Formé à Paris (premiers prix de clavecin, de basse continue et de pianoforte) et à Amsterdam, influencé par des personnalités aussi diverses que Gustav Leonhardt, Christophe Rousset ou Pierre Hantaï, claveciniste demandé par Jean-Claude Malgoire, Marc Minkowski, Jean Tubéry et Emmanuel Krivine, Sébastien d’Hérin a fondé en 2003 l’Ensemble Les Nouveaux Caractères. Entre Versailles et Ambronay, le jeune orchestre, libre de toutes les conventions, a déjà eu l’occasion d’impressionner plusieurs fois le public rennais. Pour la récente Fairy Queen de Purcell, le succès est encore au rendez-vous !
Vous avez commencé une carrière de claveciniste. Est-ce que devenir chef d’orchestre était un but dès le début de vos études ?
Non, je pense que lors des études et des débuts on n’a pas tellement conscience de ce qu’on va faire. Le passage du clavecin à la direction d’orchestre s’est fait naturellement. Je ne suis même pas sûr qu’il y ait une continuité évidente entre ces deux métiers. C’est grâce à certains professeurs et maîtres à penser qu’au cours de mes études à Paris, j’ai découvert l’univers de l’opéra, qui m’était étranger. Et au bout d’un certain temps, lorsque j’avais participé à plusieurs productions en tant que « continuiste », j’ai eu envie de faire les choses différemment, avec d’autres chanteurs,… et j’ai essayé. Pas par esprit de contradiction, mais par croyance envers les choses auxquelles je tenais, je suis passé à l’acte.
Comment a débuté l’aventure des Nouveaux Caractères ?
J’ai fait beaucoup de musique de chambre, et au bout d’un moment, avec ma compagne (la soprano Caroline Mutel), on a décidé de faire un ensemble, dont l’effectif est variable, pour pouvoir interpréter le répertoire le plus large possible. Les Nouveaux Caractères existent déjà depuis presque cinq ans, mais il commence tout juste à se structurer précisément.
Les Nouveaux Caractères veulent-ils défendre en particulier un répertoire de prédilection ?
C’est difficile à expliquer. Les Nouveaux Caractères sont, comme l’indique le texte de présentation de notre site, au service de « l’opéra et des formes musicales d’inspiration théâtrale ». Si l’opéra est pour nous une priorité, il n’est pas toujours facile de participer à des productions (voilà pourquoi l’Opéra de Rennes, et la confiance de son directeur Alain Surrans, nous sont précieux). La musique française, entre la fin du XVIIème et le début du XVIIIème est aussi une priorité, car en tant que claveciniste, j’ai beaucoup exploré le répertoire de cette période, incroyablement riche. Je ne sais pas s’il y aura des limites ou si nous élargirons sans cesse notre répertoire : ce qu’a récemment fait M. Spinosi dans Véronique de Messager était loin d’être inintéressant. L’opérette est un répertoire vraiment formidable, et l’interpréter avec des cordes en boyaux et les petits effectifs des formations « baroques » est une bonne idée…
En tant que chef d’orchestre, est-ce que vous dirigez d’autres formations ?
J’ai été l’assistant de nombreux chefs d’orchestres (« baroqueux » ou non), et à cet égard j’ai connu beaucoup de formations. J’ai aussi dirigé le spectacle d’Emilie Valentin autour du Singspiel de Haydn, Philémon et Baucis, à Rouen (avec l’Orchestre Leonard de Vinci) et à Bordeaux l’année dernière.
The Fairy Queen est le deuxième opéra de Purcell que vous jouez à Rennes [après Didon et Enée en 2006]. Y’en aura-t-il un troisième ?
Pourquoi pas ? En tout cas il y aurait de quoi faire ! Peut-être pas King Arthur, qui est déjà célèbre, et qui sera joué l’année prochaine par Hervé Niquet. Par contre, plusieurs œuvres moins connues, comme Abdelazer, ou Orpheus Britannicus sont magnifiques, et mériteraient bien d’être exhumées, d’autant que l’année prochaine, nous fêterons les 350 ans de Purcell ! Mais l’année prochaine, c’est aussi l’année Haydn, et là, nous avons un projet avec l’Opéra de Rennes !
Propos recueillis par Clément Taillia