En matière d’opéra, les Rouennais ont toujours eu la réputation d’être des connaisseurs. Tellement même que le public d’autrefois avait coutume de jeter des billets de doléances sur la scène ! C’est pendant la Révolution française que le nom Théâtre des Arts fut adopté. Ressuscitée sur un nouveau site en 1962 après bien des péripéties, la salle actuelle fait partie des fleurons de la reconstruction d’une ville mutilée par la Seconde Guerre Mondiale.
Entre grands titres du répertoire lyrique, redécouvertes, créations audacieuses et opéra participatif (une spécificité dont il n’est pas peu fier), l’Opéra de Rouen s’est fixé pour objectif de satisfaire un large public de passionnés ou de curieux. L’une de ses priorités : former les spectateurs de demain à un art noble, exigeant et ouvert sur tous les domaines artistiques à travers de nombreuses actions culturelles et pédagogiques. Concerts symphoniques, musique de chambre et danse contemporaine avec des compagnies invitées côtoient les opéras. Depuis 2010, quatre chanteurs lyriques en résidence pour deux ans sont intégrés sur auditions. Chaque saison 45 à 50 spectacles différents sont présentés.
En février 2016, dans la Chapelle Corneille, rue Bourg l’Abbé, on attend l’ouverture d’un auditorium d’une capacité de 600 à 700 spectateurs. Il s’agit d’un édifice baroque dont la première pierre a été posée en 1615 par Marie de Médicis. Classé monument historique, ce lieu magique, à l’acoustique prometteuse, a fait l’objet de gigantesques travaux de restauration et de réaménagement. La programmation, en partie confiée à l’opéra de Rouen, sera dédiée à la musique de chambre et à la musique vocale.
Histoire : Installé dans un jeu de paume, le premier vrai « théâtre » rouennais date du milieu du XVIIIe siècle ; il s’appelle La Comédie et l’on y présente surtout de l’opéra bouffe. En 1776, sur un terrain situé entre la rue Grand-Pont et la rue des Charrettes, une nouvelle salle magnifique avec une scène très spacieuse, nommée Théâtre de Rouen, est inaugurée par une représentation du Cid de Pierre Corneille. On y joue les œuvres des grands noms de la littérature française : Molière, Racine, Voltaire… Parmi les illustres interprètes féminines entendues sur cette scène, on peut citer Mademoiselle Clairon et particulièrement la Dugazon qui a laissé son nom à un tempérament lyrique en même temps espiègle et décidé… Après s’être appelé Théâtre de la Montagne pendant la révolution, c’est en 1793 (9 thermidor An II) que l’institution adopte son nom définitif de Théâtre des Arts. Suit une période difficile qui se prolonge durant l’Empire et la Restauration. Deux visites de Napoléon sont restées dans les annales. D’abord alors qu’il était encore premier consul en 1802 avec Joséphine, puis en 1810 accompagné de l’impératrice Marie-Louise. Naturellement, il convient d’y célébrer l’enfant du pays, le compositeur François-Adrien Boieldieu (1775-1834). À partir de 1799, nombre de ses ouvrages, dont beaucoup sont tombés dans l’oubli, sont représentés. Notons en 1826, la représentation triomphale de La Dame blanche qui valut au compositeur d’entendre jouer son ouverture sous les fenêtres de son domicile. Parmi les célébrités lyriques qui se sont produites à Rouen au XIXe siècle, on note la fameuse soprano Cornélie Falcon et le ténor Léonce Poultier. À partir de 1832, avec Otello, Guillaume Tell (1833) et Sémiramis (1841), le grand opéra de Rossini supplante ses opéras comiques. Hélas, en 1876, avant la représentation de Hamlet d’Ambroise Thomas, un grave incendie se déclare. Il fait de très nombreuses victimes parmi les choristes et les figurants qui se sont précipités par la fenêtre pour échapper aux flammes. Sur les ruines, un beau bâtiment neuf est reconstruit. Il sera à son tour partiellement détruit au moment de la prise de la ville par l’armée allemande le 9 juin 1940. Néanmoins, à partir de 1941, les représentations se poursuivent au cirque — aujourd’hui démoli — de la place du Boulingrin.
La ville sinistrée décide rapidement la démolition définitive du Théâtre des Arts (dont les fauteuils avaient déjà été vendus à l’encan en 1942) pour reconstruire une salle moderne au bas de la rue Jeanne d’Arc. Les premiers travaux sont interrompus en 1954 à cause de réductions de crédits. Ils ne reprendront qu’en 1958, une fois le projet modifié ; l’inauguration aura enfin lieu le 11 décembre 1962.
En 2006 la cage de scène a été entièrement rénovée, électrifiée, et informatisée. En 2013, le bâtiment est mis aux normes techniques et de nouveaux fauteuils sont installés, plus confortables pour les spectateurs.
Adresse : 7 rue du Docteur Rambert – 76000 Rouen
Statut : Établissement Public de Coopération Culturelle (EPCC)
Site Web : www.operaderouen.fr
Année de construction : 1962
Architecte : Jean Maillard, Robert Levasseur et Pierre Sonrel
Style architectural : XXe siècle
Répertoire de prédilection : Du baroque au contemporain. Dans le passé, présence importante de Wagner (la première tournée française de « Lohengrin » en 1891 commence par Rouen avec 25 dates). Voir aussi la Tétralogie ci-dessous dans l’article créations)
Activités pédagogiques
- Depuis 6 ans, programmation d’un opéra « participatif » chaque saison.
- Depuis 2 ans, programmation annuelle d’un Quizz symphonique (concert symphonique interactif).
- Visites du théâtre
- Répétitions publiques
- Interventions en classe
- Préparation et formation des enseignants
- Ateliers de pratique artistique
Activités culturelles
- Cycle de conférences
- Programmation d’un cycle de films au cinéma d’art et d’essai OMNIA République
- Répétitions publiques
- Expositions dans les salons
- Family parties
- Tous à l’opéra
- Journées du patrimoine
- Orchestres en fête
- Ateliers de pratique artistique
Première œuvre dramatique représentée : Le Cid de Corneille (29 juin 1776)
Créations marquantes depuis la réouverture en 1962 :
- Tétralogie de Richard Wagner (1969, pas une création mais événement)
- Ulysse de Luigi Dallapiccola (1971)
- Silent screams, difficult dreams, d’Eugenius Knapik, mise en scène et livret Jan Fabre (1992, création mondiale)
- Wozzeck de Manfred Gurlitt (1997, création française, avec le baryton Vincent Le Texier)
- L’Amour coupable de Thierry Pécou, livret d’Eugène Green (2010, création mondiale)
- L’Homme qui s’efface de Pascal Charpentier, livret Frédéric Roels (2011, création mondiale)
- Red Waters de Keren Ann et Barði Jóhannsson (2011, création mondiale)
- Lolo Ferrari de Michel Fourgon, livret de Frédéric Roels (2013, création mondiale)
- Contes de la lune vague après la pluie de Xavier Dayer, livret d’Alain Perroux (2015, création mondiale)
Meilleures places : Au milieu, que ce soit à l’orchestre, en corbeille ou au 1er ou 2e balcon
Acoustique : Bonne, voire excellente
Tarifs 2014 -2015 :
- Pleins tarifs entre 21 et 68 euros.
- Nombreuses formules d’abonnement, en particulier :
- entrée + 27 euros par mois pendant 12 mois avec accès à tous les spectacles
- abonnement libre à partir de 3 spectacles au choix ; réductions de 20 à 40% suivant les formules d’abonnement.
- Sur tous les spectacles :
- places à 5 euros pour les étudiants 15 minutes avant le spectacle.
- places à 10 euros pour tous, avec un quota limité.
Anecdote : En 1969 une Tétralogie est montée au Théâtre des Arts (qui ne s’appelle pas encore Opéra de Rouen Haute-Normandie). C’est un immense succès. Dans L’Express, Sylvie de Nussac loue la production et parle de « Bayreuth sur Seine » (le metteur en scène officiait d’ailleurs aussi à Bayreuth). Sauf erreur, ce serait la première Tétralogie en France depuis la fin de la 2e Guerre mondiale.
Vestiaire : Très pratique. Accueil dès l’entrée avec un personnel aimable et efficace.
À l’entracte : Le Théâtre ouvre ses portes une heure avant le début du spectacle ; la salle une demi-heure avant. Au foyer public le bar du théâtre, géré en interne, propose tous types de boissons et une petite restauration.
Un gâteau a été spécialement inventé pour l’Opéra de Rouen par un pâtissier professeur à l’Institut National de la Boulangerie Pâtisserie. Il est nommé Cavatine et on le trouve uniquement à l’Opéra de Rouen les soirs de spectacle. Un must pour les mélomanes gourmands.
Le bémol : les toilettes en nombre insuffisant avec leurs inévitable files d’attente.
Les dièses : La vaste esplanade aménagée devant l’entrée principale. La terrasse qui communique avec le foyer. L’acoustique de la salle, son confort depuis la rénovation et l’amabilité de l’accueil.
Accessibilité : L’accès est facile et aidé pour personnes à mobilité réduite. Des séances en audio description pour les aveugles sont disponibles pour certaines productions lyriques.
Comment se rendre à Rouen sans voiture :
- Liaisons ferroviaires régulières Paris – Rouen / Lille – Amiens – Rouen / Dieppe – Rouen).
- Liaison routière Evreux – Rouen.
- Liaison TGV Marseille – Lyon – Rouen – Le Havre.
- Aéroports les plus proches : Paris, Beauvais ou Deauville.
Transports conseillés sur place :
- Réseau Métrobus ou TEOR, station Théâtre des Arts.
- Nombreuses autres lignes de bus.
Boutique : Non
Où dîner a proximité ? Quelques suggestions : Gastronomie : – Gill, 8 et 9 quai de la Bourse (2 étoiles au Michelin) – Origine, Place Cauchoise (1 étoile au Michelin)- La Couronne, Place du Vieux-Marché (plus vieille auberge de France) Autre : – Brasserie Paul, Place de la Cathédrale + Nombreux restaurants à proximité.
Où dormir à proximité ? Les hôtels suivants sont en plein centre et très proches du Théâtre des Arts
- Hôtel 4 étoiles : Hôtel de Bourghteroulde, place de la Pucelle
- Hôtel 3 étoiles : Hôtel Mercure, Angle rue St Nicolas, et Rue Croix de Fer, près de la Cathédrale
- Best Western Hotel du Vieux Marche, 15 Rue de la Pie
- Hôtel de la Cathédrale, 12 Rue Saint-Romain