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5 questions à Sylvie Valayre

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Interview
10 novembre 2007

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Vous faites partie de ces chanteurs français qui mènent une brillante carrière internationale, mais que l’on voit peu à l’intérieur de l’Hexagone…

La meilleure réponse est, je pense, » Nemo profeta in patria » ….On ne peut absolument obliger personne à apprécier votre travail, ne croyez-vous pas ?

Vous nous revenez pour interpréter le rôle de Tosca (*), que vous connaissez bien. Parlez-nous un peu d’elle…

J’essaie toujours, dans Tosca de rapprocher deux  »Floria » : celle de Sardou et celle de Giacosa et Illica, les librettistes de Puccini… On a trop tendance à interpréter Tosca comme une diva bien installée, un genre de matrone romaine mûre et posée, alors qu’il s’agit d’une jeune bergère [eh oui!], amoureuse et passionnée, jalouse a l’extrême comme seule une jeune femme peu sure d’elle peut l’être, et qui, a peine quelques années avant le début de l’action, gardait ses chèvres dans les collines de Vérone (cela vers 1796, puisque la « folle journée » de Tosca se déroule au moment de la bataille de Marengo. entre le 14 et le 15 juin 1800) !

Tosca est une jeune fille dont la culture se limite aux prières qu’on lui a enseignées dès son plus jeune âge, aux avertissements de son confesseur sur les dangers de la Révolution et de son amant voltairien, et à la musique lyrique et sacrée, puisqu’on sait qu’elle chante Nina (Pazza per Amore) et également la Cantate pour la  »Victoire de Marengo » (vite changée en défaite pour la reine Marie-Caroline de Bourbon, comme nous l’apprend La Tosca de Victorien Sardou). Si l’on se réfère une nouvelle fois à ce que dit la pièce de Sardou, son apprentissage est très récent. Je pense qu’elle a en conséquence un vernis de bonne éducation qui lui permet d’évoluer a la Cour mais qui s’écaille des qu’elle est confrontée a des situations sortant de l’ordinaire…et l’affrontement avec Scarpia en est une! Le langage de Tosca, chez Sardou n’a rien de très élégant et raffiné. L’influence de la pièce sur l’opéra est considérable, n’oublions pas que Puccini a voulu écrire Tosca en voyant Sarah Bernhardt dans l’œuvre de Sardou. Tosca, pour moi, doit donc être pleine de jeunesse, de spontanéité et même de naïveté. Elle n’a pas été éduquée à la Cour, elle ne doit pas connaître l’existence de Machiavel (sûrement l’auteur préféré de Scarpia !). Elle ne peut pas cacher ses sentiments ….c’est pourquoi Scarpia réussit à la prendre dans ses rets….

On vous connaît dans Puccini, et dans Verdi. Mais on sait moins que vous avez chanté, par exemple, Leonore de Fidelio ! Avez-vous des projets avec le répertoire allemand ?

J’ai également interprété la Salomé de Strauss dans 6 ou 7 productions différentes, Chrysothemis d’Elektra sous la direction du Maestro Daniel Barenboim, et l’Impératrice de La Femme sans Ombre sous la baguette du Maestro Thielemann… Je suis donc déjà assez familiarisée avec les héroïnes straussiennes. Il me reste encore à découvrir les héroïnes de Wagner, et je le ferai avec beaucoup d’enthousiasme et de bonheur !

Vous êtes également une interprète régulière des Nuits d’Eté de Berlioz ; d’autres projets, dans le domaine du Lied ou de la mélodie ?

J’adore chanter lieder et mélodies, mais la vérité est que lorsque l’on pense à Sylvie Valayre, on préfère lui offrir Lady Macbeth, Abigaille, Tosca ou Turandot que les Rückert-Lieder de Gustav Mahler ! Les chanteurs sont rangés par casiers : opéra, lieder, oratorio… Et dans le casier Opéra, d’autres casiers encore… !
Sortir d’un casier est difficile, mais se dédoubler pour appartenir à 2 ou 3 casiers l’est encore davantage ! Par bonheur, je suis très têtue et je chante avec autant de joie l’opéra, que les Vier letzte Lieder de Strauss, ou le Requiem de Verdi, … En fait, je crois tout simplement que je n’aime pas les étiquettes, et que j’essaie de chanter ce qui me plait !

Pour finir, pouvez-vous nous faire part de vos projets ?

Il y aura Nabucco à Berlin, Turandot à Tel-Aviv et en Amérique Latine, ainsi que des projets aux Etats-Unis : Tosca et Nabucco et une grande tournée avec die Vier letzte Lieder et la 9ème Symphonie de Beethoven. Et bien entendu, toujours ma bien-aimée Lady Macbeth, que vous pouvez retrouver dans la production de Liliana Cavani à Parme sur DVD aux côtés de Leo Nucci dans le rôle de Macbeth ! Je me consacrerai aussi à l’étude et à l’enseignement qui est un travail absolument fascinant !

 

Propos recueillis par Clément Taillia

www.sylvievalayre.com

 

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