Cinq questions à Jochen Schönleber… et des réponses qui lui ressemblent : l’intendant et directeur artistique du festival Rossini in Wildbad est un homme pressé, qui va droit à l’essentiel.
Comment est né le festival Rossini in Wildbad, que vous dirigez ?
Il est né pour sauver notre petit théâtre, (réouverture avec Dame Joan Sutherland comme marraine en 2005, avec Alberto Zedda au pupitre). Personne ne croyait qu’une activité culturelle intense et profonde pût avoir lieu au cœur de la Forêt Noire (les « Sombres forêts »….) et une association privée voulait relever le défi. Et nous avons réussi ! Désormais nous avons le petit théâtre (Königliches Kurtheater), le grand théâtre (Trinkhalle) le Kurhaus Jugendstil pour les concerts, le Forum König-Karls-Bad pour de merveilleuses soirées de musique de chambre…et un festival qui fonctionne !
Vous venez de célébrer le 25e anniversaire de cette manifestation. Pouvez-vous faire un bilan de ce quart de siècle ?
Après des débuts très difficiles le festival a fait de grands progrès à partir de 1992, quand j’en ai pris la direction. J’ai choisi de présenter des ouvrages musicaux de bel canto peu ou pas connus, et de les proposer sur des enregistrements CD avec de jeunes artistes exceptionnels, mais aussi de la musique contemporaine, Stockhausen, Rihm, Kagel, Kurtàg, Schnebel, Lachenmann…Avec ces propositions, grâce aux transmissions radiophoniques, notre réputation a crû très rapidement. La collaboration avec NAXOS nous a valu l’attention des chanteurs. Ils sont nombreux à vouloir faire de bons enregistrements audio, chose devenue désormais quasiment impossible…
Avez-vous des regrets ? Des choses que vous feriez autrement ?
Il y a quelques années, un milliardaire est venu et m’a demandé à brûle-pourpoint ce qu’il pouvait faire pour nous. Construire un théâtre ? Je suis trop modeste. J’ai dit que ce serait gentil de nous aider un peu. Je me suis peut-être trompé de réponse…
Pourriez-vous définir votre approche de metteur en scène ? Dogmatique ou pragmatique ?
Avec les moyens limités de Wildbad, on n’a pas d’autre choix que d’être pragmatique, mais pour parler en général je dirai que chaque opéra a sa propre solution, ce qui à mon avis s’oppose au dogmatisme. De toute façon l’opéra comme musée dit « de tradition » comme en Italie n’a pas d’avenir. Les structures abstraites de Rossini doivent être remplies de vie et d’êtres humains, non de fictions décoratives. La mise en scène n’est pas un art décoratif.
Que peut-on vous souhaiter ?
Ah, quelle demande ! Plein de bonnes choses… Sûrement la santé et la joie de tenter l’impossible…
Le prochain Rossini in Wildbad, Belcanto Opera Festival aura lieu du 10 au 27 juillet prochains (plus d’informations)