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Questionnaire de Proust : Pumeza Matshikiza

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Interview
4 février 2015

Infos sur l’œuvre

Détails

La nouvelle découverte du label Decca s’appelle Pumeza Matshikiza, un nom difficile à retenir mais une voix que l’on n’est pas prêt d’oublier tant est grand l’effort déployé pour la faire connaître. Le conte est de fée. Née dans un township à la fin des années 1970, Pumeza a vécu, de son propre aveu,  les derniers soubresauts sanglants de l’Apartheid. Sa mère chante en amateur dans les chœurs de l’Eglise adventiste. En cherchant bien, la famille compte un musicien et compositeur de de jazz, Todd Matshikiza, dont le fils John fut acteur, directeur de théâtre et journaliste. On ne devient pas artiste par hasard.

Plus tard, Pumeza étudie sans enthousiasme les mathématiques  à l’Université de Cape Town, à côté du Collège Sud-Africain de Musique. Elle entend les élèves jouer du piano, chanter et se dit « Si seulement je pouvais être là ! ». Un jour, elle franchit le pas et s’inscrit. Les débuts sont difficiles,  Pumeza  doit apprendre à 21 ans ce qu’un enfant de 6 ans est censé déjà savoir. En visite à Londres avec un groupe de chanteurs sud-africains, elle est remarquée par son compatriote, le compositeur Kevin Volans  qui lui obtient une audition au Collège Royal de musique à Londres. Après l’avoir entendue chanter, le philanthrope et amateur d’opéra, Peter Moores, accepte de prendre en charge ses frais de scolarité.

Présentée par le responsable des études vocales du collège, Neil Mackie, comme « la soprano la plus prometteuse des dix prochaines années », elle obtient son diplôme en 2007. Elle rejoint l’atelier des jeunes chanteurs du Royal Opera House, découvre la scène avec des petits rôles comme le page dans Don Carlo, participe à des masterclasses et emporte le premier prix du concours de chant Veronica Dunne à Dublin en 2010. Un contrat de trois ans avec l’Opéra de Stuttgart façonne son répertoire : Nanetta (Falstaff), Annchen (Der Freischutz), Susanna (Le nozze di Figaro), Zerlina (Don Giovanni), Pamina (Die Zauberflöte). Une étape clé vient d’être franchie cette saison avec le rôle de Mimi dans une nouvelle production de La Bohème et une tournée aux côtés de Rolando Villazón, de Zlín en République tchèque à Hanovre en passant par Paris le 22 octobre dernier.

C’est cette histoire que veut raconter son premier récital discographique, intitulé Voice of Hope (voix de l’espoir) et lancé à grands renforts de marketing. L’opéra tente de s’y frayer un chemin au milieu de chants traditionnels sud-africains. Quatre pistes sur quinze, c’est peu mais c’est assez pour se faire un embryon d’idée. Sans préjuger de son effet en salle, le travail des ingénieurs du son Decca étant toujours remarquable, la voix possède effectivement un grain intéressant, une personnalité qui lui est propre et la rend attachante. Un léger vibrato irise le chant sans déformer la ligne. L’accent est modeste mais les airs choisis n’exigent pas de hausser le ton. Passe inévitablement l’ombre de Leontyne Price, l’une de ses héroïnes (cf. questionnaire ci-dessous) y compris dans la manière un peu datée de chanter Mozart. En attendant de l’entendre dans un répertoire plus ambitieux, faisons mieux connaissance.

La qualité que vous préférez chez un ténor ?

Le son italien à l’ancienne 

Celle que vous appréciez chez une soprano ?

La capacité à chanter d’une voix égale d’un bout à l’autre de sa tessiture

Votre principal défaut ?

Trop critique envers moi-même

Votre occupation favorite (à part chanter bien sûr)

Lire, faire de très longues promenades à pied, aller au Spa et la méditation

Votre idée du bonheur

Passer du temps avec les gens dont j’apprécie la compagnie

Quel serait votre plus grand malheur ?

Vivre selon selon les attentes des autres

Votre truc contre le stress ?

La méditation

Le chanteur avec lequel vous voudriez chanter ?

Difficile de choisir… Je ne veux blesser personne :-))))

Où aimeriez-vous chanter ?

Dans des endroits où les gens ne connaissent pas trop l’opéra

Votre opéra préféré

Don Carlo de Verdi, entre autres

Votre héros dans la vraie vie ?

Steve Biko (ndlr : militant noir d’Afrique du Sud et une des figures de la lutte anti-apartheid, né en 1946 et mort en prison en 1977, officiellement des suites d’une grève de la faim), Nelson Mandela, Simone de Beauvoir, Martin Kenyon (ndlr : joueur américain de basket-ball né en 1977), Leontyne Price, ma grand-mère

La chanson que vous sifflez sous la douche

« Fly me to the moon »

Quel personnage à l’opéra vous semble le plus détestable ?

La Reine de la nuit

Avec qui aimeriez-vous être coincé dans un ascenseur ?

La personne qui partage ma vie

Votre boisson favorite ?

Le Bordeaux rouge

Votre devise

Demain est un autre jour…

 

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