psychologiques mais chacun de ces airs comporte des embûches vocales, différentes d’ailleurs d’un air à l’autre, qui le rendent encore plus redoutable.

Votre type de voix vous condamne à des rôles de vieillards ou d’empêcheurs de tourner en rond. Ce n’est pas un peu frustrant à la longue ?

Au contraire, j’adore. Ca m’amuse de me grimer, de changer de visage et ne pas faire l’éternel jeune premier. Cela ne me correspondrait d’ailleurs pas. Je ne me retrouve pas dans la psychologie d’un ténor. Ce n’est pas un hasard si j’ai une voix de basse.

 

Propos recueillis par Antoine Brunetto et Christophe Rizoud,
transcrits par Christophe Rizoud

 

www.marcospotti.com

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