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Cinq questions à Elza van den Heever

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Interview
11 avril 2011

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Née à Johannesburg, membre de l’Opéra de Francfort depuis trois saisons, Elza van den Heever se range dans la catégorie des chanteuses qui brûlent les planches : un soprano puissamment lyrique qui s’enflamme au contact de la scène. C’est dire les espoirs que l’on met en sa Leonora dans Il Trovatore à Bordeaux du 15 au 29 avril1 puis à Paris2 début mai. En attendant l’incendie, cinq questions pour prendre la température.
   

 

Leonora, un personnage à votre image?

 

Plus ou moins ! Je pense que notre principal point commun est d’être capable de tout sacrifier pour la personne que nous aimons. Leonora est déterminée, très courageuse et audacieuse. Il y a de la force en elle. Je veux penser que je serai capable de la représenter ainsi : forte et confiante. J’ai besoin de me sentir proche d’un personnage pour bien l’interpréter. Pour moi, jouer est aussi important que chanter. Je ne le fais bien que si je comprends la personne derrière le rôle. C’est pourquoi j’aime la période des répétitions, avant le spectacle lui-même.

 

Leonora représente-t-elle d’après vous le crépuscule du Bel Canto ?

 

Oui, le rôle est indéniablement belcantiste, ce qui signifie que l’interprète a besoin d’une voix homogène sur toute la longueur, d’une très grande agilité et d’un timbre chaud. Leonora est un rôle extrêmement exigeant avec un ambitus large ; il faut chanter aussi bien piano que forte. Lignes longues… Passages rapides… Je trouve la partition très excitante. Le passage qui me stimule le plus est le duo entre le Comte et Leonora. Et puis les airs bien sûr sont divins.

 

Vous interprétez aussi bien des rôles du répertoire italien que français ou allemand. Laquelle de ces trois langues préférez-vous chanter ?

 

L’italien sans aucune hésitation. A cause des voyelles nettes et ouvertes et des consonnes roulées et prononcées. Cela dit, j’aime aussi beaucoup chanter en allemand, le plus difficile restant le français que malheureusement je ne pratique pas tant que ça. Verdi est le compositeur que je préfère. Depuis que je chante, j’ai toujours apprécié mes rencontres, même brèves, avec lui. Elisabetta dans Don Carlo est d’ailleurs mon rôle favori. Je pense que Leonora arrive juste après.

 

On a l’impression que vous pouvez chanter tout ce que vous voulez…

 

A ce stade de ma carrière, compte tenu de mon âge et de ma voix, oui, j’ai la chance d’être en mesure de chanter beaucoup de rôles différents. J’aime ainsi pouvoir me confronter à tous les répertoires. Aussi longtemps que je conserverai une voix légère et flexible, je chanterai Haendel et Mozart. Jusqu’à l’âge de la retraite, j’espère !

 

Sur scène, on est frappé par l’intensité de votre présence. Quel est votre secret ?

 

Je pense que c’est dans mon tempérament. Je sens profondément les choses et je ne considère rien comme acquis. Cela exige beaucoup de sérieux mais s’avère payant sur scène. J’aime me consumer dans un rôle, jouer, pleurer, rire, respirer avec le personnage. Je ne pense pas avoir de secret. Je me donne juste complètement à la musique et le reste suit.

 

Propos recueillis et traduits de l’anglais par Christophe Rizoud le 28 mars 2011

 

 

1 En alternance avec Leah Crocetto. Plus d’informations sur www.opera-bordeaux.com

2 Théâtre des Champs Elysées le 3 mai 2011. Plus d’informations sur www.theatrechampselysees.fr

Elza van den Heever © Dario Acosta

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