Né à Rimini, sur la côte adriatique de l’Italie, Mirco Palazzi interprètera le rôle d’Assur dans Semiramide donnée en version de concert à l’Opéra de Marseille du 18 au 27 octobre. Présent dans plusieurs éditions du Rossini Opéra Festival depuis 2007 il a chanté dans le monde entier, de Dallas a Tokyo, dans toute l’Italie, mais aussi en Espagne, en Belgique et à Monte-Carlo. Prise de rôle, débuts en France, cela méritait quelques questions.
Vous allez arriver à Marseille pour chanter Assur. Comment est né votre rapport à Rossini ?
Chanter Assur, j’en ai toujours rêvé, comme je rêvais de chanter Maometto II. Ce dernier rêve, j’ai pu l’accomplir l’an dernier, et maintenant, finalement, après quatorze ans de carrière je vais pouvoir exaucer aussi celui de chanter Assur ! Disons que mon rapport avec Rossini a toujours été immédiat, d’une certaine façon, parce que j’ai étudié au Conservatoire Rossini de Pesaro, donc au contact d’une réalité très proche de Rossini, aussi bien par les lieux que par les événements musicaux qui se déroulent à Pesaro. J’ai appris à aimer Rossini précisément au Conservatoire avec mon maître le ténor Robleto Merolla, qui, sans être un chanteur rossinien, connaissait bien des répertoires variés et savait discerner les qualités personnelles de chaque voix particulière, et la conduire sur la bonne voie. Une autre personne qui m’a définitivement attaché au monde rossinien fut Samuel Ramey : ses enregistrements audio et vidéo m’ont vraiment foudroyé, ont ancré en moi un amour définitif pour Rossini et m’ont ouvert des horizons. Et pourtant je n’ai pas encore eu le plaisir de le rencontrer et de le connaître ! Ensuite, quand je suis entré dans la carrière, une autre personne, une basse très importante m’a aidé à améliorer ma voix, cette fois en direct, c’est Bonaldo Giaiotti, à qui j’adresse mes remerciements du fond du cœur. Et parmi mes collègues, l’un d’eux m’a aidé à faire jaillir l’étincelle pour comprendre comment réussir les agilités de la bonne manière, il s’agit du ténor Antonino Siragusa, qui dans ce domaine est excellent… A propos d’Assur, il me revient qu’à l’examen final au Conservatoire, c’est justement son air que j’ai chanté !
Vous avez toujours voulu être chanteur d’opéra ?
Non. Mon père joue de l’accordéon par plaisir et aime la musique, et quand j’ai eu sept ans il m’y a initié en me faisant étudier le piano. Le désir de devenir chanteur, je ne l’ai jamais ressenti durant mon enfance, ni plus grand, car je n’avais aucune idée de ce que pouvait être un chanteur d’opéra ! Mais sur mes quinze ans, j’ai suivi un cours de chant choral et le professeur me dit qu’à son avis j’avais une voix de basse naturelle qu’il trouvait très belle et que je pourrais étudier le chant lyrique. L’idée m’a plu aussitôt, j’étais enthousiaste, parce que chanter pour moi était tout de suite facile, naturel, agréable, amusant, tout autre chose que mon apprentissage du piano ! Ainsi j’ai commencé d’abord à chanter dans le chœur tout en prenant quelques leçons en privé, ce qui me permit de pouvoir entrer, à dix-huit ans, au Conservatoire de Pesaro dans la classe de Robleto Merolla, d’où ensuite tout a démarré… Aujourd’hui encore je regrette d’avoir abandonné l’étude du piano, après onze ans de durs efforts, et de n’avoir pas complété le cycle… Mais évidemment je devais suivre une voie différente !
Avez-vous un répertoire de prédilection ?
Clairement le répertoire belcantiste, et d’abord Rossini, mais j’aime beaucoup aussi Mozart ! J’ai la chance que mes caractéristiques vocales correspondent à mes goûts musicaux, et de fait j’ai l’honneur de chanter une musique que j’adore. Ce que j’aime dans le répertoire rossinien et belcantiste en général, c’est la possibilité qu’il offre d’ajuster le rôle à ta voix, par les variations, les altérations, les ornements, cela permet de faire sienne cette musique, et on ne l’en aime que davantage !
Si vous rencontriez un bon Génie, que lui demanderiez-vous ?
Il y a tant de choses que je voudrais lui demander, pour aujourd’hui, et pour demain, je veux dire l’avenir… Mais puisque je chante je lui demanderais de m’accorder de pouvoir être toujours en bonne santé et de continuer à pratiquer cet art merveilleux en ayant auprès de moi les personnes que j’aime. Malheureusement souvent je suis contraint d’être séparé de ma fille Elena, de ma femme Rafaella, (elle aussi chanteuse), de ma famille et de mes amis. C’est pourquoi je demanderais au bon Génie de trouver une solution conciliant les deux choses ! Dans cette carrière la solitude est une compagne inévitable, parfois agréable mais d’autres fois terrible au point d’anéantir une grande partie du plaisir que cette carrière peut nous donner…
Comment prenez-vous soin de votre voix ?
Pour être au mieux de ses possibilités vocales il faut d’abord une étude sérieuse et une préparation soignée, c’est fondamental, mais aussi importants sont une alimentation équilibrée, de l’exercice physique et tout le repos nécessaire. Les soins du corps aident à la tranquillité d’âme, elle aussi fondamentale.