Débutant, amateur, expert : testez en dix questions votre connaissance de l’opéra. Pour chaque question, laquelle des cinq affirmations est fausse ? Notez vos réponses, puis dirigez-vous à la fin du quiz et calculez votre score en ajoutant ou retranchant le nombre de points correspondant à chacune de vos réponses.
1. L’Orfeo, favola in musica :
- doit à Vincent d’Indy sa résurrection moderne à Paris en 1904
- fut représenté la première fois en 1607 au Palazzo ducale de Mantoue
- est le premier opéra composé par Claudio Monteverdi
- eut pour premier interprète du rôle-titre, le soprano-castrato Francesco Rasi
- fait déjà usage du leitmotiv
2. Alcina :
- voit l’amour de Ruggiero pour Alcina contrarié par son épouse, la noble Bradamante
- a pour air célèbre « Tornami a vagheggiar » interprété à l’origine par Alcina mais confié parfois à sa sœur, Morgana
- fut créée la même année qu’Ariodante, en 1735, mais remporta plus de succès
- est une adaptation du livret de L’Isola d’Alcina, un opéra de Riccardo Broschi,
- eut pour interprète du rôle de Ruggiero le ténor Fritz Wunderlich
3. Platée :
- compte Renée Fleming parmi les plus illustres interprètes du rôle de La Folie
- fait de Rameau le précurseur d’Offenbach
- fut mise en scène par Robert Carsen en 1999 à l’Opéra national de Paris
- fut créée en 1745 à Versailles mais n’y fut représentée qu’une seule fois
- a pour héroïne une nymphe batracienne interprétée par un homme
4. Cosi fan tutte :
- compte six rôles dont un baryton (Guglielmo) et une basse (Don Alfonso)
- forme avec Don Giovanni et Le nozze di Figaro, le dernier volet de ce qu’on appelle la trilogie Mozart / da Ponte
- se déroule en Italie
- offre trois airs au ténor, dont l’un d’entre eux « Ah , lo veggio » est souvent supprimé
- n’était pas une œuvre appréciée de Richard Wagner
5. Otello de Rossini :
- a la même ouverture que Il turco in Italia
- est le 19e opéra de Rossini
- s’inspire, comme celui de Verdi, du drame de Shakespeare
- comporte un trio de ténors
- fut enregistré pour la première fois en studio en 1978 avec José Carreras dans le rôle-titre
6. Rigoletto :
- connut un triomphe dès sa première représentation en 1851 à Venise
- compte, parmi ses airs les plus célèbres, la fameuse « donna è mobile », interprétée au dernier acte par le rôle-titre
- devait s’intituler initialement La maledizione
- n’est pas un opéra drôle
- a été interprété sur scène plus de 500 fois par le baryton Leo Nucci
7. Die Walküre :
- est la deuxième journée du festival scénique Der Ring des Nibelungen (qui en comporte quatre)
- désigne Brünnhilde, la fille préférée du dieu Wotan
- comporte trois actes dont le dernier s’ouvre sur une des pages les plus célèbres de Wagner, La Chevauchée des Walkyries
- est le volet le plus populaire de la Tétralogie wagnérienne
- réunit pour la seule fois de l’histoire en 1936 à San Francisco Kirsten Flagstad et Lotte Lehmann
8. La Dame de pique :
- attendit 1972 pour être représentée dans sa langue originale à New York
- est basée, comme Eugène Onéguine, sur un texte de Pouchkine
- désigne l’une des trois cartes censées apporter la richesse à Herman, le héros de l’histoire
- cite un air de Richard cœur de Lion, un opéra de Grétry
- s’inspire de Carmen de Bizet
9. Le roi Arthus :
- est un drame lyrique en trois actes d’Ernest Chausson
- a été créé à Bruxelles en 1900, un an après la mort du compositeur
- n’a jamais été représenté sur la scène de l’Opéra de Paris
- a pour modèle Tristan und Isolde de Richard Wagner
- contient trois duos entre les amants illicites, Lancelot et Genièvre (un par acte)
10. Turandot :
- est un opéra inachevé de Giacomo Puccini, complété par Franco Alfano
- fut dirigé la première fois à Milan par Arturo Toscanini en présence de Mussolini
- ne fut chanté sur scène par Maria Callas qu’au tout début de sa carrière
- fut pourvu d’une fin nouvelle en 2002 par Luciano Berio
- nécessite d’attendre le deuxième acte pour entendre la voix de son héroïne
Vous totalisez un nombre de points :
- inférieur à 0 : niveau débutant. Ni inquiétude, ni complexe à avoir : une lecture quotidienne de Forum Opéra devrait vous permettre de passer rapidement au niveau supérieur.
- compris en 0 et 15 : niveau amateur. Pas mal, il vous reste une marche de progrès mais il faut reconnaître que la plupart des questions sont tirées par les cheveux.
- compris entre 16 et 30 : niveau expert. Votre connaissance de l’art lyrique, assortie d’une vigilance a toute épreuve, vous a permis de déjouer presque tous les pièges. Bravo !
- égal à 30 points : tricheur !
Question 1 – a) 0 ; b) -3 ; c) -2 ; d) +3 ; e) -1
Si L’Orfeo est le premier opéra composé par Claudio Monteverdi, le second étant Arianna en 1608, s’il répond à une demande du duc Vincenzo Gonzague pour être représenté dans son palais de Mantoue en ouverture du carnaval de l’année 1607, s’il disparut effectivement de l’affiche du milieu du XVIIe siècle pour ne reparaître qu’au début du XXe sous une forme abrégée due à Vincent d’Indy, si sa modernité d’écriture est telle qu’il anticipe l’usage du leitmotiv dont Wagner fera son fonds de commerce 250 ans plus tard, s’il eut lors de sa création Francesco Rasi pour interprète du rôle-titre, ce dernier n’était pas castrat mais ténor.
Question 2 – a) -3 ; b) +3 ; c) -1 ; d) 0 ; e) -2
Si Alcina fut effectivement créée trois mois après Ariodante en avril 1735 avec un succès supérieur, si le livret, adapté de celui de L’Isola d’Alcina, un opéra de Riccardo Broschi représenté à Rome sept ans plus tôt, relate les sortilèges mis en œuvre par la magicienne Alcina pour séduire l’époux de Bradamante, le preux Ruggiero, si l’interprétation de ce dernier, destiné à l’origine au castrat Carestini, fut confié en 1959 au ténor Fritz Wunderlich, selon l’usage qui prévalait à l’époque, si « Tornami a vagheggiar » est un de des fleurons de la partition, cet air fut destiné à l’origine non pas à Alcina mais à Morgana. Haendel en modifia lui-même la destination lors de la reprise de 1736, vraisemblablement parce qu’il estimait ne pas disposer d’une interprète suffisamment douée pour le chanter correctement.
Question 3 – a) +0 ; b) -1 ; c) +3 ; d) -2 ; e) -3
Si Platée fut effectivement représentée à Versailles une première et seule fois en 1745 à l’occasion du mariage du Dauphin Louis avant d’être reprise quatre années plus tard à Paris, si le rôle-titre – une nymphe batracienne – est écrit pour une voix de ténor aigüe (haute-contre), si La Folie fut interprétée à New York en 1988 par rien moins que Renée Fleming, si la nature comique et satirique de ce ballet bouffon en fait l’ancêtre du genre opéra-bouffe popularisé par Offenbach, la version proposée par l’Opéra national de Paris en 1999 n’était pas signée Robert Carsen mais Laurent Pelly.
Question 4 – a) +3 ; b) -3 ; c) -2 ; d) -1; e) 0
Si Cosi fan tutte, créé en 1790 à Vienne, est bien le dernier des trois opéras résultant de la collaboration entre Wolfgang Amadeus Mozart et Lorenzo da Ponte, si le livret raconte un chassé-croisé amoureux entre deux dames de Ferrare et leurs amants, si Richard Wagner en méprisait la musique, s’il comporte effectivement six rôles, dont trois masculins avec, parmi eux, un seul ténor pourvu de trois airs, Guglielmo, souvent confié à un baryton, chante dans tous les ensembles la ligne inférieure, ce qui semble indiquer que sa tessiture, au contraire d’une certaine tradition, devrait être plus grave que celle de Don Alfonso.
Question 5 – a) -1 ; b) -2 ; c) -3 ; d) +3 ; e) 0
Si Otello de Rossini, représenté pour la première fois en 1816 à Naples, est bien le 19e opéra d’un jeune compositeur de 24 ans, si pour l’occasion Rossini reprit l’ouverture du Turco in Italia, créé deux ans auparavant à Milan, si son livret s’inspire comme celui de Verdi – bien que différemment – du drame de Shakespeare, s’il dut attendre l’année 1978 pour faire l’objet d’un enregistrement en studio avec José Carreras dans le rôle-titre, s’il exige six ténors dont trois de haute volée auxquels il offre plusieurs duos, il ne leur réserve en revanche aucun trio. C’est dans Armida, créée un an après toujours à Naples, que l’on trouve cette particularité.
Question 6 – a) -1 ; b) +3 ; c) 0 ; d) -3 ; e) -2
Si Rigoletto, d’abord élaboré sur un scénario intitulé La maledizione, ne trouva son nom définitif qu’après un certain nombre de tractations avec la censure, s’il s’agit d’un opéra éminemment tragique, contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser, s’il fut accueilli triomphalement par le public – mais pas par la critique –, si le rôle-titre a été interprété plus de 500 fois sur scène par Leo Nucci (qui le reprendra de nouveau à Liège dans quelques semaines), le baryton n’a en revanche jamais chanté « La donna è mobile », l’air au troisième acte étant confié au ténor, le Duc de Mantoue.
Question 7 – a) +3 ; b) -2 ; c) -3 ; d) -1 ; e) 0
Si elle est l’épisode le plus populaire de Der Ring des Nibelungen, ne serait-ce qu’en raison de la fameuse Chevauchée qui ouvre son troisième et dernier acte, si la Walkyrie du titre est effectivement Brünnhilde, la fille préférée du dieu Wotan, si l’œuvre permit la réunion unique et historique des deux sopranos légendaires, Kirsten Flagstad et Lotte Lehmann, en 1936 à San Francisco, Die Walküre n’est pas la deuxième journée du cycle mais la première, Siegfried et Gotterdämmerung en formant la deuxième et la troisième, Das Rheingold n’en étant que le prologue.
Question 8 – a) 0 ; b) -3 ; c) +3 ; d) -2 ; e) -1
Si La Dame de pique est basée comme Eugène Oneguine, sur un texte de Pouchkine, si elle puise son inspiration musicale à de nombreuses sources – Carmen de Bizet avec le chœur des enfants au premier acte, Richard cœur de Lion de Grétry, chanté avec nostalgie par la Comtesse au 2e acte –, si elle ne connut pas un succès immédiat en dehors de Russie, attendant même l’année 1972 pour être représentée à New York dans sa langue originale, le titre de l’œuvre ne désigne pas la martingale gagnante soutirée par Herman à la Comtesse (trois, sept, as) mais l’ultime carte qui causera sa perte.
Question 9 – a) -3 ; b) +3 ; c) -2 ; d) -1 ; e) 0
S’il est le seul drame lyrique d’Ernest Chausson, compositeur français décédé tragiquement en 1899 d’un accident de bicyclette, s’il est résolument wagnérien (ou plutôt, comme l’écrit Marie-Hélène Benoit-Otis, « emblématique de la relation complexe qu’entretiennent les compositeurs français de la fin du XIXe siècle avec l’écrasant modèle de Wagner »), s’il a été créé à Bruxelles après la mort de Chausson, s’il devra attendre le mois de juin prochain pour être enfin représentée sur la scène de l’Opéra de Paris, s’il comprend effectivement trois actes avec dans chacun d’eux un duo entre Lancelot et Genièvre, si la parenté entre Tristan et Lancelot ainsi qu’entre Isolde et Genièvre coule de source (tout comme celle entre Marke et Arthus, Melot et Mordred, Lyonnel et Kurwenal), Le Roi Arthus n’a pas été créé en 1900 mais 1903.
Question 10 – a) -3 ; b) +3 ; c) 0 ; d) -1 ; e) -2
Si Turandot demeure inachevée, Giacomo Puccini étant mort sans avoir eu le temps d’écrire le duo final, si la partition fut complétée par Franco Alfano puis près de 80 ans plus tard par Luciano Berio, si le rôle-titre apparaît au premier acte mais ne chante qu’au deuxième, si Maria Callas ne l’interpréta qu’en 1948 à Rome, Venise et Vérone pour ne jamais y revenir (sauf au disque), si l’opéra fut dirigé la première fois en 1926 à Milan par Arturo Toscanini, Mussolini n’était pas présent dans la salle pour la simple et bonne raison que le chef d’orchestre avait une nouvelle fois refusé de jouer l’hymne fasciste en début de représentation.